New York, juste un rêve

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Image de couverture de New York, juste un rêve

Chapitre 8 - 1

J'ai pris le premier taxi qui passait dans la rue pour rejoindre la villa de Daryl. J'ai comme une impression de déjà-vu lorsque je franchis l'entrée de sa propriété. Moi, remontée à bloc à cause de Daryl, qui arrive chez lui comme une furie pour régler mes comptes ! La vie est un éternel recommencement...! Pour une fois que tout se passait bien avec Mathilde, que rien ne venait gâcher notre bonheur. C'était trop beau pour être vrai !!! Sur la terrasse, il règne un silence inhabituel. On entend simplement le ronronnement du moteur de la piscine, accompagné des frémissements de la faune nocturne.
Dans l'allée, j'aperçois une voiture de course jaune et un van noir, garés un peu à l'arrache, derrière celle de Daryl. De toute évidence il a de la visite et... Cette voiture me dit quelque chose...
Je fais quelques enjambées vers la porte d'entrée. Je suis certain que Mathilde est ici ! Soudainement, j'entends des bruits à l'intérieur. Une voix masculine inconnue, clairement agressive, et des bruits de verres qui s'écrasent au sol. Le son se rapproche de plus en plus de moi ! Prise de panique, je cherche un endroit où me cacher !! Rapidement, je me faufile derrière un pilier, à l'abri de la lumière. Mon sang tape dans mes tempes comme si j'avais couru un 100 mètres.

(Dans quoi suis-je encore allée me fourrer ?!)

La porte de la villa s'ouvre avec fracas ! Elle heurte la paroi et la lumière m'éblouit un instant. Je discerne deux silhouettes qui en sortent.

Daryl :
"Tu n'as pas à débarquer chez moi ! C'est vos histoires ! Je fais plus partie de tout ça !"
??? :
"La ferme Daryl ! T'as peut-être tourné la tête au Padre, mais moi je ne te fais pas confiance..."

Mon cœur explose dans lorsque je vois la silhouette de Mathilde fondre sur le sale type, depuis l'intérieur. Ma respiration s'accélère, je ne sais pas quoi faire... Toutes ces années d'entraînement, de maîtrise de soi, de gestion de la peur, pour se retrouver impuissante... Un instant, je veux appeler la police, mais je me ravise. Ma bad girl est loin d'être parfaite, en plus je ne vais pas pouvoir alerter les secours sans risquer d’être découverte !!! En plus de ça, je ne sais pas combien il reste de ces types à l'intérieur...

Gangster :
"Argh...!!!"

Le type se redresse, le visage déformé par la haine. Il fait creuser les os de sa nuque et fixe Mathilde, les poings serrés. Il est petit, mais c'est une boule de nerfs sous tension. Manque de chance, trois autres types, deux fois plus larges que le premier, sortent de la maison et attrapent les bras de Mathilde pour l'immobiliser.
Le premier balance un coup de poing dans le ventre de Mathilde ; je la vois expulser de l'air et grimacer en encaissant le coup.

Miss Mystère :
« (Mathilde !!!) »
Gangster :
"C'est ça que tu veux, gringo ?"

Daryl attrape le bras du gangster pour le stopper.

Daryl :
"Arrête...! Ne fais pas ça..."
Gangster :
"Lâché-moi, payaso ! Tu sais quoi... Je crois que ta hermana, elle veut faire un petit tour avec nous !"

Il balance Daryl en arrière. Celui-ci s'écroule sur le bitume, en jurant. Lorsque sa tête percute le sol, tout près de ma cachette, ses yeux viennent trouver les miens...

Gangster :
"Qu'est-ce que tu regardes ?"

Le type avance dangereusement vers Daryl, encore étendu au sol... S'il s'avance trop, il va me voir... Je fixe Daryl, terrorisée, avant de le voir manger d'expression.

Daryl :
"Rien... J'me disais que... Mec !!! Vu d'ici... t'as vraiment une sale gueule !! Ta mère s'est tapé quoi, au juste ? Un orang-outan ?"

Le type stoppe net, les molosses se figent. Sans doute sont-ils en train de se dire que Daryl doit être à moitié fou pour parler à leur chef comme ça... J'ai très bien compris que Daryl cherche à dévier l'attention de moi, quitte à prendre des coups... Je reconnais que Daryl ne manque pas de courage pour me protéger... Après quelques secondes, le type pousse un rire forcé, gras et moqueur. Le genre qui vous glace le sang... Il fait une un sourire affreux a à Daryl, avant de se retourner vers Mathilde pour lui asséner un deuxième coup de poing ! Je vois son beau visage se déformer de souffrance.

Miss Mystère :
« (Non !!! Mathilde...!!!) »

Puis le chef fais signe à ses deux gorilles de le suivre, ignorant les mises en garde de Daryl. Sous nos regards impuissants, ils embarquent sans ménagement Mathilde, qui semble avoir perdu la force de se défendre, pour la jeter dans le van... Le gangster monte dans le bolide jaune, un sourire carnassier sur les lèvres, avant de démarrer en trombe ! Le funeste cortège part sur les chapeaux de roues, un gigantesque nuage de fumée derrière eux. Ni une ni deux je sors de ma cachette, complètement paniquée. Mes larmes commencent à couler, pendant que je cours désespérément à la poursuite des voitures qui sont déjà à plusieurs dizaines de mètres.

Daryl :
"Miss Mystère qu'est-ce tu fous ici ?! RENTRE CHEZ TOI, BORDEL !!"

Des flammes dansent dans ses yeux, pendant qu'il se précipite en direction de sa voiture.

Miss Mystère :
"Daryl !!! Qu'est-ce tu fais ?! Il faut qu'on appelle la police !!!
Daryl :
"C'est ça ! Et le temps que les poulets se ramènent, ma sœur sera morte !!"

Sans me démonter, je cours à sa poursuite et j'ouvre la porte-passager du bolide, pour me jeter à l'intérieur. Daryl me fixe une fraction de seconde.

Miss Mystère :
"Qu'est-ce que tu fous ?! Tu veux ma photo ?! Démarre !!!"
Daryl :
"Putain...!! T'es pas possible !"

Il souffle lourdement, en hochant la tête de gauche à droite, avant de démarrer en trombe. Je dois m'accrocher au siège pour tenir en place. La voiture fait une espèce de dérapage circulaire, me balançant sans ménagement contre la vitre.

Miss Mystère :
"Daryyyyyyyyyyyl !!!!"
Daryl :
"T'as voulu venir ? Alors maintenant, accroche-toi !!!"

Daryl se concentre sur sa conduite, la mâchoire serrée et les mains crispées sur son volant qu'il manie avec dextérité ! Il dépasse la grille de la propriété dans un nuage de fumée. Je manque de crier lorsqu'il sort de la rue en trombe, en coupant la route à une petite citadine.

Miss Mystère :
"Hiiiiiii !!! Tu vas nous tuer !!!"

Il ne défait pas son attention de la route, le regard animé d'une fureur que je ne lui connaissais pas. Son habituelle désinvolture a déserté son visage. En quelques secondes il passe énergiquement les vitesses supérieures et le moteur grogne comme une bête surexcitée. Le taureau est lâché ! Je crois que mes ongles vont finir incrustés dans le cuir du siège, s'il continue à cette allure !!!

Je peine à garder les yeux ouverts, j'ai l'impression de vivre les dernières secondes de mon existence. Bientôt, nous discernons la voiture jaune et le van au bout de l'avenue. Mon cœur s'accélère, j'ai tellement peur qu'ils fassent du mal à Mathilde !!

Miss Mystère :
"Daryl, ils sont là !!"

Manque de chance, nous arrivons au niveau d'un feu rouge à vive allume, mais Daryl ne ralentit pas pour autant. Je sais déjà qu'il va griller ce feu, je le lis dans ses yeux. Et si nous voulons rattraper les voyous, nous n'avons pas le choix... Il appuie sur la pédale d'accélération à fond et je me retrouve aspirée en arrière ! La force de poussée est telle que j'en grimace. Il me lance un coup d'œil où je lis quelque chose qui n'a rien à voir avec de l'inconscience ou de l'insouciance. Bien au contraire. C'est le regard de celui qui veut sauver une personne qui compte énormément pour lui.Peu importe les risques. Mon cœur se serre et je pousse un cri strident comme si ça allait me servir à quelque chose !!! Grâce à la maîtrise hallucinante de Daryl, ou par la plus incroyable des coïncidences, nous filons à travers les voitures qui arrivent sur notre droite, sur notre gauche... Elles me paraissent venir de tous les côtés ! Je relâche l'air que j'avais gardé dans ma poitrine, mais le soulagement est de courte durée ! Il accélère de plus belle sur la ligne droite dégagée qui s'offre maintenant à nous.

(Pour une raison que j'ignore j'ai envie de crier ! Je me suis pris un shoot d'adrénaline comme jamais !)

La prise de risque de Daryl nous a rapprochés des gangsters ! Ils ne sont plus maintenant qu'à quelques centaines de mètres !!

Miss Mystère :
"Wow !!! Alors là, Daryl ! C'est de la maîtrise...!!"

Je crois que mes paroles me rassurent moi-même. Daryl me jette un bref coup d'œil, comme s'il ne se sentait pas spécialement fier. Pourtant je ne crois pas aux miracles. Je n'ai jamais vu personne conduire comme ça...

Daryl :
"Je vais le défoncer, cet enfoiré."

Il lance un coup d'œil à son rétro, avant de déboîter sur la gauche, ce qui me propulse contre son épaule.

Daryl :
"Putain... Elle n’aurait jamais dû s'interposer !! Elle le sait, bordel !"

(Je rêve ! Il ne va quand même pas accuser Mathilde !)

Miss Mystère :
"Non, mais je rêve...! C'est ta faut si elle est dans ce van !!! Parce que tu la mises en danger avec tes petits trafics !!"

Je suis ballottée de gauche et de droite pendant qu'il évite des voitures. J'arrive péniblement à articuler mes mots.

Daryl :
"Tu crois que je peux faire la causette ?!"
Miss Mystère :
"C'est sûr !!! Maintenant faut assumer tes conneries ! Et tu nous mets tous en danger !!"

Il fait rouler ses yeux avant de jurer.

Daryl :
"Putain mais lâche-moi avec ça...!!"

Nous devons rouler à quelque comme 180 kilomètres/heure, en pleine ville, et nous slalomons entre les voitures.

