Chapitre 15 : La sortie de la tourmente

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Le souvenir du corps inerte de Nahla revenait chaque année, je savais que Bruder allait arriver pour me le rappeler lui aussi. Pourtant en sortant de trans l’espace d’un instant, je remarquais que Bruder n’était toujours pas arrivé, je pris une inspiration tremblante. L’air ne semblait pas parvenir jusqu’à mes poumons. « Il ne viendra plus je vous l’assure. » Soudain, une voix douce me parvient et je sentis cette caresse contre ma joue. Elle essuyait mes larmes et essayait de m’empêcher de me gratter. Mon esprit tentait de relier les informations pour comprendre l’environnement dans lequel, je me trouvais.

Misrord était sorti chassé pour le repas de ce soir, je ne m’étais même pas risquée à le voir se transformer respectant son choix, retournant immédiatement dans ma chambre. Elle avait peu à peu perdu ce qui appartenait à Bruder remplissant l’air de l’odeur chaude du loup. Mais le bruit du tonnerre m’avait ramenée à un soir douloureux où ma fille, Nalha avait disparut avec mes rêves. Mon corps s’était tendu à chaque bruit alors que ma raison ne cessait de me rappeler la mort de Bruder. Mais tout était inscrit dans ma peau et je m’étais effondrées dans un coin de la pièce, gémissante. Loin de ce lit de malheur, de l’âtre de douleur, de cette fenêtre d’horreur. Les délires, les souvenirs me prirent et je finis par perdre la notion du temps. Madhaig avait surement dû me rejoindre à ce moment-là.

J’essayais de reprendre ma respiration avec l’aide de ma femme de chambre, je voulais conserver cette lucidité qui m’était revenue pour reprendre des forces mais l’épreuve fut dure. Un énorme fracas se fit entendre contre la porte. Mes sens se remirent en alertent s’attendant à revoir Bruder entrée dans la pièce. Pourtant je ne pu concevoir le soulagement qui m’envahit en entendant cette voix : « Cela fait quatre jours que j’essaye de la voir, dégagez avant que je vous fasse traverser le couloir en volant. » Du mouvement se fit et Madhaig se releva pour accueillir la bête pendant que je me concentrais. La violence dont il faisait preuve s’additionnait à des souvenirs. Une tête, un coup, un mensonge. « Ce n’est pas vrai » me murmurai-je pour calmer ma respiration. « Concentre-toi, chasse les…

— Mon seigneur, ma dame se prépare pour vous accueillir. Veuillez attendre dehors. » La voix de Madhaig était douce, calme et mesurée, elle essayait de nous calmer tous les deux.

Misrord grogna, et tapa du poing sur le chambranle de la porte. Je frissonnai et me tendis comme ma dame d’honneur, pourtant elle reprit la parole : « La violence ne sert à rien sauf faire ralentir les choses. »

Il souffla et s’éloigna de la porte.

« Cette pièce empeste la peur. Je te donne une minutes pour en finir avec elle, après ça je rentre que tu le veuille ou non. »

Il referma lui-même la porte et je l’entendis s’adosser à celle-ci pour attendre.

« Bien Ma Dame, relevez-vous. Nous devons arranger au moins votre coiffe. Ayant déjà humer l’air, l’odeur de vos vêtement ne vas pas le déranger. » S’activa-t-elle en reniflant.

Elle me prit les deux bras en disant ces mots et me tira vers elle. M’habiller lui importait peu, elle espérait simplement me redonner raison. Mes jambes eurent du mal à s’activer, cela faisait donc quatre jours que… Mon regard accrocha la fenêtre, il ne pleuvait plus, le ciel était bleu, illuminé par un soleil chaud qui se reflétait dan les goutes de pluies. Une tache mauve se répandait sur l’herbe verte. C’était elle, qui me montrait sa présence selon nos traditions. Ma main s’agrippa de nouveau sur mon bras. « Ma Dame, je vous en pris. » Mais de nouveau, je ne l’entendus plus. Un rire d’enfant secoua tout mon corps mais je fus la seule à l’entendre. Madhaig essayait de me tresser les cheveux en vitesse.

