24

2 minutes de lecture

De son côté, Grande Gueule se croyait au paradis. Chaque coup lui avait fourni une nouvelle ration d’hémoglobine aux précieuses valeurs nutritionnelles.

— Oh mon pote, merci ! Quel repas ! Regarde comme je grandis grâce à toi.

Nathan ne le voyait que trop bien. Grande Gueule léchait ses immondes babines dégoulinantes du sang de son hôte et de celui de Tim. Sa main en était maculée car la violence des coups de poing avait provoqué d’autres lésions. Grand Gueule faisait pratiquement la taille de sa main. Elle continuait de grossir à vue d’œil.

Ce tableau aussi grotesque qu’affreux acheva de rendre fou Nathan.

— Quand est-ce que tu vas me lâcher, merde ? T’as vu ce que j’ai fait à cause de toi ? Mais qu’est-ce que t’attends pour crever, espèce de sangsue démoniaque ? s’époumona le gamin contre le parasite au sourire indéfectible.

Nathan envoya son poing fermé contre la façade de l’immeuble. Il le garda écrasé et se mit à le frotter sur mur, espérant faire mal à la bouche. Grande Gueule nargua l’enfant.

— Ah non merci, sans façon, gamin. J’ai déjà tellement mangé aujourd’hui que je ne sais plus où mettre tous ces délices.

Nathan ne se découragea pas.

— Et ça ? Dis-moi ce que t’en penses, pourriture !

Il porta la main à sa bouche et mordit sa blessure. Il arracha la lèvre inférieure de son ennemie. Grande Gueule s’était déclarée repue, elle n’en perdit pourtant pas une goutte. Elle darda la langue, aussi grande que celle d’un jeune serpent.

— Miam ! des forces ! des forces !

Grande Gueule couvrait l’intégralité du bras de Nathan. Son poids obligea Nathan à cesser ses coups inutiles. Il pleurait de peur et de désespoir.

Tout ça pour des gants de merde, pensa-t-il une nouvelle fois, comme si cela pouvait changer quelque chose à ce stade. Cette pensée le ramena auprès du souvenir de sa mère qui lui avait si souvent parue trop protectrice. Il aspirait de tout son être à retrouver son étreinte rassurante.

Il s’adressa au monstre en suppliant.

— S’il te plaît, laisse-moi tranquille. Je te le demande une dernière fois. Je t’en prie.

— Tu l’as dit, mon petit ! C’est bel et bien la dernière fois que tu me le demandes.

Sur quoi elle croqua la tête de l’enfant et la déracina de ses épaules. Ensuite, elle s’attaqua à son bras gauche, fit une pause avant le torse et acheva son banquet avec les jambes.

Son repas terminé, Grande Gueule avait atteint l’envergure d’un ado atteint d’obésité. Elle laissa échapper un rot monstrueux.

Aussitôt se leva un vent glacial et de la neige se mit à tomber à gros flocons. Fidèle à ses

habitudes, Grande Gueule s’allongea dans la neige et s’assoupit. Le calme blanc la recouvrit entièrement.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Kyta Mantir ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0