Daryl :
"Quand est-ce que tu comprendras que j'ai raccroché ?! Je fais plus partie de ça mais... ils ne le voient pas tous d'un bon œil, ok ?!"

Il se concentre sur la route, les bras tendus sur le volant. L'émotion, l'angoisse de ma Mathilde malmenée dans ce van glauque... les sanglots m'étouffent...

Daryl :
"C'est juste de l'intimidation..."
Miss Mystère :
"Tu crois...?"

Le regard son regard est sombre, profond. Il expulse un peu d'air et me répond d'un ton presque monocorde.

Daryl :
"S'ils voulaient la tuer, ils l'auraient déjà fait."

Il a sifflé ça entre ses dents serrées. Je le fixe, hallucinée.

Miss Mystère :
"Wow génial ! Merci Daryl !! Voilà qui me rassurer !!"

Je souffle et étouffe un cri lorsqu’il se rabat rapidement pour éviter des voitures qui arrivent en sens inverse !

Miss Mystère :
"MAIS T'ES TARE, BORDEL !!!"

Il donne un violent coup de volant de l'autre côté et je me cogne à la portière en jurant.

Daryl :
"J'voudrais me concentrer, alors mets-la vielleuse !!"

Intérieurement, je me promets de lui mettre la baffe du siècle si nous nous en sortons tout vivants ! Pour le moment, je m'agrippe au siège et je subis la conduite suicidaire de Daryl en serrant les dents... Nous arrivons enfin à hauteur ! Étrangement, la voiture de course jaune commence à ralentir... La vitre teintée côté passager descend lentement, laissant échapper les basses d'un agressif aux paroles explicites. Daryl descend sa vitre lentement, prudemment. Je cherche à me pencher en avant pour voir la scène, mais Daryl m'oblige à me coller au dossier d'un geste sec. L'image me revient désormais, limpide. Il s'agit du même gangster que le fameux soir où Daryl s'était fait passer pour Mathilde. Pour couvrir le bruit des moteurs et de la musique, Daryl hurle à travers la fenêtre.

Daryl :
"LAISSE-LA PARTIR !!"

En guise de réponse le type fait vrombir son moteur, faisant mine de démarrer. Il doit se sentir surpuissant en cet instant...

Daryl :
"J'AI UN ARRANGEMENT AVEC TON PÈRE, TU LA TOUCHES, TU AURAS DE GROS PROBLÈMES !!"

Il est franchement impressionnant... Je ne connaissais pas cet aspect-là de lui. Je dois dire qu'à la place du gangster je ferais amende honorable. Tout de suite.

Daryl :
"TOUT ÇA C'EST ENTRE TON PÈRE ET MOI ! RENDS-MOI MA SOEUR !!"

De toute évidence, ce sale type n'est pas assez intelligent pour comprendre les mises en garde de Daryl, et son égo est bien trop développé pour nous faciliter la tâche ! Je ferme les yeux et prononce des paroles complètement incompréhensibles, inquiète de la suite des événements...Rien dans tout ceci ne laisse présager un dénouement heureux...

Gangster :
"TU VEUX REVOIR TA HERMANA ? GAGNE LA COURSE, LOCO !"

(Hein ?! QUOI ?! Une course ?!)

Le gangster remonte sa vitre et s'avance doucement vers le feu.

Miss Mystère :
"On va vraiment faire ça...? Une course...?"
Daryl :
"T'as mieux à proposer ?"

Je reste bouche bée ne sachant pas quoi répondre.

Daryl :
"Dépêche-toi de proposer autre chose, parce qu'une fois qu'ils l'auront embarqué dans leur quartier, je ne pourrai plus rien faire..."
Miss Mystère :
"Oui !! Appeler cette foutue police, comme toute personne sensée le ferait !!!"
Daryl :
"Ouais, c'est bien ce que je pensais..."

Je le regarde le cœur battant. Il m'énerve ! Mathilde ne serait pas dans ce van, je jure que je pourrais étriper son frère de frère de mes mains !!

Daryl :
"Accroche-toi, parce qu'on a une course à gagner."

J'inspire forcément... J'ai la trouille de ma vie...

Daryl :
"Bienvenue dans mon monde..."

Son regard n'a rien de fier. J'y lis une profonde tristesse. Puis, rapidement, comme s'il réalisait qu'il montre un signe de faiblesse, il dévie son regard sur le feu et se concentrer sur son démarrage. Tout à coup, je suis rejetée en arrière ! Je m'accroche à Daryl en enfouissant ma tête contre son bras. Comme dans les manèges, je préfère fermer les yeux ! Je déteste cette sensation ; j'ai l'impression que ma poitrine est comprimée et que je vais manquer d'air. Je suffoque. Mes cris deviennent des gémissements pitoyables...

Miss Mystère :
"Daaaaaryyyyl !"

Je hurle désespérément. Comme si ça pouvait servir à quelque chose...!! Je crois que mes ongles s'incrustent dans la peau de Daryl à travers le tissu ! Je vois défiler les lumières à toute allure ! Rapidement elles se transforment en longs filaments psychédéliques qui dansent autour de nous.

Daryl :
"Tu vas pas aimer, princesse."

La voix de Daryl a regagné en assurance. Comme s'il était à nouveau dans son élément, en pleine maîtrise de la situation.

Miss Mystère :
"Quoi...? Qu'est-ce..."

Le temps que je réagisse, Daryl déboîte rapidement et vient se positionner derrière deux camions de food truck qui roulent en parallèle. Devant nous, un mince couloir. Derrière nous, le gangster qui nous colle aux fesses !

Miss Mystère :
"Daryl... Me dis pas que..."

Si !! Daryl donne un dernier coup d'oeil dans son rétro et fait un signe de la main à son poursuivant, avant de s'insérer dans ce couloir. Je déteste ça... Cette sensation d'être prise en sandwich entre deux mastodontes... Le bruit du moteur est couvert par celui de ces deux monstres. Je ferme les yeux et me colle à Daryl pour contrôler l'angoisse qui monte en moi. Je déteste me sentir enfermée et prisonnière... Lorsque je parviens à ouvrir les yeux à nouveau, je ne vois plus la voiture jaune devant nous.

Miss Mystère :
"Il est où ? Il est où ?! Derrière ?"
Daryl :
"Oh ouais. Et maintenant cet enfoiré va me rendre mon frère."

Il donne quelques coups d'œil dans ses rétros comme pour s'assurer qu'il garde son avance. Avant que je puisse articuler une réponse, Daryl, lancé à grande vitesse, donne un grand de volant pour éviter une voiture. Il dérape dans un crissement de pneus insupportables !!

Daryl :
"La course est finie."

Silencieuse, je vois passe la voiture du gangster. Il fait un signe de la main aux sbires qui conduisent le van derrière lui.

Miss Mystère :
"Daryl ! T'as réussi ! Ils vont la relâcher !"
Daryl :
"Attends..."

Comment est-ce qu'il peut rester calme à ce point ?! Dépitée, je regarde passer le van devant nous. La scène est lugubre. Surréaliste.

Miss Mystère :
"Daryl !! Fais quelque chose !! Ne reste pas planté là ! Tu vois bien qu’ils ne s’arrêtent pas !!!"

Je fulmine dans la voiture ! Si je pouvais je le pousserais au-dehors et je prendrais les commandes pour me lancer à leur poursuite. Mais Daryl reste calme.

Daryl :
"Patience..."

Il a l'air sûr de lui. Quelque chose a changé son regard, il est confiant.

Daryl :
"Il s'est engagé, il a donné sa parole. Il ne peut pas se parjurer devant ses hommes..."
Miss Mystère :
"Oui, enfin... Il t'a juste lancé un défi... Faire la course... C'est pas non plus..."

La suite de ma phrase s'étouffe dans mes lèvres lorsque je réalise que je le van vient de ralentir avant le virage. La porte arrière s'ouvre et le corps de Mathilde est brutalement éjecté sur la route !

Miss Mystère :
"MATHILDE !!!"

Je vais pour ouvrir la portière, complètement anéantie par l'horreur de la scène, mais Daryl me retient ferment.

Daryl :
"Reste dans la voiture."

Je le fixe un instant. Son calme et sa détermination ont raison de moi... J'ai du mal à réaliser tout ce qu'il vient de se passer. Je me sens sonné je ne cesse de fixer Mathilde qui se tord de douleur sur le bitume. Je joins mes mains tremblantes contre mes lèvres. Je retiens ma respiration.

Daryl :
"Je vais aller la chercher. Tu restes ici. Tu restes ici. Tu ne sors de la voiture sous aucun prétexte, c'est compris ?"

Il sort de la voiture après m'avoir lancé un dernier regard. Ma respiration est saccadée, mes yeux implorants. Lorsqu'il referme la porte, le calme m'envahit. Un calme complètement discordant avec ce qu'il se passe juste dehors. Je le regarde courir vers sa sœur. Mon cœur se serre. Une boule se forme dans ma gorge et menace d'exploser...

Miss Mystère :
"C'est pas vrai... C'est pas vrai..."

Tout en me répétant à moi-même que ça va aller, j'attends patiemment que le frère et la sœur reviennent à la voiture. Daryl passe une main autour de la taille de Mathilde et pose son bras sur épaules. Ma pauvre femme semble bien amochée... La voir ainsi me tord les tripes.

Chaque seconde qui passe est un supplice. J'ai terriblement peur que ces types reviennent. Que tout ceci ne soit qu'un piège. Sinon pourquoi Daryl m’aurait-il ordonné de rester à l'écart ? Après d'interminables minutes, le frère et la sœur arrivent enfin à ma hauteur. Daryl me fait signe d'ouvrir ma portière. Je suis tellement choquée que je mets quelques secondes à percuter ! Mes mains maladroites trouvent difficilement la poignée.

Daryl :
"Viens m'aider."

Lorsque je sors de la voiture, mon corps semble vidé de toute énergie. Je dois me tenir un instant à la voiture pour reprendre mes esprits. Mathilde garde la tête penchée vers le sol mais, pendant un bref instant, je croise son regard et elle détourne les yeux pour gémir de souffrance. C'est un spectacle insupportable que de se sentir impuissante devant sa douleur. Si je le pouvais, je lui prendrais, pour ne plus la voir souffrir...

Miss Mystère :
"Mon dieu, Mathilde..."
Daryl :
"Aide-moi à l'installer."

Tout en soutenant sa sœur, il me fait un signe vers la portière. Je me précipite pour l'ouvrir en grand.

Daryl :
"T'as un loquet sur le côté pour baisser le siège. Appuie dessus."

