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La matinée se déroula sans incident notable, à part le fait que Sébastien et Olivier l’aient ignoré durant la récré. Ils lui en voulaient encore de la partie perdue la veille. Nathan s’en fichait : Tim ne lui en avait pas tenu rigueur et sa crevasse, vivante ou non, était en voie de disparition.

Au cours de l’après-midi, la démangeaison gagna en puissance. La concentration de Nathan, déjà difficilement canalisable après le déjeuner, fut anéantie par un irrépressible besoin de se gratter. Conscient que c’était une mauvaise idée, Nathan s’assit sur sa main, pensant ainsi l’engourdir. Il eut immédiatement la sensation qu’on lui pressait la main comme un citron et qu’on en extrayait des caillots de sang.

Nathan posa sa main sur ses cuisses et jeta un œil discret sur sa plaie. L’ombre l’empêchait d’y voir clair. Mais il la sentait remuer faiblement. Devait-il demander à quitter la classe ? Aller à l’infirmerie ? Prendre une décision le terrifiait. Jusque là, ça ne lui avait pas porté bonheur.

La bouche parasite trancha dans le vif. Sans gêne et affamée, elle se mit à tonner :

— J’ai faim. Nourris-moi, nom de Dieu !

— Qu’est-ce qu’il se passe au fond ? Nathan ?

Toute la classe se retourna dans la direction indiquée. Une dizaine de paires d’yeux fixait Nathan comme s’il venait de lui pousser des ailes et des écailles. Il dissimula promptement la main sous son pupitre.

— La ferme, marmonna-t-il entre ses dents à l’attention de Grande Gueule. Il appuya le propos en pinçant douloureusement sa blessure.

— Tu as un problème jeune homme ?

— Non, M’sieur Jacquet.

— Dans ce cas, silence. Les autres, vous avez fini l’exercice ?

— Non, M’sieur Jacquet, dirent quelques uns.

— Alors, le nez dans vos cahiers. Cinq minutes !

Le professeur retourna à ses gribouillages scientifiques.

— Hé ! petit trou du cul ! tu vas me donner à becter oui ou merde ?

Monsieur Jacquet fit volte-face sans accorder la moindre attention à la pile de copies qu’il renversa au passage. Il fonça sur un Nathan paralysé. Ses camarades les plus proches de lui reculèrent de peur sur leurs sièges. Marc, dormeur professionnel devant l’Éternel, tomba de sa chaise en plein ronflements.

Sans y réfléchir à deux fois, le professeur souleva Nathan par le collet et le traina jusqu’à la porte. Le gamin n’eut pas le temps d’attraper ses affaires.

— Mais M’sieur, je n’ai…

— Tu sauras que dans ma classe on traite son professeur avec respect ou en paie les conséquences. Tu es collé et je convoque tes parents. Va chez le CPE. Et je te veux en permanence immédiatement après, rugit Jaquet.

Nathan réprima d’énormes larmes de colère de frustration de ne pouvoir s’expliquer. Ses lèvres tremblaient et menaçaient de laisser passer un sanglot qui lui aurait valu un joli surnom pour le reste de sa scolarité. Il serrait les poings et Grande Gueule s’esclaffait en silence, lui heurtant la chair. Jaquet lui claqua la porte au nez après avoir permis à Tim d’apporter son sac à Nathan.

Le gamin réalisait les gros ennuis qui l’attendaient avec ses parents. Déjà qu’il était collé et n’avait pas encore eu le loisir de leur en faire part, occupé qu’il était à satisfaire au moindre caprice de cette méchante crevasse.

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