« Bon j’en ai assez. » Une minute ne s’était sûrement pas écoulée ou bien étais-je trop ailleurs pour mesurer le temps ? La porte s’ouvrit, la grande stature de Misrord se fit sentir dans mon dos, alors que Madhaig essayai de cacher qu’elle essuyai mes larmes et se recula elle dit : « Ma Dame, je vais vous chercher un thé et de quoi manger. Je vous pris de m’excuser. » Elle partit.

Misrord s’approcha de moi et posa une main tendre sur ma joue humide. Une réaction très contradictoire émergea dans mon cerveau. Je voulais m’éloigner de tous contactes masculins mais je voulais aussi me rassurer sous sa caresse. Finalement, il fit ce qui était le mieux, ses bras me rapprochèrent de lui dans une étreinte réconfortante. Mon menton trembla et des larmes chaudes coulèrent sans retenue sur mon visage. J’avais toujours mon regard plongé au loin vers ce bout de terre où elle reposait.

Après un petit temps, mon souffle se calma et sa main vint caresser le haut de ma tête. Le mouvement répété m’apaisait et je sentis bientôt mes yeux se fermer d’eux-même. Je compris que la tension de ses derniers jours sans sommeil ou presque avait quitté mon corps en sa présence, et me laissa épuisée dans se bras. Je voulais dormir et je me rappelais que Misrord atténuait mes cauchemars. Ma joue se cola un peu plus sur son large torse où j’entendais les battements de son coeur qui devait avoir le même rythme que celui d’un loup. Je fermais les yeux et me laissais bercer.

Il me murmura quelque chose que je n’entendis pas et me garda un instant dans ses bras puis il nous coucha en me gardant dans cette position. Ma tête contre son torse, ses bras autour de mon corps. Enfin, tout devient doux et chaud comme dans un rêve, un vrai rêve sans ombre, ni démon.

Mon esprit se réveilla après une longue période dans le noir. Le paysage autour de moi était blanc, quelques arbres épars traduisaient la présence de l’hivers dans ces lieux. Pourtant malgré la neige et ma fine robe de chambre, je n’avais pas froid. Je me sentais même entourée par une chaleur douce et protectrice.

Je m’avançais dans ce lieu qui semblait infini, espérant y trouver quelque chose. Mes pieds nues ne laissaient pas de trace derrière moi et ça ne me paru pas étrange, j’avançais.

« Arrête-maman ! » J’entendis au loin une voix d’enfant je me mis à courir espérant y voir les miens. Dans mes souvenirs, Ernst avait le même rire cristallin qui résonnait partout dans la forêt. Au bout d’un moment je m’arrêtais, tout tournait autour de moi, où étaient-ils, mes enfant ?

Une lumière rouge fendit le sol, le froid transperça mes os. Mes yeux se rouvrirent sur un bain de sang ? A mes pieds gisaient le corps de mes cinq enfants tout déchiquetés par un animal gigantesque.

« C’est faux ! » Rugit une voix qui n’était pas la mienne. L’image disparut, au loin je vit une masse blanche retourner sur le dos, un autre forme plus petite sur elle. Je me rapprochais encore ne sentant plus le froid mordant qui m’avait transpercée. Je pouvais désormais deviner le corps de deux loups. Le blanc me surplombait en taille et je devais n’arrivé qu’à son épaule, le petit devait avoir la taille d’un grand chient et son pelage blanc lui servait de camouflage.

En percevant les traits des deux animaux, j’eu l’impression que le premier était menaçant envers le deuxième et je ressentis de l’inquiétude pour celui-ci. Le petit loup était clairement l’enfant dont j’entendais la voix après le début. Il ne semblait plus rire et regardant le gigantesque animal dans les yeux.

« Où est ton frère, misérable ? Tu penses que je ne sais pas qu’il est ici ? » La voix de femme qui sortit du souffle du loup blanc résonna comme un vacarme à travers les arbres. J’eu soudain très peur pour l’enfant - le louveteau - qui se mit presque à trembler mais il eu quand même le courage de dire à la louve : « Je ne le trahirai jamais.