Les mains tremblantes, je trouve difficilement le bouton et appuie dessus en manquant d'assurance. Le dossier d'abaisse brutalement avec un craquement bizarre. Je sens Daryl souffler derrière moi.

Daryl :
"Tout doux avec ma caisse..."
Miss Mystère :
"Je fais ce que je peux, OK ?! Et puis, qu'est-ce qu'on s'en fiche de ta caisse, Daryl !! Au cas où tu nel'aurais pas remarqué la soirée a été rude !!!"

Il lève les yeux au ciel comme si je l'agaçais profondément et me fait signe de lui laisser la place pour passer. Il s'avance pour venir allonger doucement sa sœur sur le siège passager. C'est étrange, mais j'ai le sentiment que ces deux-là ont déjà vécu des moments semblables... Ma belle pousse un faible gémissement lorsque son corps s'écrase sur le siège. Daryl lui murmure quelque chose puis il s'adresse à nous deux.

Daryl :
"Miss Mystère, tu vas monter et te faufiler comme tu peux sur ses genoux ? Mathilde, ça va aller ?"

Je suis toute tremblante et choquée, alors que Daryl gère la situation avec un calme olympien et une douce autorité. C'est assez déroutant... Mais rassurant à la fois.

Mathilde :
"Ouais... Je crois."

Elle me fait signe d'approcher. Je ne sais pas trop comment m'y prendre pour m'installer là-dedans sans appuyer sur une de ses blessures. Je passe le plus doucement possible mes jambes dans la voiture puis, tout en me soutenant, je m'assieds lentement à côté d'elle, dans le tout petit espace qui reste entre le siège et la portière. `

Mathilde :
"Argh..."

Elle pose un petit râle étouffé lorsque mes hanches touchent, malgré moi, son flanc.

Miss Mystère :
"T'es sûr que ça va aller comme ça ?!"
Mathilde :
"Humphfff... Ouais... t'inquiètes pas."

Je sens mon corps qui se tend malgré ses paroles rassurantes.

Miss Mystère :
"Daryl ! C'est pas bon, ça lui fait trop mal ! Il faut trouver une autre solution !"

Je fais mine de me reculer pour sortir mais Mathilde attrape ma main dans la sienne pour me retenir.

Mathilde :
"Non. Je veux... que tu restes. S'il te plaît."

Je fonds littéralement devant ses petits yeux noisette implorants. Je la fixe un instant et je suis heureuse, peut-être égoïstement, de retrouver le contact de ses bras, de respirer son odeur... C'est comme retrouver mon oxygène. Je n'ai pas envie de partir d'ici.

Daryl :
"Ok, attention. Je ferme."

Il referme la porte doucement. Un bref instant le calme envahit l'habitable. Mon visage n'est qu'à quelques centimètres de celui de Mathilde. Il n'y a que nos regards échangés et tout un dialogue silencieux. Mon corps se détend maintenant que je la sens en sécurité. Mathilde n'a pas lâché ma main. Elle l'a posée sur sa cuisse. Je la vois fermer les yeux, en penchant la tête en arrière, et inspirer lourdement.

Miss Mystère :
"Qu'est-ce qu'il s'est passé ? Pourquoi ils s'en sont pris à toi ?"
Mathilde :
"J'ai pas supporté qu'ils s'en prennent à Daryl... Je suppose qu'ils ont pas aimé."

(Evidement... Elle et son besoin viscéral de protéger son frère...)

Mathilde :
"Quand j'irai mieux... faudra qu'on ait une conversation toi et moi... Je t'avais demandé de rester avec Colin..."

Daryl ouvre la portière côté conducteur et jette quelques coups d'œil autour de lui avant de se glisser dans l'habitacle avec nous.

Miss Mystère :
"Ouais, eh bien tu apprendras que je fais rarement ce qu'on me demande si j'en ai pas envie."

Elle me regarde tendrement. Je lis une douce capitulation dans son regard mais je sens que je ne vais pas m'en sortir si facilement... Comme pour me venir en aide, Daryl nous fixe un instant. Je ne saurais dire s'il est agacé ou moqueur.

Daryl :
"Alors vous deux... Vous faites bien la paire..."

Je le fixe et je me demande comment il peut avoir le culot de nous engueuler, alors que tout ça c'est de sa faute !

Miss Mystère :
"Je crois pas que tu sois en mesure de te foutre de nous ce soir, Daryl..."

Daryl me regarde un instant, comme s'il allait dire quelque chose, puis fixe sa sœur souffrante et se ravise.

Daryl :
"On rentre chez moi. On va te soigner. Et par pitié... évitez de vous bécoter à côté de moi !"

Mathilde lâche un petit rire moqueur, ce qui ne manque pas de la faire grincer.

Miss Mystère :
"Mathilde, reste tranquille."
Daryl :
"Ouais. Écoute ta copine."

Elle lance un regard noir à son frère et je souffle en levant les yeux au ciel. Nous sommes arrivés à la villa de Daryl après une bonne demi-heure de trajet... La position que j'ai dû prendre pour ne pas la gêner commence à me faire mal au dos. Même si la conduite de Daryl a été moins mouvementée qu'à l'aller... Il a roulé au pas pour ne faire souffrir sa sœur. Une fois qu'il a garé la voiture dans l'allée, il sort en premier pour faire le tour du véhicule et ouvrir notre portière. Il me regarde avec défi lorsque je le remercie de m'aider à sortir.

Daryl :
"Ne t'y habitue pas."

Je le regarde en biais. Il se sent vraiment obligé de me provoquer, maintenant ?

Miss Mystère :
"T'inquiète pas. J'ai pigé depuis longtemps que, malgré tous les airs que tu te donnes, t'es loin d'être un gentleman."

J'ai murmuré cette phrase à quelques centimètres de son nez, pour éviter que Mathilde nous entende nous disputer. Daryl m'adresse un petit regard amusé avant de se pencher vers sa sœur.

Daryl :
"Allez sœurette, la promenade est finie !"

Elle se hisse de la voiture en lâchant un petit juron. Elle s'appuie sur son frère qui l'emmène jusqu'à un transat qui borde la piscine géante de la propriété.

Daryl :
"Miss Mystère, tu peux aller me chercher ma trousse de secours ?"
Miss Mystère :
"Je suis pas à ton service. Va la chercher toi-même, ta trousse !"
Daryl :
"Si tu es restée c'est pour te rendre utile, non ? Pendant que tu vas la chercher, j'appelle mes gars pour surveiller la villa..."

Je me renfrogne en croisant les bras sous ma poitrine. Il m'énerve, mais il marque un point...

Miss Mystère :
"Elle est où ?"
Daryl :
"Tu la trouvera dans ma chambre... Regarde dans la petite armoire près de la douche. Tu... euh... Tu connais le chemin."

Il se racle la gorge en jetant un coup d'œil à Mathilde dont la mâchoire se crispe.

(Oui, je connais le chemin... et je n'en suis pas fière...)

Miss Mystère :
"Euh... Ouais... j'y vais !"

Arrivé dans sa chambre, un sentiment étrange m'envahit... Cette pièce me renvoie à cette fameuse soirée... Je fixe le lit un instant et me souviens de cette conversation étrange avec Daryl... Je secoue la tête vivement et je souffle bruyamment pour remettre mes idées en place !! La trousse... Cherche la trousse ! J'entends la voix de Daryl, visiblement en pleine conversation, qui résonne dans la chambre. J'ouvre un peu la porte-fenêtre pour mieux entendre ce qu'il dit. Il est au téléphone et fait les cent pas autour de la piscine, pendant que Mathilde est allongée sur le transat, le regard perdu sur la surface de l'eau turquoise.

Daryl :
"Vous pouvez être là dans combien...? Ok... Pardon."

Je me mets en quête de la trousse de secours. Voyons voir... Il m'a dit dans le meuble près de la douche... Je me dirige vers la salle de bain, simple mais au design luxueux, à l'angle de la pièce. Je repère le petit placard en question et j'y trouve, au milieu de plusieurs affaires typiquement masculines, une trousse rectangulaire rouge marquée d'une croix blanche. Je brandis fièrement le petit objet. Un peu plus et on pourrait penser que j'ai trouvé le Graal. Alors que je m'apprête à franchir le seuil de la porte, j'entends la sœur et le frère qui discutent. La conversation est relativement animée...
Je suis bien trop curieuse pour ne pas tendre l'oreille et écouter leur conversation, en me cachant dans l'ombre... Mathilde semble en vouloir à Daryl de m'avoir entraînée dans la course, mais celui-ci fait de grands gestes en prétextant que je suis une tête de mule et que je ne lui ai pas laissé le choix. Daryl et Mathilde se rendent enfin compte de ma présence et laissent flotter un silence, lorsque je m'avance pour donner la trousse de secours à Daryl.

Daryl :
"C'est bon, mes potes seront là d'ici cinq minutes... Il vont monter la garde."

Il me prend la trousse des mains et me remercie d'un hochement de tête.

Miss Mystère :
"Tu peux me laisser seule avec Mathilde un instant...?"

Il fouille dans la petite mallette et en sort une bobine de bandages et de compresses. Il semble réfléchir un instant, puis ses yeux se posent sur moi.

Daryl :
"Tu devrais rentrer chez toi."
Miss Mystère :
"Oh ? Et si on demandait à Mathilde ce qu'elle veut ?"
Daryl :
"Elle est pas en état de gérer tes interminables questions ! Tu le vois pas ?!"

Je déteste cette façon dédaigneuse de me répondre. Comme si j'étais la pire des égoïstes !!

Miss Mystère :
"Daryl ! Tu..."
Mathilde :
"Miss Mystère..."

C'est presque un gémissement que j'entends sortir de la bouche de Mathilde, étendu sur transat derrière nous. Cela a le don de me faire redescendre de mes grands chevaux. Je me sens soudain coupable de lui infliger nos querelles.

Mathilde :
"Approche, ma belle..."

Je fronce les sourcils en m'adressant à Daryl, puis, je passe devant lui, en le basculant un peu, avant de rejoindre Mathilde. Je m'assieds doucement sur le bord du siège et je caresse doucement son beau visage d'une main.

Mathilde :
"Il faut que tu rentres chez toi, maintenant..."
Miss Mystère :
"Quoi ?! Mais... ! Je veux m'occu..."
Mathilde :
"Écoute-moi... s'il te plaît..."

J'ai l'impression que chaque parole la fait souffrir. Elle caresse ma joue d'une main et plonge son regard dans le mien.

