Chapitre 45 - Quête d'Identité

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Sauron survola les alentours sur le dos de Sila. De son perchoir, il voyait les forêts abondantes, la cité de Nevrestir, les plaines de coquelicots et, non loin, un large fleuve. Le dragon descendit au niveau de l’eau, les pointes de ses ailes touchèrent la surface, créant une traînée blanche derrière elles. Sauron pouvait apercevoir leur reflet. Il se pencha et frôla l’eau du bout de ses doigts. C’était un sentiment agréable. Il ne s’était pas senti aussi apaisé depuis un bon bout de temps.

C’est agréable de profiter d’un tel moment avant la bataille.

La bataille ?

Oui. Mes compagnons vont mener une grande bataille dans deux jours. Je ne peux les laisser seuls, surtout s’il y a des wendigos.

Sila écouta son nouveau camarade, quelque chose semblait se tramer dans son esprit. Au fond de lui, il savait que si Sauron était le fils de Dovahkiin, alors il devait le servir et le guider. Il fit donc une virée vers la gauche, parcourut quelques lieues avant d’arriver au-dessus d’un pont de pierre sur lequel il se posa. De l’autre côté du pont se trouvait une cité sur une toute petite île. C’était comme une ville de pierre flottante. Sauron observa les environs. Il descendit de la bête et mit pied à terre.

Que faisons-nous là ? demanda-t-il.

Si tu veux que les humains te respectent, alors il faut que tu montres ton implication. En allant à la bataille, tu devras te battre contre les wendigos. Et si tu n’es pas préparé, tu seras épuisé et beaucoup d’entre eux mourront à tes côtés. Cette cité abritait de nombreuses sorcières et des mages. Des démons y errent encore, ne pouvant quitter l’île.

Des démons ? Est-ce que tu insinues que je devrais me battre contre eux ? Mais est-ce vraiment raisonnable de tuer les habitants du royaume dont je suis l’héritier ?

Je comprends tes doutes. Les wendigos ne sont pas des démons avec une conscience. Ils sont comme des animaux, remplis de haine, et ne cherchent qu’à tuer sans but. Certains naissent, mais la plupart du temps, ils sont invoqués et créés par une force supérieure. Ce ne sont pas ceux que tu auras à gouverner.

Sauron regarda le bout du pont. Ce seraient des démons invoqués et créés par Aegnor ? Je ne peux pas le laisser faire. Sila a raison. Si je ne suis pas prêt, je risquerai ma vie et celle des humains. Il saisit sa claymore et avança pas à pas, sur ses gardes. Lorsqu’il mit le pied à l’intérieur de la cité, il sentit une force inconnue l’entourer. Il regarda alors derrière lui mais tout avait disparu. C’était comme s’il avait traversé un portail. Néanmoins, il décida de continuer. Il s’aventura donc entre les ruines. Sur son chemin, des voix le harcelaient, comme si on le suivait. Soudain, il vit une ombre devant lui. Elle avait son apparence et le regardait de loin.

Cet endroit était hors du commun, un lieu hors du monde des humains, mais également hors de celui des démons. Il suivit l’ombre en face de lui, monta des marches surélevées et arriva finalement au bord. Le pont de pierres était détruit et on ne pouvait aller de l’autre côté. Lorsqu’il leva les yeux, il vit son ombre sur la plateforme d’en face. Soudain, elle s’évapora dans les airs.

Sauron allait faire demi-tour lorsqu’il entendit un bruit. Il se retourna et regarda à ses pieds. Ses yeux s’écarquillèrent. Il y avait plus de deux cents wendigos. Il les observa errer au milieu des bâtiments sans faire de bruits. Je comprends. Je suppose que c’est mon entraînement. Ainsi, il sauta à pieds joints dans le tas et arriva au milieu du troupeau qui le regarda. S’ils sont du côté d’Aegnor et non de mon père, alors ils n’attendront pas avant de m’attaquer. Il avait raison. Sans plus tarder, ils arrivèrent de tous les côtés. Tout comme à la cité perdue de Done, ils se jetèrent sur lui. En réponse, Sauron les tranchait, les décapitait et embrochait leurs cœurs de glaces. Il l’avait déjà fait pour protéger Cirth ce jour-là et il retrouvait vite le coup de main. Bien qu’ils fussent plus nombreux, il les tua tous jusqu’au dernier.