— Je vois que tu as choisis ton camps mais j’obtiendrai ma réponse dans la torture si il faut. » Je voulu me précipiter pour l’aider même si cela n’aurait servis à rien face à la bête blanche. Seulement, un rires, ce même rire juvénile qui me rappelai les miens, déchira le ciel sortant de la gueule ouverte du petit loup. Je compris, que ce n’était qu’un jeu qui se déroulait devant moi. La louve sur le corps de l’enfant n’y mettais pas son poids, et chatouillait de son museau le cou du louveteau qui gigotait dans tous les sens.

« Dit moi où est-il ? » Il répondis par un « non » étouffé dans ses rires. Cela me revoyait à mes propres partie de jeu avec mes enfants et j’en souriais de bonheur.

« S’il te plait maman… J’ai mal… au ventre…

— Mon garçon capitulerais-tu ? Me diras-tu où il se cache ?

— Jamais, j’ai dit ! » Les rires reprirent de plus bel. Des rires d’enfant qui me transperçaient le coeur tellement ils étaient joyeux et remplis d’une énergie nouvelle.

Je continuais à regarder le petit louveteau se tortiller pour échapper au caresse de sa mère quand soudain, une autre masse brune surgit d’un buissons et atterrit sur le dos de la mère pour lui mordre le cou. Je retient mon souffle mais les cris clairement exagérés de la louve ne m’inquiétaient pas. Elle fit semblant de se retourner pour échapper à son adversaire mais ses gestes étaient controlés pour ne pas blesser ce qui m’apparaissait clairement être son deuxième enfant.

Le premier loup se releva haletant pendant que l’autre ré attaquai la louve. Il ne se battait pas vraiment même quand la menace doubla pour la mère à l’arrivé de son deuxième fils.

Je ne sus combien de temps ce combat factice dura. Il ne semblait pas changer alors que quelques heures étaient sûrement passé. Heure que j’avais passé à observer les jeux du trio.

« Assez ! » Ordonna la louve qui avait réussi à coincer ses deux petites sous son corps. Ceux-là même qui se mordillait mutuellement pour prolonger le plaisir. La louve réitéra sa demande en montrant les crocs toujours sans succès. Elle releva alors la tête vers moi avec un long soupir, ses oreilles s’affaissèrent de dépit. Elles se relevèrent presque aussitôt quand elle plongea ses yeux dans les miens attirant la curiosité de ses petits qui retournèrent leur tête pour me regarder.

Le bleu hivernal qui colorait chacune des iris qui m’observaient me rappelèrent celles de quelqu’un d’une autre dimension. Le premier à réagir fut le deuxième louveteau pour faire bonne figure car il semblait trop intrigué par ma présence pour agir. La mère le fit taire d’un coup de museau et leur murmura doucement : « Misrord, Lillemord restez-ici, je vais voir. »

La louve se releva et s’avança vers moi. Quand son museau s’approcha de moi, je ne pu m’empêcher de tendre la main. Son corps était chaud et son poile très doux. La louve sembla me sourire et fit un mouvement de patte qui me poussa contre son corps. Je plongeais dans une masse de fourrure douillette qui me rappela la sensation de chaleur et de sécurité que je ressentais malgré l’environnement hivernal. Elle me fit basculer sur le sol.

Quand je rouvris les yeux après avoir pris une grande inspiration de cette odeur fauve, je vis que l’animal avait rapetisser. Rien de différent ne s’en dégageait aucune peur ou inquiétude mais la couleur de son pelage avait changé. Il était désormais de la même couleur que celui du loup de mon premier rêve : noir obsidienne sur le haut de son corps, blanc sélénite sur le dessous.

Je me réveillais en sueur, étouffée dans une masse chaude et gigantesque. En bougeant légèrement pour me retourner face à elle je compris tout de suite. Le loup de mon rêve était face à moi et là où tous mes instincts aurait du m’éloigner de lui en criant, je ne fis que tendre mes doigts pour les voire disparaître entre ses poiles. J’étais fascinée par leur douceur et le reflet irisé qu’il prenait à la lumière de la lune. Je ne compris pas pourquoi, il avait eu peur de me montrer sa forme animale. Ninah m’avait fascinée tout autant que lui ou que la louve blanche de mon rêve, celle qu’il avait remplacée.