Mathilde :
"Tu vas rentrer... ça va aller... c'est pas la première fois je me fais arranger le portrait, ma princesse... Ce dont j'ai besoin, là, tout de suite, c'est te savoir en sécurité."

Ces paroles ne parviennent pas à me rassurer. Une larme roule le long de ma joue et tombe sur son tee-shirt.

Mathilde :
"Je sais que tu m'en veux, en ce moment... Mais... fais-moi confiance... ça va aller..."
Miss Mystère :
"Mais... je ne t'en veux pas mais j'ai tellement peur pour toi... Ce soir... J'ai cru... J'ai cru que j'allais te perdre..."

Son visage se déforme, sa mâchoire se crispe.

Mathilde :
"Je suis là... Tout va bien maintenant..."

Je détourne mes yeux des siens et je fixe de la piscine. C'est la seule chose qui me semble paisible, normale, au milieu de cette nuit complètement dingue.

Mathilde :
"Daryl ?"
Daryl :
"Ouais ?"
Mathilde :
"Ramène-la."
Miss Mystère :
"Hein ?! Hors de question que je remonte dans cette bagnole avec lui !!!"

Mathilde me regarde un instant, visiblement épuisée de se battre. Je m'en veux tout de suite et esquisse un mouvement de capitulation. Daryl s'est rapproché de nous. Il semble aussi enchanté que moi par la demande de Mathilde. Je fixe ma belle brune, le cœur battant. J'aimerais tellement qu'elle accepte mon aide. Qu'elle me garde à ses côtés.

Daryl :
"Mathilde..."
Mathilde :
"J'veux pas qu'elle rentre seule ! je veux être sûr qu'elle est en sécurité chez elle..."
Daryl :
"Ok sœurette... Je suppose que je te ferai pas changer d'avis ! Je m'occupe de ramener ta petite furie au bercail..."

Il ne cache pas son agacement et tend le nécessaire de soin à sa sœur. Cette dernière me regarde, désolée, avant de retourner les yeux, mal à l'aise.

Miss Mystère :
"D'accord Mathilde, si c'est ce que tu veux..."

Dégoûtée, je me lève sans un regard de plus pour elle, et je m'avance vers la voiture de Daryl, les épaules basses et les poings serrés. En partant, nous croisons un Range Rover noir aux vitres teintées. C'est le code de couleur pour les mauvais garçons ou quoi...? Daryl s'arrête un instant à leur hauteur et baisse la fenêtre. Ils échangent quelque chose avec le conducteur et repartent. Visiblement Mathilde est sous haute surveillance.

Miss Mystère :
"Pour quelqu'un qui ne fait, soi-disant, plus partie d'un gang, t'as des amis bien obéissants..."

Il soupire en relevant sa vitre.

Daryl :
"Tu peux pas comprendre. C'est comme une grande famille. On se soutient."
Miss Mystère :
"C'est ça. Je peux pas comprendre... C'est compliqué... La grande rengaine de la tornade Ortega..."

Vexée, je reste silencieuse, fixant le paysage qui défile cette fois beaucoup plus paisiblement. Les lumières des lampadaires se succèdent en rythme régulier. Pas comme celui de mon cœur... Je suis en colère contre ces deux-là. Je suis en colère contre moi-même. Pour briser le silence assourdissant qui règne dans l'habitacle, Daryl se risque à mettre de la musique en fond sonore. Je fixe l'écran de contrôle sans vraiment le voir. Par automatisme.

Daryl :
"Mets ce que tu veux..."
Miss Mystère :
"Je m'en fiche... Je veux rien du tout. Je veux juste rentrer chez moi."

Il inspire doucement, en me dévisageant une seconde. Je joins mes mains et je me triture les doigts, nerveusement. Une boule se forme dans ma gorge et les lumières sont de plus en plus troubles.

Daryl :
"Écoute... Je suis sincèrement désolé pour cette nuit..."

Je sens qu'il s'est tourné vers moi. Ses yeux perçants m'observent et scrutent une réaction de ma part. Mais je suis fatiguée de me battre pour essayer d'aider les Ortega. Fatiguée de m'acharner à briser les barrières invisibles qu'ils ont érigées pour se protéger.

Daryl :
"Engueule-moi, défie-moi, frappe-moi, fais quelque chose ! Mais arrête de rester muette comme ça !"

Il peut bien gesticuler dans sa voiture et me sommer de faire quelque chose, je m'en fiche. Mon regard ne cesse de fixer la route.

Daryl :
"Mais bordel !!! Miss Mystère arrête !"
Miss Mystère :
"Et toi arrête de me gueuler dessus !!"

Ma voix se casse. J'ai envie de pleurer mais je ne lui ferai pas ce plaisir ! Daryl jure et souffle bruyamment. Il semble reprendre ses esprits et son visage se radoucit.

Daryl :
"Je suis sincèrement désolé. Que tu me crois ou non, Miss Mystère..."

Je fixe nerveusement mes mains. Je ne sais ce que je crois...

Daryl :
"Cette soirée a été rude pour moi aussi, ok...? J'ai eu peur pour ma sœur et pour toi..."

Je lâche un petit rire narquois.

Miss Mystère :
"Et la cerise sur le gâteau ! Le grand Daryl a eu peur !"
Daryl :
"Sois pas comme ça. C'est pas toi."
Miss Mystère :
"Oh et c'est quoi, moi ? Puisque, soudainement, tu sembles hyper bien me connaître et te soucier de ce que je ressens."
Daryl :
"La vache... T'es épuisante..."
Miss Mystère :
"Génial."

Je tourne la tête vers ma fenêtre en soufflant. Je marmonne presque pour moi-même :

Miss Mystère :
"C'est moi qui suis épuisante, c'est la meilleure..."

Il m'énerve... Je ne le supporte pas cette façon qu'il a de me rabaisser, comme si j'étais une petite gamine pourrie gâtée.

Miss Mystère :
"Je vais être encore plus épuisante... Pourquoi on appelle pas la police, au juste ? Tu veux qu'on attende un "avertissement" de plus ?"

Il esquisse un sourire en coin, en bougeant la tête de droite à gauche.

Miss Mystère :
"Tu peux arrêter de te payer ma tête ? Au moins pendant cinq minutes...?"
Daryl :
"Tu t'arrêtes jamais ?"
Miss Mystère :
"Je viens de voir ma petite amie se faire tabasser, puis se faire embarquer dans un van, et enfin se faire jeter sur la route ! Ajouté à ça que j'ai failli laisser ma vie dans une bagnole lancée à 200 kilomètres-heure en pleine ville... Alors ouais, je voudrais comprendre, pardon...!"
Daryl :
"Il faut que tu comprennes un truc... Ces types-là appartiennent à des gangs et à des quartiers où personne ne veut mettre les pieds... La police... encore moins. ! La police est impuissante. Ils peuvent pas se ramener dans leur coin et brandir leur insigne. À moins d'être un bleu ou suicidaire..."
Miss Mystère :
"Donc tu préfères risquer ta vie et celle de ta sœur plutôt que de demander de l'aide..."
Daryl :
"je fais comme on a toujours fait avec Mathilde. On a jamais compté sur l'aide de personne. Parce que c'est ainsi !"
Miss Mystère :
"Comme passer des arrangements...?"

Il me jette un coup d'œil. Puis ses yeux se posent sur le volant. L'espace d'un instant j'y ai lu de la nostalgie.

Daryl :
"Tu rentres pas dans un gang par plaisir et tu en sors pas facilement... Mais quand t'as pas d'autres repères que ceux de la rue et des coups, tu vois en eux... une famille. Ils t'apportent des moyens de te faire de l'argent facile, de survivre. Ils te font découvrir un monde accessible, docile... Sauf que, quand tu découvres le revers de la médaille, et que tu te décides à les quitter... c'est compliqué !"
Miss Mystère :
"C'est qui alors le type dans le bolide jaune ? Un de ceux qui voient pas ton départ d'un bon œil ?"
Daryl :
"C'est ça... Il est jeune, il pense qu'il doit faire ses preuves, se faire un nom... Son père a compris qu'il avait tout intérêt à ce que ça se passe bien entre nous. Il sait que je suis au courant de beaucoup de choses et j'ai protégé nos arrières... Il me laissait partir en échange de quoi je lui assurais mon silence sur leurs trafics."

Je reste silencieuse. Les choses se mettent enfin en place. Cette conversation me paraît aussi surréaliste que le reste de la soirée...

Miss Mystère :
"Mathilde a un passé avec ce gang...?"
Daryl :
"J'ai toujours fait en sorte qu'elle n'appartienne pas au gang... J'ai fait des rencontres qui me concernent et j'ai toujours veillé à la protéger. Mais on était très proche à l'époque. Rien ne pouvait se mettre entre nous. Elle a été mêlée de près à tout ça parce qu'on fonctionnait comme ça, elle et moi."
Miss Mystère :
"Je suppose que les combats clandestins, les couses illégales, tout cela faisait partie du monde "facile" dont tu parlais ?"
Daryl :
"Ouais, c'est un peu ça..."

Il me paraît tout à coup difficile de le blâmer uniquement lui... J'ai plutôt le sentiment d'avoir affaire à deux personnes perdues qui se sont débrouillées comme ils ont pu pour s'en sortir. Et tout ça s'est retourné contre eux...
Lorsque nous arrivons devant ma résidence, je sors de la voiture sans rien dire. Daryl sort aussi, bien décidé à m'accompagner jusque chez moi.

Miss Mystère :
"Je devrais arriver à traverser le trottoir jusqu'à la grille..."

Je l'entends soupirer dans mon dos. Mais il continue de marcher derrière moi, bien décidé à me raccompagner jusqu'au bout.

Miss Mystère :
"Merci Daryl."

Je lui ai dit ça sans me retourner... Soudain je sens ses larges mains se poser sur les épaules. Je suis surprise par cette marque de tendresse venant de lui. Méfiante, je me défais de ses bras. Je me suis retournée pour lui faire face. Les larmes menacent à nouveau.

Daryl :
"Miss Mystère..."
Miss Mystère :
"Pourquoi tu fais ça ?"
Daryl :
"Je... Je suis désolé... Je voulais juste... Je pensais..."

Il est tout à coup hésitant, mal à l'aise... Sans doute que la tendresse ne fait pas non partie de son monde ni de son vocabulaire.

