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Enfermé dans les toilettes, Nathan négociait dur avec Grande Gueule. Comment faire comprendre à un parasite affamé que ce n’était pas possible de quitter l’école sans justification ?

— Mais j’ai faim, protesta-t-elle, et j’exige ma crème maintenant !

— J’en ai marre de me répéter, Grande Gueule. Je peux pas quitter le collège maintenant.

La bouche ne voulait rien savoir.

— Nourris-moi.

Cela ressemblait plus à un « mouwaaaa » dans l’intention de garder ses lèvres étirées au maximum. La peau, aussi fragile qu’un cocon de vers à soie, se mit craquer.

— Aïe ! Arrête, putain ! T’imagines pas comme tu me fais mal, aïe !

— Nourris-moi, s’obstina Grande Gueule.

Nathan soutint sa main droite avec la gauche, geste inutile qui lui tira une larme. Il eut la terrifiante certitude que Grande Gueule avait la capacité de lui déchirer toute la peau de sa main, si la fantaisie lui prenait. Il en fut épouvanté mais le temps pressait. Il fallait négocier.

— Je te propose un truc.

Il voulut paraître apaisant mais se rendait compte que sa voix était seulement suppliante. — J’ai encore deux cours après la cantine. Ce sera pas long, promis. Si tu patientes sans m’attirer d’ennuis, t’as ma parole d’honneur que t’auras pas à attendre qu’on rentre. Dès que ça sonne, je fonce à la pharmacie. C’est juste au bout de la rue.

Grande Gueule se résigna non sans un ultime craquement de peau.

— Ça va. Mais t’auras intérêt à m’en acheter tout plein !

À midi, Nathan ne toucha presque rien de son déjeuner.

Comment se débarrasser une bonne fois pour toute de cette chose ?

Il avait beau retourner cette question dans tous les sens, il ne voyait aucune solution à ce problème improbable.

Grande Gueule se tint coite jusqu’à un quart d’heure avant la fin des cours. Elle avait fait une sieste pour tromper l’attente.

Mais quand elle se réveilla pendant le cours d’allemand, Grande Gueule avait hélas tout oublié de sa promesse envers son hôte. Elle bailla comme un retraité dans son hamac et lança à la cantonade qu’elle avait bien dormi et qu’elle ne dirait pas non à un petit goûter. Résultat, Nathan fut accusé de paresse et d’insolence et récolta cinq pages de conjugaison à rendre le lendemain, signé par les parents.

Scheiße !

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