Chapitre 19 : La visite à un être cher

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La discussion allait de bon train. Quand une facette de notre culture intrigua Misrord, il me posait des question et nous en débattons. Il savait déjà beaucoup de chose sur mon peuple, mais il semblait que l’entendre de ma bouche lui permettait de mieux appréhender ces rîtes inconnus.

« Nous n’avons pas une culture qui voue un culte important aux morts. Souvent quand un membre du clan part, c’est qu’il estime qu’il est tant pour lui de le faire et nous respectons sa décision en ne nous appesantissons pas sur son sort. Mais parfois c’est dure et je comprend que nous ayons besoin de le faire. Ce fut le cas pour ma mère… » Il fit une pause dont je compris toute l’ampleur. Il me confirmait ce que j’avais supposé plusieurs heures plus tôt. Sa mère était morte de façons violente, sans préparation. Une perte soudaine et tragique difficile à cicatrisé surtout pour un enfant. Nalah faisait parti de ces mêmes victimes, celles qui ne nous préviennent pas de leur départ et nous manquent trop. Je savais désormais vers quoi se tournerai notre discussion, je ne voulais pas l’en empêcher. Misrord avait fait attention à éviter le sujet toute notre promenade mais je me doutais qu’il gardait un but en tête.

« Je me disais que tu avais besoin aussi de le faire. Bien sûr ce n’est pas pour que tu l’oublies, ou qu’importe mais pour te soulager un peu. Je t’ai vu hier tellement en manque de la sentir près de toi et de lui parler. Peut-être que lui rendre visite te ferais du bien ? »

Je le regardais un instant perdue même si je comprenais ce qu’il voulait me dire. Je le faisais, aller la voir, quand ce n’était pas trop dure pour moi de me reposer sur sa tombe. Cette fois c’était définitivement différent, Misrord serai avec moi, comme pilier et témoin. Ainsi le besoin de la voir grandit à mesure que l’idée prenait du sens.

Les yeux de mon mari se firent de plus en plus encourageant et je hochai de la tête. « Allons-y mais je t’en conjure guide moi je ne serai pas le faire seule, c’est bien trop compliqué. »

Misrord me donna un sourire tendre et pris les devant en tenant ma main. On marcha quelques minutes sortant des délimitations du jardin médicinal pour traverser l’herbe grasse. Sa tombe se trouvait perdue au milieu de cette prairie parce que Bruder voulais quelle soit visible depuis notre chambre. Il n’y avait pas vraiment de panneau de pierre visible, la seule façon de savoir qu’elle reposait là, était les centaines de fleures mauves qui poussaient autour. Elles s'étendirent avec le temps mais elles gardaient toujours un centre plus fournie. Je savais qu’à cette endroit, une pierre moussue avait été déposée, on y avait gravé son nom et son âge : Nalah, un an.

Misrord me lâche la main à la lisière du parterre, il savait que le chemin que je devais faire avec lui était fini, désormais je devais m’avancer seule. Ce n’est pas une épreuve pour moi j’en mourais d’envie. Délicatement sans écraser les pétales des fleures, je m’avançai vers là où je savais que se trouvait le corps de ma fille. Cela faisait quatorze ans maintenant, mon rituel s’installai dans mes geste. Je sentis le regard dans mon dos de mon nouveau mari, il comprenait et veillai sur moi. Le soulagement que j’y ressentis fut grand.

Arrivé à l’endroit où la terre était surélevée, je m’accroupis. Ma main vient frôler les plantes qui bougeaient légèrement sous mes doigts jusqu’à ce que je bute sur la pierre. La sensation râpeuse sous ma paume me rassura, elle était placée à l’emplacement de la tête de ma fille. C’est un privilège à laquelle peut de gens du clan avait droit, seuls les figures dirigeantes ou estimés importantes par la communauté y faisait exception. Nalah a eu ce privilège car elle devait être notre héritière et le peuple voulait lui rendre hommage, les morts infantiles n’étaient pas vraiment répandues chez nous et on l’associait souvent au Guide Lôna, enfant mort-née, tuée par son père.

« Bonjour, ma fleure, je viens enfin te rendre visite. Je n’en ai eu le courage que grâce à quelqu’un. Tu sais que c’est dure pour moi. » Ma voix était basse, je parlai lentement comme à un bébé endormis. Je voyais encore ses petits poings fermés encadrant son visage paisiblement endormi.

