Chapitre 10 - Rivalité

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Au milieu du campement, Cirth, Sauron, Vorondil et Anario étaient observés de tous. Anario, qui n'avait pas vu son frère depuis un bon bout de temps, et le méprisait autant qu'il l'aimait depuis qu'il avait fondé sa Guilde, posa sa main sur sa tête tel un grand frère protecteur. Vorondil la poussa rapidement. Il n'aimait pas que son frère le traite comme un enfant.

— Qui est ce jeune homme ? lui demanda-t-il, intrigué. Encore quelqu'un que tu ramènes de tes voyages ?

— Oui, on peut dire ça, c'est un nouvel ami, Sauron. Il repartira demain chez lui.

— Raison de plus pour l'affronter maintenant si je ne suis pas près de le revoir. Qu'en dis-tu Sauron ? Tu veux te battre contre moi ?

Vorondil se retourna vers Sauron. La foule le regardait en attendant sa réponse. Il se doutait que s'il refusait, tout le monde serait déçu et on se souviendrait de lui comme un lâche. De toute façon, Sauron ne comptait pas dire non. Il savait très bien se battre, il s'était entraîné toutes ces années avec le forgeron du village, une des seules personnes avec qui il avait tissé des liens. À chaque fois que celui-ci forgeait une nouvelle arme, il apprenait à Sauron comment s'en servir, et lorsqu'il avait du temps libre, il lui enseignait l'art du corps-à-corps. Sauron acquiesça donc, sans se douter qu'Anario allait se battre sérieusement. Il n'avait jamais vraiment accepté la Guilde de son frère et était jaloux de son indépendance. C'est pour cette raison qu'il prenait soin de le lui rappeler dès qu'une opportunité s'offrait à lui. Anario emprunta deux brancs à des soldats, des épées à large et forte lame.

— Maintenant que nous avons pu admirer ce que tu peux faire de tes poings, voyons comment tu te débrouilles avec une épée.

Vorondil et Cirth retournèrent au sein de la foule. Des soldats portèrent le géant hors du cercle, toujours inconscient. Les autres recommencèrent à crier et à s'agiter. Il était presque minuit. Les flammes des torches diminuaient petit à petit. Sauron saisit une des épées à deux mains, se replaça correctement devant son adversaire, le corps légèrement incliné sur le côté. Anario marcha jusque devant lui en faisant tourner son épée avec son poignet. Brusquement, il se lança sur son concurrent. Leurs épées se croisèrent plusieurs fois. Chacun portait des coups violents contre l'autre, mais chaque coup était bloqué. Anario chargea à nouveau. Sauron porta un coup d'épée au niveau de ses jambes qu'il évita en sautant par-dessus. Il tenta alors de lui porter un autre coup avec sa main droite mais Anario était plus rapide. Il l'évita et lui infligea un coup avec la manche de son épée dans le torse, puis dans le visage. Sauron recula brusquement, agrippa son épée et glissa sa lame contre celle de son adversaire tout en remontant jusqu'à son visage. Anario recula d'un bond mais pas assez vite pour éviter une légère coupure sur sa joue. Ils s'arrêtèrent et se regardèrent dans le blanc des yeux en reprenant leur souffle. Anario frotta sa coupure avec sa main puis observa les gouttes de sang sur le bout de ses doigts. Il sourit.

Anario fonça à nouveau sur Sauron. Leurs épées s'entrecroisèrent une nouvelle fois. Il tenta alors un coup tranchant au niveau de la tête de Sauron qui l'inclina à temps. Celui-ci vit la lame passer juste à côté de son oreille sans même la frôler. En reculant pour l'éviter, il glissa dans la boue, et alors qu'il perdait l'équilibre, il fut touché au niveau de l'épaule. Il recula d'un pas puis courut de deux vers l'avant en portant un coup en hauteur. Anario esquiva à nouveau. Il traîna le bout de son épée par terre tout en la relevant pour venir croiser la lame de son concurrent. Il mit toute sa force contre lui. Sauron tenait son épée d'une main et la poussait en serrant l'extrémité de l'autre. Il le fusilla du regard, inspira profondément et, avec brutalité, le fit reculer. Il utilisa ces instants pour porter un énième coup au visage du prince, qui le coupa cette fois-ci au niveau du crâne.

