Il rêva qu’un insecte monstrueux lui dévorait le front. Ses morsures le harcelaient tandis que l’insecte poussait des grognement de satisfaction. Au cours de sa sieste improvisée, le soleil avait changé de position. Nathan s’était donc protégé les yeux avec sa main droite.

L’enfant se réveilla désorienté et le front douloureux. Il toucha du bout des doigts l’endroit qui le faisait souffrir. Il inspecta ses doigts et ne douta pas un instant qu’il s’agissait de son propre sang.

Grande Gueule dormait encore. Elle aussi avait rêvé et dans son songe, elle était gigantesque, pourvue de crocs et mâchouillait de la viande humaine.

Nathan se rassit correctement et constata les dernières évolutions de la plaie. Grâce à son précédent repas, la bouche ne s’était pas contentée de grandir. Elle avait également évolué en une gueule mi-humaine mi-animale, pourvue de petites dents acérées.

Je peux plus garder ça secret, c’est en train de me bouffer pour de vrai, se dit Nathan.

Il ne possédait pas le courage de rentrer tout de suite. Il avait beau s’inquiéter pour sa santé — physique et mentale — sa première préoccupation concernait Tim et le reste de l’école. Qu’avaient-ils pensé quand cette Valérie leur avait tout raconté ?

Nathan consulta sa montre. Dix-sept heures quinze. Pas de doute, tous les élèves devaient déjà être au courant.

Mais Tim est mon ami, se raisonna Nathan. Si je lui montre cette foutue crevasse, il me croira. Ça se voit qu’elle n’est pas normale. Peut-être même qu’elle se manifestera. Tim sera mon témoin devant toute l’école. Je ne suis ni dingue ni pervers. Je suis une victime, merde !

Nathan eut foi en ses pensées. Il prit la direction de la maison de Tim, poussé par une ultime bouffée d’espoir.