Où la farandole s’envole et les filles pétillent

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Nadège nous dépose vers 20h juste après le Pont des Arènes et nous souhaite d’un air goguenard de passer une bonne soirée. J’imagine même pas à quoi doit ressembler ma tête maintenant. Eric, vingt ans plus jeune, en forme physique et plus rompu à ce type d’exercice n’a déjà pas l’air très frais. Alors moi…

Notre état physique n’altère en rien notre volonté de continuer à profiter des Férias. Eric me dit de le suivre et nous partons en direction de notre prochaine étape, un bar probablement…

Si vous ne vous êtes jamais retrouvé au cœur de Dax le samedi soir des Férias, vous avez raté quelque chose dans votre vie ! Les rues sont bondées de monde au point qu’il est difficile d’avancer, les terrasses de bar débordent, les gens discutent, boivent, rient et dansent à côté les uns des autres. Les bandas passent dans les rues, jouent les rythmes du pays. Je n’avais jamais vu autant de monde depuis la retransmission à la télé du sacrement du Pape au Vatican ! La grande différence est qu’ici, la majorité de la foule est en blanc et rouge et l’ambiance qui en découle est extraordinaire.

Eric m'emmène vers le Bar Basque, apparemment une institution de Dax. En chemin, Eric se fait accoster par bon nombre de gens, probablement d’autres amis et connaissances, qui nous offrent des verres au passage. Il nous faut une heure pour arriver à destination, alors qu’en temps normal cela nous aurait pris dix minutes à peine.

Arrivé au bar, nous retrouvons les amis d’Eric. Du premier coup d’œil, je devine que ce sont eux aussi des policiers. Et je ne me trompe pas ! La police, c’est comme une seconde famille ; même quand on n’est pas en service, on se retrouve. On sort, on mange, on vit ensemble. Un peu comme les profs et les fonctionnaires : seuls nos pairs peuvent nous comprendre.

Les amis d’Eric sont aussi de joyeux drilles. Nous attaquons au sacro-saint Ricard, la boisson anisée fameuse au pays, et les conversations vont bon train. Apparemment, Eric et les autres sont les chanceux : ils ont tiré au commissariat à la courte paille qui sera de service pendant les férias et les présents sont ceux qui ont gagné. Les autres, de service, sont obligés de rester sobre, ont à peine le droit de faire la fête et doivent gérer une clientèle d’ivrognes cent fois supérieure à la normale… On les plaint trente secondes et trinquons en leur honneur, eux qui se morfondent alors que nous nous amusons.

Au bout d’un certain temps que mon état ne me permet pas de qualifier, un membre de la troupe nous fait signe de se mettre en marche. Direction : un autre bar. Le « patron », c’est-à-dire le commissaire, a promis de payer sa bouteille. Nous remontons la rue des Carmes, bifurquons à droite puis à gauche pour arriver dans la toute petite rue des Archers. Nous entrons dans ce bar aux murs en pierre et à l’escalier bifide, pour nous retrouver dans une autre ambiance. Là, au lieu des traditionnels gin-kas, Ricard et autres liqueurs, la féria se célèbre au champagne ! Nous nous frayons un chemin vers le centre et nous retrouvons le Commissaire Lafitte ainsi que sa femme. Celui-ci doit avoir mon âge (donc assez mûr) avec ses cheveux blancs neiges et ses lunettes. En ce sens, je trouve qu’il ressemble à Richard, enfin Commissaire Bergot, mon ami et ancien patron à Méandres, ce qui le rend tout de suite très sympathique à mes yeux. Ceci dit, c’est probablement l’alcool qui pense… Nous sommes accueillis chaleureusement et l’homme n’ayant qu’une parole, le Commissaire commande quelques bouteilles de champagne et remplit lui-même le verre à chacun des membres de sa troupe. J’y ai droit aussi, qu’il me donne avec le respect que deux hommes de notre âge et profession se doivent. L’épouse du Commissaire est très gentille et se mêle à nous avec joie. Nous vidons plusieurs coupes puis le couple nous fait ses adieux pour rentrer. En effet, le Commissaire, qui d’ailleurs n’a bu que du jus d’orange depuis notre arrivée, est de service demain. Alors que nous nous séparons, Eric et moi promettons de passer au commissariat demain pour « continuer la discussion ».

 

De la suite de la nuit il me manque des bouts. Toujours en compagnie des amis flics, nous écumons plusieurs bars, essayons d’autres alcools, dansons et chantons à foison. Dans ce flou artistique, je me souviens en particulier de cette chanson de Sardou, le Lac du Connemara, et d’avoir dansé en rond avec une vingtaine d’inconnus, sautant, chantant et tournant jusqu’à ne plus pouvoir.

La nuit est déjà bien avancée, ou devrais-je dire la matinée entamée lorsqu’Eric et moi-même décidons de rentrer. Bien évidemment, hors de question de conduire vu notre état. Nous optons par la force des choses de rentrer à pied. Quel calvaire ! Si un jour vous allez dans le coin, essayer de gravir la Côte de Saint-Pandelon à pied. Vous verrez à quel point c’est pénible ! Alors imaginez ce qu’il nous a fallu pour y arriver !

Finalement, au petit matin, nous atteignons la maison d’Eric. Ne demandant pas mon reste, je me dirige dans la chambre d’amis et, encore tout habillé, m’écroule sur le lit.

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