Ma main vient caresser la pierre comme j’aurai caressé ses courts cheveux bruns. Mes larmes coulaient doucement sur mes joues pour venir perler sur les pétales mauves. Je sentis mon coeur se serrer. Je ne sus rien dire de plus car mes sanglots bloquaient les sons dans ma gorge mais intérieurement je priai, je me recueillais, je lui parlais. Je lui transmettais toute mes craintes, et mes échecs, mes peurs et mes désires. J’arrivai seulement à ne prononcer qu’une parole : « Tu me manques. »

Mes yeux se levèrent vers le ciel, le soleil se couchai enfin, les tons oranges, roses et mauves investissaient l’aquarelle que m’offrait l’horizon. Puis je m’effondrais un peu plus, je viens me coucher sur le sol. Après lui avoir parler j’ai toujours eu besoin de me sentir le plus proche d’elle, peau contre terre, la main toujours contre la pierre. Et j’y restai des heures, parfois je m’endormais apaisée et en me réveillant j’étais sous le ciel étoilé, dans un noir accueillant qui laissai libre court à mon imagination.

Cette fois-ci au bout d’une vingtaine de minutes, je sentis une présence rassurante se pencher au dessus de moi. Misrod me regardai, il vérifiai que j’allais bien, s’assurai que je n’avai rien. Sa main vient prendre la mienne, et je l’entendis parler dans sa langue natale, celle que je comprenais sans la connaître, celle qui faisait vibrer quelque chose en moi. Je compris alors qu’il lui parlai aussi, il la rassurai, lui disait qu’il s’occuperai de moi du mieux qu’il le puisse.

Je savourai ce moment, où un guerrier ressentit le besoin de se recueillir auprès d’un bébé. J’enregistrai pour cette image toujours dans ma mémoire. Je pense que ce fut à cet instant que je pris conscience que cet homme allait changer ma misérable existence. Je voyais enfin sa vrai douceur, sa véritable personnalité, sans douter de lui, comme je le faisait de tous les hommes.

« Tu permets que je reprenne ta mère, elle doit se coucher. » Je ne sus dire si ces paroles étaient dites dans son dialecte ou dans le mien mais je compris qu’il était temps pour moi de lui dire au revoir. Je la reverrai l’année prochaine encore je l’espère avec cet homme.

Misrord me prit dans ses bras pour me soulever, par réflexe ma main vient s’accrocher à son cou. Il ne fit aucun effort, je ne devais pas être un poids lourd pour lui. Il fit de nouveau ce geste de tendresse qui me surprit en m’embrassant sur le front puis il sorti du champs de fleur sans en dérangés aucunes.

Le retour se fit dans un silence reposant, je somnolais contre son épaule. Je savais qu’il se dirigeait vers la chambre pour aller nous coucher, nous n’avions pas manger mais je n’en ressentais pas le besoin pour nous deux la collation du midi nous avait suffit et je m’étonnais de voir à quel point nous nous étions adaptés l’un à l’autre.

Mon esprit continua de divaguer jusqu’à m’imaginer mon lit.

« Vas-tu encore dormir sous forme de loup près de moi ? » Ma question était innocente, je n’attendais rien en la posant, qu’il le face ou pas m’importe peu.

« N’auras-tu pas peur de moi si je le fait ? » Misrord avait mis du temps avant de me répondre, il s’inquiétait vraiment de ma réaction.

L’ambiance nocturne, dans laquelle j’étais, me rendit plus douce et entreprenante, j’embrassai sa joue en lui murmurant à l’oreille, ne sachant pas parler à voix haute tellement j’étais prête à dormir : « Tout ce que j’ai ressentit, la première fois que je t’ai vu, fut de la fascination. Tu es magnifique et tellement familier. Je n’ai pas peur de toi pas autant que dans ta forme humaine. »

Misrord grogna et je le sentis resserrer son étreinte. Quand il la desserra, il tourna son visage vers moi pour presser son front contre le mien. Cette action me réveilla légèrement, je n’étais pas habituer à ce genre d’intimité.

« Merci, de m’accepter dans cette forme. Cela représente beaucoup pour moi. » Son souffle et sa voix rauque glissa sur mon visage et je me sentis tout d’un coup rougir. Gênée, je me détournais rapidement de son regard pour qu’il ne voit pas mon trouble même si je l’entendis respirer fort ce qui me laissait comprendre qu’il sentait mon odeur et toutes les informations qui y étaient cachées.

Misrord marchai encore dans les couloirs, alors que j’espérais tant rejoindre mon lit, je me mis soudain à le redouter. L’homme savait ce que je ressentais et le débat émotionnel qui se faisait rage en moi. Pourtant il ne parla pas ce qui me permet de faire semblant de mettre assoupis. Je ne comprenais pas pourquoi d’un coup je me retrouvais comme une enfant de seize ans devant cacher des choses dont elle n’avait pas conscience de leur puissance. Malgré les épreuves des derniers jours, le sérieux et le désespoir qui me suivaient depuis une décennie, j’avais à l’instant rajeunis pour presque oublier qui j’étais. Mais ce qui fit naitre de la honte en moi, était mon espoir que cela reste, que cela s’imprègne dans mon être pour profiter de ses sentiments naissants alors que je m’étais jurer de ne pas en arriver là.

