Contre-attaque vaine de l'accusation

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Bien entendu, l'accusation se lança dans une violente contre-attaque. Tariq fut estomaqué de la bassesse de leurs arguments, n'hésitant pas à user de mauvaise foi :

– Votre honneur, messieurs les jurés, la Défense essaye de nous faire croire que l'accusé n'est pas coupable, alors que tout le monde sait qu'il l'est. Si vous cherchez au fond de votre coeur, vous saurez que cet individu est coupable, d'ailleurs le juge d'instruction nous a dit qu'il avait son intime conviction, que nous partageons aussi. Comment peut-on avoir l'outrecuidance de remettre en question le jugement d'une cour honorable et de nier cette culpabilité ? Cela devrait être puni, nous nous sentons offensés. La Défense vous dit que c'est à nous de prouver que le cadavre existe, hé bien nous disons que c'est à la Défense de prouver que le cadavre n'existe pas. La Défense a voulu nier la valeur des témoins. Pourtant ce sont des gens biens : des ingénieurs, des professeurs, d'honnêtes commerçants. Ces témoins ont dit qu'ils tenaient tous les faits énoncés dans la lettre pour vrais, et qu'ils le tenaient d'un ami qui connaissait un ami, etc. C'est ainsi que nous faisons depuis des siècles : nous nous transmettons la vérité d'honnête homme à honnête homme. Enfin, la Défense a été jusqu'à nier l'authenticité de la preuve la plus capitale dans cette affaire : la lettre qui prouve la culpabilité de ce criminel. Selon l'avocat du coupable, la lettre aurait été fabriquée par la police. Quel culot ! Tout le monde sait que le texte de cette lettre est authentique, que la Défense n'y croit pas ne nous étonne pas, car pour bien lire cette lettre, il faut le faire avec la conviction qu'elle est authentique. Contrairement à ce que nous dit la Défense, ce n'est pas une lettre écrite par un homme dans le but de faire accuser un innocent, ce texte a été écrit par quelqu'un qui connait la Vérité et a voulu nous la transmettre tous. J'ajouterai ceci : la Défense essaye de démontrer l'innocence de son client en se rangeant derrière la logique et la science. La Défense croit en la “Raison”, alors que nous croyons à notre coeur qui nous dicte notre intime conviction. Chacun ses croyances, je rapelle en outre que souvent la science se trompe, pourquoi ne se tromperait-elle pas au sujet de cette lettre ? Le problème est que la personne qui a pratiqué l'expertise croit aussi en la Raison et la Science, mais si nous confions cette expertise à une personne qui croit à la culpabilité de l'accusé, les conclusions sont toutes autres. Enfin, messieurs les jurés, si l'accusé est coupable et que vous l'acquittez, alors vous libererez un dangereux criminel et c'est toute la société qui est en danger”
Malgré le réquisitoire honteux du procureur, les jurés furent sensibles à l'argumentation logique et rationnelle de la Défense et Tariq fut acquitté. Devant les journalistes, Tariq déclara que la Justice avait enfin triomphé, que l'on ne pouvait pas établir des faits avec le sentiment ni avec des textes à l'origine douteuse, et l'intime conviction conduisait les enquêteurs à essayer de faire de leur suspect un coupable, au lieu de chercher à établir la vérité. Tariq conclut avec ce principe : quelqu'un qui a tort et qui refuse toute argumentation logique en s'accrochant aveuglément à son idée première n'est qu'un idiot et ajouta-t-il, peut devenir dangereux quand cette idée fausse engage la vie d'autrui.

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