Daryl :
"C'est juste que... Tu ne peux pas toujours régler les problèmes des autres... Tu as aussi le droit de craquer, de cesser le combat..."

Je voudrais répliquer quelque chose, mais c'est comme s'il avait lu en moi. La vérité de ses propos me désarme. Il a tapé dans le mille. Doucement il m'attire contre lui. Mon corps se laisse aller je suis fatiguée de lutter. Pour la première fois, je sens de la douceur en lui, de la bienveillance... Je pose ma tête contre son torse et mes épaules se fondent dans ses bras. Je ferme les yeux en sanglotant. Il pose doucement sa main contre mes cheveux et les caresses doucement.

Daryl :
"Là... ça va aller..."

Nous restons plusieurs minutes ainsi. Je pleure à chaudes larmes contre Daryl qui continue d'étreindre mon petit corps frêle contre lui. Quand je relève enfin les yeux sur lui, je lis de la tristesse et de la douleur sur son visage.

Miss Mystère :
"Pourquoi est-ce que tu es si triste, tout à coup...?"

Il prend doucement ma tête entre ses mains et plante ses yeux dans les miens.

Daryl :
"Mathilde et moi... Nous avons un passé très compliqué... La vie ne nous a pas fait de cadeaux, on a appris rapidement qu'elle peut nous prendre les gens qu'on aime, beaucoup trop tôt."

Je sais qu'il parle de leurs parents et mon cœur se serre. Je le fixe en reniflant. Pour la première fois, il semble avoir tombé le masque.

Daryl :
"Nous sommes brisés. Malgré toute la volonté qu'on peut mettre, le passé nous rattrape... Il y a d'anciennes histoires, de vieilles rancœurs, des choses sales..."

Il marque en temps d'arrêt. J'ai le cœur au bord des lèvres. Je lui laisse prendre le temps de poursuivre. À sa manière, il me livre une partie de lui.

Daryl :
"Ma sœur... Ma sœur a cette farouche envie de s'en sortir. Elle a toujours été celle qui croyait en la bonne volonté humaine, quand moi je n'attendais plus rien d'autre... C'est la plus forte de nous deux..."

Il baisse les yeux. Je ne l'ai jamais vu ainsi. De l'homme téméraire et sans vergogne, il ne reste que cet enfant écorché, qu'on a simplement envie de serrer dans ses bras.

Miss Mystère :
"Je suis désolée..."
Daryl :
"Ne le sois pas... C'est moi qui le suis. Ni elle ni moi n'avons le droit de te mettre en danger comme ce soir.
Miss Mystère :
"Je suis une grande fille. J'ai pris seule la décision de suivre Mathilde jusque chez toi et celle de me jeter dans ta voiture."

Il me fait un sourire taquin. Oui, il le sait, j'ai mon petit caractère...

Daryl :
"Il faut que tu comprennes que Mathilde fait face à son passée... Il y a des choses si douloureuses qu'elles doivent rester dans l'ombre. Parce qu'elles le détruiraient si elles resurgissaient dans sa vie..."

Ses paroles résonnent tellement en moi... Il y a des souvenirs si horribles que j'ai dû les tenir éloignés de moi, pendant toute ma courte existence, pour réussir à respirer à nouveau.

Miss Mystère :
"Je peux comprendre, oui..."
Daryl :
"Je suis désolé de t'avoir blessée... Je me doute que, toi aussi, tu as ton lot de casseroles... Je le sens... Il y a une douleur en toi..."

Il ne s'imagine pas à quel point...Il relève mon visage doucement, en appuyant son index sous mon menton.

Daryl :
"Mais nous... on en traîne un wagon plein..."

Un instant, mes yeux se perdent dans les siens... Je ne sais pas si c'est l'adrénaline, la douleur nouvelle qui émane de lui, mais j'ai envie de me blottir à nouveau contre lui... Ses yeux se posent sur mes lèvres, puis sa main caresse tendrement ma joue.

Daryl :
"Tu es sans doute la chose la plus belle qui pouvait arriver à Mathilde..."

Sa voix semble si mélancolique... Je ferme les yeux pendant qu'il dépose un délicat baiser sur mon front.

Miss Mystère :
"Je voudrais tellement vous aider... Je sais que... on peut toujours s'en sortir... Il faut parfois du temps, mais il ne faut jamais perdre espoir."

Il me regarde tendrement et soupire doucement en lâchant mon visage. Son regard se perd un instant sur la rue et les quelques passants.

Daryl :
"Il y a bien quelque chose que tu peux faire... On va devoir disparaître un moment avec Mathilde...

Je me recule d'un pas, pas sûre d'avoir compris ce qu'il vient de dire. Ou alors pas sûre de vouloir l'entendre... Incrédule, j'attends qu'il poursuive, qu'il me dise que j'ai mal entendu, je sais pas !

Daryl :
"Le temps que les choses se calment... On doit faire profil bas. Se faire oublier..."

Mon cœur s'accélère et ma poitrine monte et descend bien trop vite à mon goût. Ils ne peuvent pas me faire ça !

Miss Mystère :
"Non ! Non ! Vous pouvez pas...!"

Il s'avance et me fixe avec détermination.

Daryl :
"Je sais que c'est dur... Mais on n’a pas le choix... Fais-moi confiance."

Je fixe le sol en bougeant ma tête de droite à gauche, complètement paniquée.
Qu'est-ce ça veut dire...? Est-ce qu'avec Mathilde c'est fini ? Est-ce que je vais la revoir un jour ? Seront-ils seulement en sécurité...?

Miss Mystère :
"Et pour le travail... la salle... Je veux dire... Mathilde peut pas disparaître comme ça ! Y a des gens qui comptent sur elle !"
Daryl :
"La salle ça ira... Mais le travail... J'ai besoin de toi. J'ai besoin que tu la couvres..."

Je reste sans voix.

Daryl :
"Que tu dises à votre responsable que Mathilde a dû gérer un problème familial d'urgence, quelque chose comme ça..."
Miss Mystère :
"Quoi ?! Mais je peux pas faire un truc pareil !"
Daryl :
"Pour l'instant c'est la meilleure chose à faire pour nous aider."
Miss Mystère :
"Je... Je dois en parler à Mathilde !"
Daryl :
"Je vais devoir la préparer et lui expliquer que c'est le mieux. Fais-moi confiance, pour l'instant il faut que les choses se calment avec le gang."

Je n'aime pas ça... Mais il sait manifestement ce qu'il fait... À contrecœur je me vois dans l'obligation de l'aider.

Miss Mystère :
"Ok..."
Daryl :
"Je sais que ce je te demande est difficile..."
Miss Mystère :
"Je n'ai pas vraiment le choix, n'est-ce pas ?"

Il me regarde contrit. Doucement, il s'approche de moi et prend à nouveau ma tête entre ses mains.

Daryl :
"Tu ne dois parler de tout ça à personne, d'accord ?"

Je comprends, mais je ne sais pas si je serai capable de garder tout ça pour moi ! C'est un tel secret. J'ai l'impression que c'est complètement irréel...

Miss Mystère :
"Je ne ferai rien qui pourrait vous mettre en danger..."
Daryl :
"Je sais."

Daryl s'éloigne un peu, prêt à me laisser.

Miss Mystère :
"Comment je saurai que tout va bien pour vous ?"

Il marche lentement à reculons sans cesser de me regarder.

Daryl :
"On ira bien, princesse. On s'en sort toujours !"

Il me fait un clin d'œil en passant un peu son chapeau avec l'index, puis il disparaît dans son bolide. Lorsque j'arrive à l'appartement, j'ai sans doute l'air aussi fraîche qu'une revenante.
Topaze m'accueille gaiement, comme à son habitude. Il est tellement brut qu'il manque me faire tomber !

Miss Mystère :
"Topaze !!!! Doucement !! Fais attention, enfin !!"

Devant sa mine déconfite je culpabilise immédiatement de me comporter comme une garce avec lui et je m'agenouille rapidement à sa hauteur.

Miss Mystère :
"Oh désolé, mon gros, je voulais pas..."

Il colle sa truffe froide contre ma poitrine et rentre sa tête entre mes bras, cherchant le pardon de sa maîtresse. Rapidement les larmes montent et j'éclate en sanglots. Je me colle à mon chien et j'enfouis ma tête dans ses poils tout chauds. Je sens son petit cœur sous mes mains qui le serrent. Il ne bouge pas, bien conscient que j'ai besoin de lui. Je me sens désemparée, impuissante. Je ne sais plus quoi faire pour que les choses reviennent à la normale. Je ne sais plus quoi penser. Où est-ce que tout ça va me mener, au juste ?
Mais Mathilde me plaît tellement... Je tiens tellement à elle que je ne peux pas me résoudre à arrêter là notre histoire. Tout allait si bien entre nous, tout était si parfait. Je pleure de plus belle en repensant à notre week-end, à tous ces moments partagés... Tout à coup, mon téléphone sonne. Je fouille frénétiquement dans ma pochette pour prendre l'appel, espérant que ce soit Mathilde...

Lola :
"Hey !! T'es où ?!"

Je reconnais la voix enjouée de Lola. Il y a de l'animation derrière elle, comme si elle était dans la rue, au milieu d'une foule.

Miss Mystère :
"Je... Je suis chez moi..."
Lola :
"Chez toi ?! Mais vous êtes pas au concert de Colin ?!
Miss Mystère :
"Non Lola..."
Lola :
"Ah mince... Je vous avais rejoints... Mon dernier rencard était une espèce de gros naze... j'te raconterai !! Bon... Je suppose que vous avez préféré rentrer, toi et Mathilde, pour avoir un peu plus d'intimité, petites coquines..."

Lola est taquine mais la simple évocation de Mathilde me fait éclater en sanglots.

Lola :
"Tu pleures...? Qu'est-ce qu'il y a ?"
Miss Mystère :
"Je... Je peux pas..."
Lola :
"Tu bouges pas ! J'arrive !!"
Miss Mystère :
"Non... ça va..."
Lola :
"C'est ça, oui ! Ma meilleure amie est en pleurs au téléphone, alors qu'elle devrait s'éclater avec son mec, et je vais la laisser comme ça !"

Je renifle en fixant Topaze.

Lola :
"J'arrive."

