Quelle est cette félicité qui m’envahit et pourtant m’étouffe ? J’en connais bien sûr la réponse. Oui, je sais d’où me vient ce trouble de plénitude, c’est à cause de ce beau capitaine de corvette qui accourut à mon secours, il y a de cela presque un mois. Évoquai-je alors le charme de son accent exotique ? C’est piètrement décrire la perfection de noblesse qui habite chacune de ses paroles, de sa personne tout entière. Tels des intrigants de Commedia dell’arte pris en flagrant délit, mon beau chevalier et Mère étaient tapis derrière le kiosque au tapis pourpre et jaune et qui est envahi par les squelettes de ronces. Qu’ourdissaient-ils ? Que faisaient-ils ? Le galant homme ! Je ne connais plus noble démarche que celle de demander permission à Mère de me courtiser. Mais je me fais sûrement des idées. Ce serait plutôt dans le caractère de Mère de jouer l’entremetteuse pour sa fille.

Si seulement Père avait été parmi nous ! Depuis que je fis l’erreur de lui confier cet élan de mon cœur et qu’il me raille pour me rendre chagrine et rire de me voir bouder, je suis affligée de ne rien savoir de plus sur cet homme merveilleux, de ne pouvoir les présenter l’un à l’autre. Oh ! Père, mes pensées vont à vous. Toutes les toquades du monde ne me feront oublier de prier pour le bon déroulement de votre opération. Et s’il fallait supporter la compagnie de votre crampon de caporal pour vous avoir avec moi, c’est un sacrifice que je paierai encore… Oui, je serai une bonne fille.