Louis

de Image de profil de CharlesBCharlesB

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J'étais invitée VIP d'un colloque. Mais pas VIP VIP (j'avais un bracelet vert, le carré encore plus vip un bracelet noir), j'y vais, après une folle course pour trouver l'entrée invités, je rentre. Le staff est très aimable, en majorité des jeunes plutôt canons. On m'escorte jusqu'au carré VIP, encore plus proche de l'estrade que la presse. On me dit que je peux me mettre dans le bloc central, dans la deuxième moitié. Je dis OK, une « famille » est en plein au milieu, je me mets derrière eux. Je suis très très en avance. Tant pis, je suis heureuse d'être dans l'enceinte, les non-VIP attendent encore dehors. Je regarde la mise en place, je regarde mon téléphone, je pense à mon concours blanc (je suis en plein dedans), je suis contente d'être là. Un groupe de jeunes du staff s'installe, à quelques rangs de moi. Ils sont beaux, jeunes, sveltes, je les regarde, mais pas plus que ça. Ils n'ont rien de vraiment particulier, ils sont beaux, bien habillés, souriants, mais non, ils ne me plaisent pas plus que ça. Une belle brochette à manger mais qui ne vaut pas le coup d'une photo pour Instagram.

La famille devant moi est insupportable. Enfin bon, j'essaie quand même de capter un bonjour des garçons, sans succès. Et puis la salle est vide. Retour à mes pensées. Petit selfie dans mon manteau des grandes occasions, avec mon sac Céline. Je suis plutôt mignonne. Mais pas assez pour les mecs devant. Tant pis, je viens pour le colloque ! Je commence quand même à regretter d'être arrivée aussi tôt. Et le groupe bouge un peu. Et un nouveau arrive. Je reste sans voix.

Qui est-il ? D'où vient-il ? Oh, comme il est beau ! Comme il est beau ! Beau ! Comme il est agile, gracieux, doux, élégant ! Il semble un peu pédant. Mais qu'il est beau ! Coup de foudre. Réellement. Coup de foudre. Je ne sais pas qui c'est, peu importe. Il est merveilleux. Une merveille. Une révélation. Il est grand, brun, une allure de fou. De fou. Je reste bouche-bée, les yeux écarquillés à le regarder. Il le remarque je crois, puisqu'il me lance un discret « Bonjour », rien de plus. Pas grave. Il faut que je le regarde. Mes yeux ne le quittent pas. Je suis fascinée. Fascinée. Comme il est beau ! Comme il est beau ! Il s'en va en coulisse. Revient en grimpant sur les chaises blanches dans son ensemble bleu marine qui lui sied à ravir. Il a la souplesse, la majesté d'un lion. Il est beau purée ! Il joue sur les chaises comme sur les battements de mon cœur. Il repart, revient, continue de monter sur les chaises. Quelle impertinence si gracieuse ! Quelle beauté ! Quelle majesté ! Une grâce féline, une allure divine. Je me demande comment faire pour lui parler, savoir qui il est, me présenter, je sais pas moi, mais quelle frustration de ne pouvoir que le voir ! Et quelle joie de pouvoir le contempler sans me ridiculiser ! Deux jeunes garçons du staff ont rejoint la famille, l'un deux crie à trois reprises « Louis ! Louis ! Louis ! ». Je comprends que celui qui fait battre mon cœur en est le Roi. Louis ne répond pas, n'entend pas. Il n'est pas là. Il grimpe sur les chaises, s'en va, s'en vient.

La salle se remplit, des bracelets verts sont devant moi. J'hésite à gravir les rangs. J'ai peur que le banc de garçons ne pensent que je ne me rapproche que pour mieux les draguer. Je reste. Je change de rang ! Louis est avec les garçons. Pas devant moi, dans un premier temps. Puis, je ne sais pour quelle raison, il se retrouve devant moi. Il est grand. Si grand que lorsque les intervenants parlent juste à côté du pupitre, je ne les vois plus. Je suis un peu contrariée, mais comme il s'agit du dos de Louis, qu'importe. Je ne sais pas qui il est, je ne vois en lui que son élégance, sa fougue, sa beauté pure. Il n'est pas très beau en soi, il a un visage un peu particulier, mais il est beau d'une autre manière. Il est vraiment beau. Le colloque passe, grâce à mon voisin j'ai une bouteille d'eau (oui oui, des bouteilles d'eau fraîche Nestlé Pure étaient distribuées!!), et à force de boire vite, d'être obligée de rester dans la même position, j'ai très très envie d'aller aux toilettes. Je ne peux bientôt plus me lever. Un peu la honte pour plaire à un mec. Je prépare ma carte de visite, numéro au dos. Prête à lui donner. Et, vers la fin, je me dis qu'il faut que je lui donne assez rapidement, sinon il va partir et plus jamais je ne le reverrais. La fin arrive, je fais l'effort de me lever, Louis tourne sa tête.

J'attrape son regard, lui tend ma carte en disant « Bonsoir, tenez, voici ma carte », il la regarde, me regarde, dit « Ah oh euh, merci » et la range délicatement dans sa poche. Je suis surprise par sa délicatesse. Je pensais qu'il allait la prendre et me répondre plus froidement, pas étonné pour un sou et la ranger brutalement dans son manteau. Je suis encore plus sous le charme. Je l'aime déjà. Et il s'en va déjà.

Je veux encore sentir cette folle envie de défi, je veux encore connaître la passion de la conquête. A m'en brûler l'être. Je veux me brûler l'être de vaines passions, d'amours tragiques sans aujourd'hui ni lendemain, consumer mon âme en paradoxes, mouvoir mon corps comme une flamme, rougir de rage, rugir de désir. Que mon cœur soit l'âtre de tous mes embrasements. Qu'il attise mon âme jusqu'à en faire l'étincelle du bûcher de l'enfer.

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Commentaires & Discussions

Un bien drôle de choixChapitre2 messages | 5 ans
Au royaume des aveugles, le borgne est RoiChapitre4 messages | 5 ans
MademoiselleChapitre0 message

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