Anicca
Chaque année à la même période, c’est la même chose. À mesure que le cœur électromécanique d’Anicca faiblit, son autre cœur, celui qui lui ronge la poitrine de flux séreux et de fiel d’amertume, est attiré par la boîte à chaussures. Il l’enjoint par des battements fébriles à fouiller la haute armoire de la loge dorénavant devenue la chambre de Jonah.
C’est l’inconvénient majeur du mode distraction/ennui sans échec en sous-alimentation. Afin d’assurer une régulation sécurisée des humeurs jusqu’à la date de renouvellement, la contention des émotions, bien qu’omniprésente, se fait plus diffuse. Et alors... alors des pulsions resurgissent comme des souvenirs et sont source de tant de comportements erratiques… Ce n’est pas sans raison si la Saint-Valentin, devenue une célébration fériée et familiale, dure dorénavant trois jours. Toute perturbation ne dépassant qu’exceptionnellement le cercle privé, elle est vite circonscrite et classée « incident domestique ».
Certains parlent des trois jours des fous. Anicca a au contraire l’impression d’être plus lucide que jamais, une nouvelle fois.
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