Quelques heures plus tard, ils étaient tous à terre. Sauron s’appuya sur son épée, épuisé. Il était essoufflé et des gouttes de sueur recouvraient son corps. L’ombre qui l’avait suivi auparavant l’observait au loin, sans bouger. Alors qu’il croyait en avoir terminé, d’autres créatures arrivèrent des recoins sombres, des sous-sols et des cachettes les plus éloignées. Le jeune homme inspira profondément, ses bras devenaient lourds mais il garda espoir et continua telle une machine de guerre. Il utilisa son ondo, concentré dans son arme.

Lorsque la nuit fut totalement installée, il n’y avait plus d’adversaires. Il s’écroula de fatigue sur le sol recouvert de cadavres et disparut au milieu des corps, recouvert de sang, d’égratignures, de morsures et de sueur. Jamais il n’avait senti autant de douleur le traverser, d’horribles courbatures rendant chacun de ses mouvements difficiles. Il décida de fermer les yeux quelques instants pour se reposer, inspirant et expirant régulièrement. Je pense qu’après ça, je peux combattre toute une armée s’il le faut. Sans s’en rendre compte, il s’endormit là, sur le tas.

Sauron ouvrit à nouveau les yeux. Il se redressa et constata que les cadavres autour de lui avaient disparu. Il était propre, sans aucune égratignure, et vêtu de soigneux vêtements. Il regarda autour de lui et ne reconnut pas du tout les lieux. Il se leva doucement en s’appuyant sur sa jambe gauche et balaya les environs du regard. Soudain, il s’arrêta sur quelque chose ; c’était l’ombre de lui-même qui l’avait guidé aux wendigos. Encore toi ? pensa-t-il. Elle partit soudainement. Sauron la suivit à travers les couloirs. Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent dans la cour d’un château. En son centre se trouvait un magnifique arbre au tronc noir et recouvert de feuilles rouges. Il s’arrêta devant et s’en approcha. Il était émerveillé par une telle beauté. Je n’avais jamais vu un tel arbre de toute ma vie. Il posa sa main sur l’écorce, la caressant tendrement. Il entendit alors des voix lui parler, l’appeler. C’était comme si elles étaient toutes enfermées dans le tronc. Sauron retira sa main, surpris. Il continua son chemin à la poursuite de son double qui se stoppa devant la porte du château, puis s’évapora dans les airs.

Le jeune homme marcha doucement vers l’entrée. Il hésita avant de mettre sa main sur la poignée et poussa la porte, curieux de ce qu’il allait trouver derrière. Il se retrouva dans une très vaste pièce de cérémonie ; des tableaux décoraient les murs, accompagnés de têtes de dragons sculptées. Des bougies illuminaient les lieux et un tapis rouge habillait le sol frais. Il s’avança le long de l’allée, examinant chacun des recoins. Il remarqua ainsi que les tableaux représentaient des portraits d’hommes plus ou moins semblables. Il s’approcha pour mieux regarder puis, arrivé à l’avant-dernier, il vit le visage d’un homme qui lui semblait familier. Il comprit alors que c’était bien son père, Dovahkiin, qui y était représenté, et que les hommes le précédant se trouvaient être les anciens rois des démons. Sauron regarda alors le dernier des tableaux, mais il n’y avait rien. Soudain, la toile vierge se transforma en miroir et il y vit son propre reflet.

— Comprends-tu que ta quête d’identité n’est pas terminée ? demanda une voix venant du bout de la salle.

Sauron se retourna. L’ombre qu’il avait suivie était assise sur le trône. Soudain, elle se transforma. Des cornes poussèrent sur son front, des griffes sur ses mains et même des ailes dans son dos. Il comprit que c’était une copie de lui-même en tant que roi démoniaque. Il s’en approcha doucement, pas à pas, l’observa et écouta ses paroles sans rien dire. Qu’est-ce qu’il essaie de me faire comprendre ? Cela ne suffit pas que j’accepte d’être un démon ? se demanda-t-il. Soudain, elle disparut du siège et réapparut devant la porte d’entrée. Sauron regarda le trône. Il toucha l’accoudoir avant de s’y asseoir. Son regard se perdit dans la pièce avant de se diriger vers son double. Il esquissa un rire narquois et lui sourit.

— Je comprends.

À ces mots, tout ce qui se trouvait autour de lui s’évapora dans une brume obscure et il se réveilla brusquement là où il s’était endormi.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT


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