Lola a raccroché. Les mains posées sur mes genoux, je sens les larmes recommencer à couler... Après un bon moment à rester immobile, je décide d'appeler Mathilde... J'ai besoin d'entendre sa voix, de lui parler... Je laisse passer plusieurs interminables secondes, mais personne ne répond. Je lui envoie un texto pour savoir si elle va bien. Je n'arrive pas à comprendre qu'elle va disparaître comme ça, après cette nuit complètement folle... J'ai l'impression que je ne vais pas avoir la force de le supporter. Quelques minutes plus tard, mon téléphone vibre. Un message de Mathilde : "Je suis calé au pieu comme une petite vielle... Tu me manques... On se voit demain ?"
Manifestement Daryl ne lui a pas encore dit qu'ils vont devoir partir... Je ne peux pas rester comme ça. Je cherche son numéro pour en parler avec lui, mais on frappe à la porte. Lorsque Lola passe le pas de ma porte, je la regarde tristement, les bras croisés et les mains sur mes épaules tremblotantes.

Lola :
"Miss Mystère !!!"

Je la fixe en lâchant mes bras le long de mon corps et en grimaçant de tristesse. Elle s'avance rapidement pour me prendre dans ses bras et me presse contre son corps frêle. Je me laisse aller contre elle.

Lola :
"Eh bien, ma puce... Qu'est-ce qui se passe...?"
Miss Mystère :
"Oh Lola..."

Je pleure... Je pleure tellement que j'arrive plus à parler.

Lola :
"Calme-toi... Calme-toi... ça va aller..."

Sa présence et sa voix rassurante calment peu à peu les spasmes qui secouent ma poitrine.

Lola :
"Respire doucement... Allez..."

Elle passe ses deux mains douces sur mes joues pour dégager les quelques mèches de cheveux qui se sont collées sur ma peau mouillée.

Lola :
"Bon... Tu me dis ce qu'il se passe ?"
Miss Mystère :
"Je peux rien te dire... C'est trop... dangereux... ça la... mettrait en danger..."
Lola :
"Hein ?! De quoi tu parles...?"

Je pleure de plus belle ; je n'arrive pas à calmer cette angoisse qui comprime ma poitrine et m'empêche de respirer pleinement.

Lola :
"Attends... Tu vas t'asseoir, te calmer... Et on va reprendre du début, d'accord ?"

Je fais un signe de tête à Lola et elle m'aide à m'installer sur le sofa.

Lola :
"Vous deviez allez au concert de Colin..."
Miss Mystère :
"Oui, on y était... Mathilde m'a rejointe... Elle allait bien... Et puis... Elle a reçu un appel... Elle s'est complètement fermée... Elle a dit qu'elle devait partir chez Daryl... tout de suite..."
Lola :
"Encore ce type...?! Bordel, mais c'est une plaie !"
Miss Mystère :
"C'est bien plus compliqué que ce que je pensais entre eux deux..."
Lola :
"Comment ça...?"
Miss Mystère :
"Lorsque je suis arrivée chez Daryl... Il y avait ces types, des espèces de gangsters avec un accent espagnol... Ils ont tabassé Mathilde... et..."

J'inspire bruyamment en repensant à l'horreur de voir Mathilde se faire embarquer dans le van par ces bruts.

Lola :
"Vas-y doucement..."
Miss Mystère :
"Et... Ils l'ont embarqué dans un grand van, comme s'ils allaient l'enlever..."

Lola jure. Son regard est bienveillant.

Miss Mystère :
"On est parti à leur poursuite avec Daryl... C'est un truc de fou... Je me suis crue dans un film, en pleine scène de course poursuite...
Lola :
"Ma pauvre..."
Miss Mystère :
"Daryl a réussi à les rejoindre... Il a échangé avec leur chef..."

Je passe la main sur mon visage ; j'ai du mal à réaliser que tout ce que je raconte s'est réellement produit.

Miss Mystère :
"Et ils ont balancé sur la route !!"

Lola me regarde, choquée.

Miss Mystère :
"Lola !! Sur la route !! Comme ça, comme un tas de chiffons !! Tu te rends compte !!"
J'explose en larmes !"

Lola :
"Mon dieu..."
Miss Mystère :
"Daryl l'a ramené à la voiture... Mathilde pouvait à peine marcher et parler."
Lola :
"Mais... Vous avez appelé la police...?"
Miss Mystère :
"Non..."

Lola reste interdite. Je lui en ai trop dit, je ne peux pas revenir en arrière.

Miss Mystère :
"Je devrais pas t'en parler... Il faut vraiment qu'on garde ça pour nous..."
Lola :
"Tu peux me faire confiance."
Miss Mystère :
"Daryl m'a fait comprendre qu'il y a des choses dans leur passé à tous les deux, des choses qui les mettent encore en danger aujourd'hui, malgré leurs efforts pour en sortir. Ces types appartiennent à un gang dont Daryl a fait partie dans le passé, et même la police ne peut rien contre eux."
Lola :
"Et qu'est-ce que vous avez fait alors ?"
Miss Mystère :
"On est rentré chez Daryl. Il s appelé des potes à lui pour monter la garde et veiller sur Mathilde. Et puis il m'a raccompagné."
Lola :
"Dans quel état était Mathilde ?"
Miss Mystère :
"Elle a pris des coups, mais elle était consciente. Elle arrivait péniblement à marcher, mais elle pouvait parler."
Lola :
"Eh bien... ma pauvre... Je comprends mieux maintenant..."
Miss Mystère :
"Et ce n'est pas tout... Je ne sais même pas si je vais la revoir un jour..."

J'inspire lourdement pour contenir mes larmes et trouver la force de lui expliquer toute la suite... La nuit va être longue, mais j'ai besoin de mon amie... Lola est restée chez moi cette nuit... Nous avons discuté de Mathilde et Daryl jusqu'à 2 heures du matin. Puis Mathilde m'a appelé pour m'annoncer qu'ils devaient partir, son frère et lui, comme je le savais déjà... Nous avons discuté au moins une heure. Elle m'assure que tout ira bien. Qu'elle me donnerait régulièrement des nouvelles. Elle était tellement triste, tellement abattue... Elle s'est excusée un nombre incalculable de fois. Elle s'en voulait terriblement...
J'ai pleuré plusieurs fois au cours de notre conversation et il m'a semblé qu'elle aussi. Lola a dû me retenir de repartir chez Daryl. Au lieu de ça, elle m'a forcée à aller me coucher pour reprendre des forces. Elle a dormi chez moi. Je crois que j'ai réussi à m'endormir vers 5h30... Ce qui me fait à peu près 1h30 de sommeil au compteur... Je suis épuisée... Mes yeux piquent et n'arrivent pas à faire le focus. J'ai une migraine pas possible et je me sens nauséeuse. Lola se fait beaucoup de soucis pour Mathilde et moi. Cette histoire l'a chamboulée... Pourtant, comme à son habitude, elle a été une amie en or et elle a passé son temps à me répéter que les choses allaient s'arranger. Elle a sûrement raison... Même si ce monde-là me paraît totalement étranger, je suppose qu'elle et Daryl savent ce qu'ils font. Du moins, je l'espère...

Dès que j'arrive dans l'open space, je marche en direction du bureau de Gabriel, mais il est fermé. Lola m'a conseillé de lui parler de Mathilde tout de suite. Plus je ferai traîner, plus j'aurai l'air de cacher quelque chose... Déjà que lorsque je mens, on dirait que c'est marqué sur ma figure ! Lorsque j'arrive à mon bureau, mon cœur se serre de voir celui de Mathilde, toujours autant en désordre, mais sans sa présence à elle. Une seule question tourne en boucle dans ma tête depuis que Daryl m'a laissée en bas de chez moi.
Pour combien de temps encore...?
Pour la énième fois depuis que je me suis levée, je tente de penser à autre chose, mais sans succès... Je sais qu'elle reviendra, je sais que Mathilde ne mes laisserait jamais comme ça. Ce n'est pas quelqu'un qui abandonne. Seigneur ! Ma vie ressemble à roman dramatique !! Je lance machinalement les logiciels sur mon ordinateur mais je ne suis pas à ce que je fais.
Comment est-ce que je peux arriver à me comporter normalement après ce qu'il s'est passé ?! Je souffle. Je pense que personne ne le peut !
Déjà dix e mail à traiter... Franchement je ne vois même pas comment en un de manière efficace... Si Cassidy passe par là, elle va se régaler de m'humilier... J'attrape un stylo que je mâchouille machinalement, les yeux fixés sur la ville qui s'éveille, à travers la fenêtre de l'open space. Tout le monde est affairé à sa tâche, comme d'habitude. On pourrait se dire que rien n'a changé.

(Comme si rien ne s'était passé.)

Gabriel :
"Bonjour, Miss Mystère !"

Je sursaute et j'en fais tomber mon stylo par terre ! Mon manager me regarde un instant qui se baisse pour ramasser mon bout de caoutchouc informe, jadis fonctionnel, et le pose sur mon bureau. Il pose une main sur mon épaule. Elle est à la ferme et chaleureuse.

Gabriel :
"Tu vas bien ? Tu as l'air nerveuse ?"
Miss Mystère :
"Oui... Juste, j'ai passé une mauvaise nuit..."

Il enlève sa main puis vient s'asseoir sur le bord de mon bureau.

Gabriel :
"Qui est la responsable ?"

Mon cœur s'accélère, me redonnant tout à coup de l'éveil !

Miss Mystère :
"Oh personne ! Juste moi et mes soucis d'insomnie !"

(Je raconte n'importe quoi.)

Mon sang tambourine contre mes tempes. C'est le moment ou jamais de lui dire pour Mathilde...

Miss Mystère :
"Gabriel, je voulais te parler de Mathilde."

Ses yeux bleus pénétrants me fixent comme deux billes malicieuses...

Miss Mystère
"Elle... euh..."

(Dis simplement ce qu'on a convenu avec Lola... Dis simplement ce qu'on a convenu avec Lola...)

Miss Mystère :
"Elle a eu une urgence à régler dans sa famille... Elle a dû partir tôt ce matin. Elle ne sera pas là pendant quelque temps. Elle doit t'appeler dans la journée."
Gabriel :
"Oh."

Je déteste les "Oh." de Gabriel. Ils me donnent toujours tout le loisir d'imaginer des milliards de possibilités.

Miss Mystère :
"C'est... euh... ok pour toi ?"
Gabriel :
"J'espère que ce n'est rien de trop grave ?"

Je suis soulagée que mon manager le prenne ainsi. À vrai dire, sachant comment lui et Mathilde s'apprécient, je craignais une réaction plus virulente.

Miss Mystère :
"Tout ce que je sais c'est que cela nécessite sa présence... Sa famille a besoin d'elle."