Soudain j’entendis un grognement, sous mes doigts je sentis des muscle puissants bouger et je m’écartais brusquement. Le grognement était en réalité un ronflement, qui m’avait surprise par sa force, je reteins un rire et replaçais ma main sur lui mais cette fois légèrement plus haut entre ses deux oreilles baissées. Je le caressais doucement, ce qui m’apaisait aussi. J’étais à la limite de m’endormir quand je l’entendis. Il n’ouvrit pas la bouche, c’était comme dans mes rêves. Des sentiments qui se traduisaient en mots dans mon esprit et qu’il faisait naître en moi.

« Pourquoi es-tu réveillée ? » Je lui laissa le temps de s’habituer pendant que j’assimilais ces mots qui n’avaient rien de brusque. Puis je lui répondis d’une voix douce et basse : « Je me suis réveillée d’un rêve mais je ne sais si il était bon ou mauvais.

— Je pensais que tu ne faisais que des bons rêves avec moi. » Il eu de nouveau un long silence qui s’en suivit. Je ne savais quoi répondre et lui était encore à moitié endormi ce que je trouvais très mignon. Puis subitement, ses yeux s’ouvrirent.

« Merde, je me suis transformé sans le savoir. » Qu’importe, lui répondis-je mentalement. Mes yeux étaient plongés dans les siens, et ceux-ci déjà envoutant sous forme humaine, avaient dans celle-ci quelque chose de mystiques. Leur bleu de glace brillaient désormais dans le noir. Le liseré noir autour de ses pupilles les faisait encore plus ressortir. Puis l'élégance de la forme de son museau ou ses oreilles dressées en attente d’une réaction me paralysaient dans ma contemplation. Ma main se replaça sur le sommet de son crâne et je murmura au creux de son oreille dans un murmure inaudible : « Reste comme ça, je ne suis pas effrayée. »

Son oreille gauche bougea dans ma direction et son regard suivit le mouvement. Je le sentis frôler mon corps et les formes qu’il contenait, pour me jauger. Il craignait que je me retire à n’importe qu’elle moment. Ce moment fit naitre un malaise en moi, qui disparu immédiatement quand il se tendit en relevant la tête. « Tu m’entends. » Je ne savais dire si c’était une affirmation ou une question mais elle me fit lâcher un rire discret. « Je pensais que puisque vous étiez des créatures venant d’un autre monde c’était normale.

— Et bien à ma connaissance non. En tout cas je n’en ai jamais entendu parler dans l’enceinte du château et c’est pour cela que nous restons sous forme humaine.

— Et est-ce un problème ? » Il m’y du temps à me répondre réfléchissant peut-être au conséquence que cela produirait mais j’avais beau réfléchir je n’en trouvais aucune. « En fait je ne pense pas, c’est plutôt rassurant, tu peux me dire si je te fait peur comme ça. » Je sentis sa truffe se poser contre ma joue et ma main vient d’elle-même le caresser sous sa mâchoire puissante. « Vous ne me faites pas peur.

— Je t’en pris tutoyais moi, je suis sur que ce n’est pas la première fois que je te le demande. Je hais la barrière que cela met entre nous. » Je réfléchis, je pensais avoir encore besoin de cette barrière mais dans l’instant, l’intimité qui se créait entre nous me rendait le vouvoiement étrange. « Très bien, tu ne me fais pas peur. » Ce ne fut pas aussi compliqué que ce que je le pensais et je craignais soudain d’y prendre gout quand je vis de la joie étinceler dans ses yeux.

Misrord sourit et glissa sa face contre ma joue. « Ça me fait plaisir. » Sa voix raisonna dans ma tête encore longtemps, elle me procura quelque chose que je m’interdisais toujours de ressentir. « Enfin, j’adorerai pouvoir poursuivre notre discussion mais demain la journée sera longue et éprouvante alors le mieux pour nous est de dormir. » Il glissa sur le coté, me faisant une place contre sa large poitrine de loups dont je sentais émaner une chaleur intense. Je ne pouvais craindre le froids bien que nous étions couchés sur le sol, poser sur de la paille et un tapis épais. Finalement cette forme animale me rassurai plus que celle humaine surement du à mon passé.

En refermant les yeux, je savais que je finirai ma nuit sans aucun rêve. Les nuages de tempêtes s’étaient dissipés et je me sentais enfin apaisée, une seule chose pouvais finir de me combler.

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