L’homme loup ne me laissa pas terminer ma réflexion, en arrivant dans la chambre, il me déposa debout sur le sol en pierre. De la nouvelle paille avait été installée et désormais un tapis épais ainsi que des coussins et des peaux d’animaux trainaient au sol. Les meubles avait été repoussés un maximum aux extrémités de la pièce, laissant un espace gigantesque au centre de celle-ci. D’une pression sur l’épaule, mon mari me fit avancer vers le centre de la chambre pour ensuite m’aider à m’assoir sur le monticule qui rendait la pierre confortable.

« Nous avions l’habitude de dormir au sol, cela est plus pratique pour nos formes animales qui ont besoin d’espace. » Il fit une courte pause, réfléchissant à ce qu’il voulait dire ensuite. Je ne voyais pas son expression puisqu’il était derrière moi mais je l’imaginais bien. La tête penchée sur le coté, les sourcils foncés, il avait tendance à se mordiller la lèvre inférieure quand nous traitions d’un sujet qui mérite une réflexion plus approfondie.

Alors pour l’encourager à poser sa question, je me retournai et lui sourit. Cela eu l’effet escompté, en plongeant ses yeux dans les miens, sa langue se délia : « Je ne veux pas déranger le personnel, nous avions trainer tard et ça me gênerai de devoir faire appel à eux pour te préparer à te coucher. Me permet tu donc de t’aider, je comprend par ailleurs que tu veilles le faire seule, je peux attendre.

— Non c’est bon. » Ma réponse fut précipitée, je me retenais de rire. Misrord avait ce regard hésitant d’un jeune adolescent demandant à la première personne qu’il côtoie en intime de la toucher. De la tendresse naquit chez moi à son égard, je me retourna entièrement dos à lui et lui fit totalement confiance. Mes cheveux étaient attachée en couronne ce qui lui laissait libre accès au lacet de mon corset. Il en défit le noeud doucement puis délicatement il me desserra le vêtement.

Ses mains éloignèrent les manches de mes épaules pour complètement me retirer la robe. Puis il défit les attaches de celle-ci commençant par le buste. Ses mains était chaude et je les sentais au travers du tissu de mes sous vêtements. J’en frissonnais, comprenant que ce n’était cette fois pas de peur.

« Veux-tu mettre ta robe de nuit, celle que je regrette d’avoir critiqué. » Je ne pu retenir un hoquet de surprise, il avait parlé au creux de mon oreille. Cela me surprit. Je déglutis difficilement sentant un frisson encore plus intense et chaude se répandre dans mon corps. J’essayais de reprendre ma respiration et hochai de la tête craignant que ma voix trahisse mon état. Alors je le sentis s’éloigner de moi, pour se diriger vers le coffre où reposait mes affaires. Je profitais de ce moment d’inattention de sa part pour retirer le reste mes vêtements. J’utilisais une couverture pour me couvrir avant de remarquer que ma nudité avec lui ne semblait plus me déranger.

Misrod me tendit le vêtement, que j’enfila le plus rapidement possible bien que les yeux de l’homme ne s’attarda pas longtemps sur mon corps, vite occupé à défaire ses propres habits. Misrord m’avait dit qu’il ne pouvait être attirer par une femme qui n’était pas consentante, à ce moment là il illustrai parfaitement ses paroles.

Je profita de cet instant loin de lui pour me reprendre en main et m’installer confortablement sous quelques couches de laine ayant peur d’avoir froid sur le sol. Je n’avais fait qu’une nuit dans cette position et je n’étais pas au fait de comment cela pouvait se passer. J’étais couchée et je commençais à fermer les yeux quand du mouvement se fit derrière moi. J’entendis des os se craquer, un grognement lourd et bestial résonner dans la pièce, et l’instant d’après, une masse noirs s’affaissa contre moi. La chaleur me submergea immédiatement et je suffoquait presque sous mes couverture en peau de mouton que j’éloignai immédiatement de moi.

« Bonne nuit. » Me dit une voix profonde à travers mon esprit. Je lui répondis dans un murmure à laquelle il répondit en frottant son museau sur ma joue. Puis sa tête s’effondra au dessus de la mienne, une patte se posa en travers mon corps et le cocon dans laquelle je me trouva m’aida à me plonger dans un sommeil où les rêves étaient heureux, peuplés de canidés gigantesques jouant à se poursuivre

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