Je me sens fière d'arriver à ressortir mes mensonges, longtemps travaillés avec Lola, et coordonnés avec Mathilde, sans sourciller. Gabriel me fixe, impassible.

Gabriel :
"Ok. Je vais prendre les dispositions nécessaires pour gérer son absence. Mais je sûrement te demander d'en faire un peu plus pendant quelque temps."
Miss Mystère :
"Oui, je comprends."
Gabriel :
"Tu vas devoir briefer un nouveau graphiste, en attendant son retour. Tout ça va te faire un peu plus de travail..."
Miss Mystère :
"Oui, bien sûr, je comprends..."

J'affiche un sourire de façade. Intérieurement je ne suis pas emballée. Je n'ai pas envie de voir le poste de Mathilde remplacée... Même temporairement.

Gabriel :
"Ne t'inquiète pas. Je sais que tu tiens beaucoup à elle... Mais je t'assure qu'elle ne perdra pas sa place..."

(Oh !!)

De toute évidence, Gabriel n'est pas dupe. Je sais qu'il se doute de quelque chose entre moi et ma si belle collègue... Je ne suis pas capable de soutenir le regard perspicace de mon manager plus longtemps. Je me sens mal.

Plus d'une semaine s'est écoulée et je n'ai plus de nouvelles ! Ni de Daryl, ni de Mathilde... Pas d'appels, pas de messages, pas de signaux de fumée ni de pigerons voyageur, rien. Et si quelque chose leur était arrivé ? Mathilde ne me laisserait jamais sans nouvelles comme ça, ça ne colle pas... Si je n'ai pas de ses nouvelles, aujourd'hui ou demain, il faudra que je fasse quelque chose...
Je me souviens de ses paroles : "Un jour j'ai peur de te blesser et, ce jour-là, tu me détesteras..."
Je tourne tout ça dans ma tête encore et encore... Ce comportement ne ressemble pas à Mathilde... Pas à celle que je connais... Nous sommes vendredi soir, je suis déjà en tenu de nuit. J'ai mis une télé-réalité débile et je suis emmitouflée sous ma couverture en grignotant des chips. Je crois que j'ai touché le fond. Lola fait tous les efforts de la terre pour me sortir de la déprime... Elle m'a proposé des dizaines de sorties différentes. Mais j'ai juste envie de rester seule. Même Topaze commence à déprimer à parce que nos sorties se résument le plus souvent à descendre marcher cinq minutes dans la rue. Je suis aux trente sixièmes dessous. Dès que je rentre du bureau, je ne pense qu'à une chose : me mettre sous les couvertures pour pleurer et ressasser. Me lamenter sur ma pitoyable existence... Voilà à quoi je passe mes soirées !!
À Carter Corp, le petit stagiaire que j'ai formé est gentil, plein de bonne volonté. On sent qu'il veut bien faire... Mais chaque jour il me rappelle qu'il n'a rien à voir avec la collègue de travail qui m'a fait craquer.
Au-delà de sa présence physique, c'est ma Mathilde tout entière, qui me manque. Ses blagues, son sourire espiègle et craquant, sa bouche magnifique et gourmande, sa voix chaude et rassurante, ses bras, son odeur... Je soupire. C'est évident... je suis en manque. En manque de ma bad girl. Je n'ai pas ma dose de Mathilde... Seigneur, cette fille m'obsède...! Agacée par ma fixette, j'attrape mon ordinateur et je tape sur moteur de recherche : "Comment oublier une fille."

(Oui, je suis VRAIMENT désespérée. Mais je suis sûre que je ne suis pas la seule à avoir déjà demandé un truc débile à Google...)

Le moteur de recherche m'affiche plusieurs résultats ! Je clique sur "Comment oublier une fille en trois points." Parfait ! C'est ce qu'il me faut. Comme si j'allais trouver le saint Graal, la réponse à toutes mes questions...!! Je lis avec attention : "Un, prenez vos distances !"

Miss Mystère :
"Génial ! Un point de gagné, fastoche !!"

Je pourrais en me demandant ce que je fous à lire ce truc. "Deux essayez de ne pas la croiser."

Miss Mystère :
"Ah Ah Ah !"

(Rire nerveux... je précise.)

Je fais défiler le texte vers le bas pour lire le troisième conseil qui s'annonce aussi brillant et clairvoyant que les deux autres premiers : "Trois, mettez de la distance mentale." Je poursuis ma lecture, un sourire moquer et désabusé aux lèvres : "Vous devez arrêter de continuer à revivre mentalement chaque dispute ou chaque bon moment."
Oh d'accord ! Facile...! On peut m'expliquer comment je suis censée faire pour oublier cette fille-là ? Hein ?! De toute évidence, celui ou celle qui a écrit cet article n'a jamais connu quelqu’un comme Mathilde... Moi et ma satanée habitude de craquer pour les mauvaises filles...! Le mot "mauvaise" n'est pas là simplement pour faire sexy, c'est une mise en garde ! Je décide de me traîner jusqu'à mon lit... De toute façon, je n'ai rien de mieux à faire et je suis passionnée par Cindy qui veut se faire refaire les seins à tout prix... Alors que je vais pour éteindre la lumière, mon téléphone vibre sur la petite commode, dans l'entrée. À cette heure-ci ? Et si c'était Mathilde ?! Mon sang ne fait qu'un tour et je cours presque jusqu'à la commode pour l'attraper !! Lorsque mes yeux se posent sur l'écran, je reçois une vive décharge dans le cœur. Je dois cligner des yeux plusieurs fois pour être sûre de ce que je lis.

Message d'une inconnue : "Je suis en bas de chez toi. Mathilde."

Un sourire se dessine sur mon visage. La perspective de la voir, enfin, efface toute ma mélancolie et la remplace par la joie indescriptible. J'attrape rapidement une veste et je dévale les escaliers de ma résidence jusqu'à l'extérieur. Derrière la grille, je la cherche nerveusement du regard ! À force de rester cloîtrée chez moi, je n'avais même pas remarqué qu'il pleuvait. J'aperçois la voiture de Daryl garée au bord de la route. Ils sont rentrés. Mais où est Mathilde...? Lorsqu'enfin je la vois, mon cœur semble s'arrêter de battre. Son expression est indéchiffrable... Un faible sourire se dessine sur ses lèvres mais il y a quelque chose de sombre dans ses yeux noisette. Lorsque nos regards se croisent, je dois me tenir à la grille pour ne pas chanceler. Je suis tellement heureuse de la voir ! Je pousse brutalement la grille pour courir vers elle, malgré l'orage. Mais son regard est tellement triste que je stoppe net à quelques centimètres avant de la toucher. Tout à coupe hésitante. Je ne peux pas rester, j'ai besoin de la toucher, de voir qu'elle va bien. Je prends son visage entre mes deux mains.

Miss Mystère :
"Où étiez-vous ? Tu vas bien ?"

Nous nous regardons, fixement. Malgré la pluie qui nous trempe jusqu'aux os, et l'orage qui claque autour de nous, nous ne bougeons pas.

Mathilde :
"Je ne supportais plus d'être loin toi..."

Elle m'a lâché ça, dans un murmure. Le son de sa voix est éteint, à peine audible. La détresse qui émane d'elle me fend le cœur.

Miss Mystère :
Comment tu as pu me laisser sans nouvelles comme ça... Est-ce que tu imagines seulement à quel point je me suis inquiétée pour toi..."

Son visage se déforme. Elle serre les poings et secoue sa tête de droite à gauche, les sourcils froncés.

Mathilde :
"Je suis vraiment désolé... Mais on est parti tellement vite que j'ai pas pensé à prendre le chargeur de batterie pour mon téléphone... Et au bout de quelques jours, même si j'ai économisé au max pour toi, ben..."

Elle passe une main dans ses cheveux, comme à son habitude lorsqu'elle est embarrassée.

Miss Mystère :
"Et Daryl ? Il pouvait pas te prêter le sien...?"
Mathilde :
"Si, mais... euh..."
Miss Mystère :
"Il a fait la même erreur que toi."
Mathilde :
"Ouais."

Je la détaille sous la pluie. Elle est toujours aussi belle... mais, malgré nos retrouvailles, je la sens profondément triste. Soudain, le venin du doute s'insinue dans mes veines...

Miss Mystère :
"Qu'est-ce qu'il y a...? Tu veux me quitter, c'est ça ?"

Tout à coup, ses yeux s'agrandissent et un "O" se forme sur sa bouche.

Mathilde :
"Non !! Jamais !!"

Elle approche doucement ses mains de mes joues trempées, le visage déformé par la culpabilité.

Miss Mystère :
"Je ne sais pas... Tu as l'air si triste..."

Je fixe ses lèvres, tremblantes. Le contact de ses mains sur ma peau agit comme une décharge électrique et se propage dans tout mon système nerveux.

Mathilde :
"Ma belle... Tu es gelée..."

Je reste là, à fixer sa belle gueule d'ange. Elle m'a été enlevée trop longtemps pour que je détourne les yeux d'elle. Elle m'entraîne sous un porche pour me mettre à l'abri pendant que la pluie continue de ruisseler sur son visage.

Miss Mystère :
"Je pense qu'on serait mieux chez moi. Je ne pense pas que nous ayons besoin d'une pneumonie en plus..."

Ses yeux se perdent dans les miens. Un voile sombre les traverse un instant.

Mathilde :
"Si tu veux encore de moi..."
Miss mystère :
"Bien sûr que je veux encore de toi..."

Ma voix est un murmure, une douce invitation. Tout ce que je veux c'est être contre elle et la serrer toute la nuit dans mes bras. Est-ce qu'elle se rend seulement compte de ce qu'elle provoque en moi... Sa présence, tout ce qui fait qu’elle est, elle, et pas une autre !!

Miss Mystère :
"Je veux que tu passes la nuit avec moi ?!"

Elle me dévisage et je détourne les yeux, tout à coup rougissante. Pourquoi est-ce qu'il est toujours si difficile de lui dévoiler mes sentiments...? Puis, elle me serre contre elle et prend mes lèvres avec une passion brutale, presque désespérée. Tout mon corps se relâche, toutes mes peurs disparaissent. Il n'y a que la douceur de ses lèvres, la chaleur de sa peau et son souffle court qui caresse mon visage. Je lui rends son baiser avec une ardeur dévorante. Comme si je retrouvais enfin l'oxygène qui m'avait tant manqué. Comme si je redevenais simplement la femme faite pour elle. Pour vibrer au rythme de ses baisers. Je plonge mes petites mains sous sa veste. Je palpe le contour de sa taille à travers son tee-shirt. Je ne veux plus la lâcher. Sans cesser la danse de la langue autour de la mienne, elle descend ses mains sur le bas de mes reins et me presse contre elle.
Nous nous moquons bien des passants, de l'orage. Nous nous sommes retrouvées et nos corps se veulent comme ils ne se sont jamais voulus. Lorsqu'elle retire ses lèvres, elle doit me soutenir un peu par la taille. Je suis pantelante. Puis elle attrape ma main et m'entraîne...

Mathilde :
"Viens."

Je la laisse m'entraîner dans l'allée de ma résidence. La voiture de Daryl redémarre et quitte la rue en silence. Nous passons la grille avec empressement. Mon cœur bat comme celui d'une ado. Sa main me tient fermement. Animé d'une détermination qui ne fait qu'annoncer la suite des événements... Lorsque nous arrivons à l'appartement, Mathilde m'entraîne rapidement dans la chambre et referme la porte d'un coup de pied. Topaze nous a vus passer comme des dératés devant son tapis. Il n'a pas bougé d'un millimètre. Elle me plaque contre la porte, attrape ma cuisse dans sa main et je sens son corps se tendre contre le mien, pendant qu'elle laisse courir se lèvres dans mon cou.

Mathilde :
"C'est ça que tu veux ?"
Miss Mystère :
"C'est toi que je veux..."

Elle attrape ma main qu'elle plaque au-dessus de ma tête et aspire mes lèvres avec une troublante brutalité, tout en se collant à moi. Je sens qu'elle a tout prévu puisque je sens le gode ceinture toucher mon entrejambe ! Je n'ai jamais ressenti une envie aussi farouchement avide pour une femme... Elle me rend complètement dingue.

Mathilde :
"Je vais te donner ce que tu veux..."

Elle m'attrape par la taille pour venir m'asseoir sur la commode et se presse contre moi. Elle dénoue rapidement le nœud de la ceinture de ma veste trempée pour la faire glisser le long de mes épaules, puis de mes bras. Elle s'écrase au sol. Mes cheveux mouillés retombent lourdement sur mes épaules et sur le fin tissu de ma nuisette, révélant les contours de mon corps vibrant et chaud. Le désir ardent que je lis dans ses yeux achevés de me rendre définitivement fébrile. Je tire sur sa veste pour l'attirer contre moi.

Miss Mystère :
"Mmh... J'ai froid maintenant..."

(Tu parles, je pourrais faire fondre la banquise... )

Elle prend ma taille et embrasse mon coup. Son corps pèse contre le mien, me volant un gémissement. Le bois de la commode craque sous nos mouvements. Je sens ses vêtements humides contre moi. J'ai l'impression d'être toute petite dans ses bras. Une petite chose brûlante et affamée. Sans cesser de m'embrasser, elle fait glisser ses mains sous ma nuisette. Elles sont douces, avides, puissantes. Je retiens mon souffle lorsqu'elle mordille mon oreille et qu'elle me murmure :

Mathilde :
"C'est si bon de te toucher... Tu as un corps qui appelle mes caresses..."

(C'est dingue comme de si simples paroles peuvent être aussi sexy dans la bouche de ma belle brune...)

J'attrape son visage entre mes mains. Ses yeux ont changé de teinte ; ils sont devenus sombres, profonds, animés d'une lueur presque animale. Aisément elle me soulève, pivote sur elle-même et m'allonge sur le lit. Je vois cette femme puissante, magnifique, et pourtant si sensible et vulnérable, juché au-dessus de moi. Elle se défait rapidement de sa veste et de son tee-shirt, dévoilant son corps toujours outrageusement sexy. Je retiens mon souffle en l'admirant... Un léger sourire s'étire sur ses lèvres. Elle sait très bien l'effet que cela me donne... Elle remonte lourdement au-dessus de moi. Une main de chaque côté de ma poitrine. Son visage n'est qu'à quelques centimètres du mien ; je sens son souffle chaud sur ma bouche. Ses yeux fixent mes lèvres tandis que ses hanches s'insinuent lentement entre mes cuisses.

Miss Mystère :
"Prends-moi..."

Ses lèvres s'écrasent sur les miennes avec une douce volonté. Je ne peux que suivre le rythme qu'elle m'impose. Je suis à elle, offerte. Je vibre toute entière ; je ne suis plus qu'un corps, dans l'attente d'être comblé... Intérieurement, je me dis qu'il est évident que c'est juste impossible d'oublier ce genre de femmes. Notre étreinte devient de plus intense, plus hot, plus charnelle à la fois ! Le désir est tellement énorme... Nous nous aimons, c'est une certitude, personne ne peut nous retirer ce qu'on éprouve l'une pour l'autre.

Miss Mystère :
"T'arrêtes pas..."
Mathilde :
"Je vais te faire grimper au rideau ma belle..."

Elle continue de plus belle son assaut... Nous finissons en cœur par un râle commun...

Mathilde :
"Wahouuuu quel pied..."
Miss Mystère :
"N'est pas... Je..."
Mathilde :
"Dit-moi ?"
Miss Mystère :
"Non rien..."
Mathilde :
"Comme tu voudras je ne te force pas..."

Lorsqu'elles sont entrées dans votre vie, qu'elles ont marqué votre peau, votre corps, votre âme, elles vous possèdent toutes votre vie... J'ouvre les yeux, je peine à lutter contre la lumière... Nous nous sommes endormis très tard hier, avec Mathilde. Quelques courbatures se font sentir. Comme c'est étrange... :-)))
Je me lève pour rejoindre le salon, pensant y trouver ma dulcinée. Mais elle n'y a personne, ni elle ni Topaze. Je remarque alors un petit mot sur la table de la cuisine :

Mathilde :
"On est allé faire un tour avec Topaze."

Je souris. Je vois bien la scène d'ici, elle se levant tranquillement, et Topaze ne la lâchant plus pour avoir son attention...

J'ouvre mon frigo pour boire quelque chose. Je me sens assoiffée. Mon estomac s'est enfin dénoué. Je me sors un verre et je marche vers la fenêtre. Je regarde dans la rue en bas, songeuse. Le soleil est revenu et les passants en profitent déjà. Lorsque je repense à cette nuit, à ces retrouvailles, mon corps en vibre encore... C'est tellement fort. Soudain, la porte s'ouvre et j'entends le souffle de Topaze et ses petites pattes qui trottinent sur le sol. Il colle sa truffe contre ma cuisse et réclame des caresses.

Miss Mystère :
"Hey mon pépère ! La balade matinale t'a fait du bien ?"

Il remue la queue comme pour approuver. En voilà un autre qui a retrouvé sa forme. À croire qu'à tous les deux, il nous manquait la même personne ! Je vois Mathilde entre et refermer doucement la porte. Je contourne habillement Topaze et m'avance vers elle pour lui faire un petit bisou. Ses cheveux sentent bon l'air frais du matin et ses habits sont tout chauds. Elle aussi transpire un peu.

Mathilde :
"Salut."
Miss Mystère :
"Salut !"

Sa voix me paraît tout à coup morne, comme si elle avait perdu son entrain habituel.

Miss Mystère :
"Qu'est-ce qui ne va pas, Math ?"
Mathilde :
"Rien, rien... ça va."
Miss Mystère :
"Vous êtes allés où ?"
Mathilde :
"Je suis allée courir un peu. Le petit gars a bien suivi."

Elle un coup d'œil à Topaze qui ne s'arrête plus de boire. Il s'en étoufferait presque.

Miss Mystère :
"Tu veux emprunter ma salle de bain ?"
Mathilde :
"Non, c'est gentil. Je vais y aller. Je dois passer à la salle ; je me doucherai là-bas."

La salle. C'est vrai ! Elle a dû leur manquer, à eux aussi... Les choses reprennent peu à peu leur cours normal, mais je sens toujours un malaise... Cette histoire de gang plane au-dessus de nos têtes, avec tout le souci que cela suppose. Nous n'en avons pas vraiment discuté, hier soir. À vrai dire, nous n'avons que peux parlés, occupés à bien autre chose... :-)
D'instinct je sens que ce n'est pas vraiment le bon moment pour aborder le sujet.

Miss Mystère :
"D'accord ! Tu ne veux pas manger quelque chose avant d'y aller ?"

Je suis affamée et courbaturée, tandis qu'elle est déjà toute fraiche alors qu'elle a le ventre vide. C'est une force de la nature...

Mathilde :
"Non, j'ai pas faim."

Sa soudaine nonchalance me surprend. Surtout après la chaleur dont elle a fait preuve toute la nuit...

Mathilde :
"On... On se voit demain, ma belle ?"

Elle semble hésitante, presque inquiète.

Miss Mystère :
"Oh... Pourquoi pas ce soir ?"
Mathilde :
"Ce soir, je pensais m'occuper un peu de ma bécane..."

(Ouais. Je comprends surtout qu'elle a besoin de se retrouver un peu seule...)

Elle me fait un petit bisou, en caressant tendrement ma joue avant de me dire au revoir. Le comportement de Mathilde me laisse un peu dubitative. C'est évident que toutes ces histoires l'ont autant affecté que moi... J'aimerais tellement savoir ce qu'il se passe dans sa tête parfois ! Tout à coup mon téléphone sonne. C'est Daryl ! Je reçois une vive décharge au cœur. Lui et sa manie d'apparaître lorsque sa sœur disparaît...! Qu'est-ce qu'il me veut encore ?

Miss Mystère :
"Allo..."
Daryl :
"Salut. Est-ce que ma sœur est encore chez toi ?"
Miss Mystère :
"Elle vient de partir."
Miss Mystère :
"Je peux peut-être passer un message...?"

Mon cœur bat de plus en plus fort. Je n'ai pas envie d'un autre drame, d'une révélation de plus...

Daryl :
"Tu lui diras que j'ai réglé le problème."

(Quoi...?)

Miss Mystère :
"De... Quoi...? Qu'est-ce que tu veux dire...?"
Daryl :
"Que tu n'as plus à t'inquiéter pour ma sœur."
Miss Mystère :
"Daryl, qu'est-ce que tu..."

Il me coupe la parole. J'entends qu'on parle derrière lui.

Daryl :
"je dois y aller. À plus..."

Lorsqu'il raccroche, je fixe mon mobile. À moitié soulagée et à moitié inquiète. Qu'est-ce qu'il a fait pour "régler le problème"...?

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