Du sang coulait le long de ses joues et de son front. Anario n'avait jamais paru aussi heureux. Rares étaient les hommes qui pouvaient le défier aussi longtemps. Tout le monde était en alerte. Les soldats reculaient de plus en plus pour laisser davantage de terrain au combat. Il sentait une euphorie monter en lui. Il souriait de plus en plus et ouvrait grand ses yeux. Sauron prit l'initiative de porter le prochain coup. Anario lâcha son épée à terre et, avec ses deux mains, saisit la lame de son adversaire. Il la serra de toutes ses forces, la souleva et l'arracha de la poigne du jeune garçon. Sauron, emporté par le mouvement, trébucha et se cogna contre le sol. Anario prit l'épée par le manche et fonça sur lui. Il lui porta un coup vers la poitrine mais Sauron le bloqua avec ses bras. L'épée s'enfonça alors dans sa peau et du sang coula sur tout son bras. Perdu et un peu apeuré, Sauron scruta l'épée enfoncée dans sa chair.

— Sauron ! cria désespérément Cirth.

— Attention ! ajouta un soldat.

Anario prit son épée qu'il avait laissée derrière lui et se rua vers son adversaire le plus vite possible. Sauron le vit arriver à toute vitesse. Il n'avait pas le temps de réfléchir davantage, il saisit le manche de l'épée plantée dans sa peau, la délogea d'un coup sec pour bloquer l'attaque.

— ARRÊTEZ-VOUS ! hurla Vorondil. Vous allez finir par vous entretuer !

Les deux hommes s'arrêtèrent, essoufflés. Tous deux avaient leurs lames au niveau du cou de chacun. Il aurait suffi de quelques secondes de plus, quelques secondes seulement, et leurs gorges auraient été tranchées. Cirth s'avança et saisit Sauron par le bras pour l'aider à se relever. Vorondil poussa légèrement son frère vers l'arrière pour le faire reculer.

— Je croyais que tu voulais juste tester ses capacités, pas le tuer, remarqua-t-il.

Anario, essoufflé et perdu dans ses pensées, semblait ne pas avoir conscience de la situation dans laquelle il se trouvait. Le jeune prince avait toujours aimé les combats, et lorsqu'il trouvait un adversaire à sa taille, il avait tendance à s'emporter trop rapidement et voulait systématiquement voir jusqu'où ce dernier pouvait aller. Il releva la tête, lâcha son épée à terre et s'approcha de Sauron. Brusquement, il le prit dans ses bras.

— Bravo petit ! Je me suis bien amusé, lui dit-il. Je n'oublierai jamais ce combat ! ajouta-t-il tout en prenant Sauron par les épaules, le regardant droit dans les yeux.

— M-Merci, répondit Sauron, perdu face à l'ampleur du combat.

— Il est vrai que j'ai tendance à m'emporter trop rapidement dans ce genre de situation mais j'ai apprécié chaque moment. Je serai ravi de me battre à tes côtés si l'occasion se présentait.

Il se retourna, se baissa pour ramasser l'épée et la rendit au soldat. Sous les yeux de tous, il s'enfonça dans la foule et repartit de son côté. À ce moment précis, Anario comprit que ce jeune homme n'était pas seulement un formidable combattant mais un garçon exceptionnel qui ferait de grandes choses et, dans son cœur, il le considérait déjà comme un ami et un rival. Les soldats se dispersèrent. La plupart partirent dormir dans leurs tentes, quelques-uns restèrent encore debout à boire de la bière tout en reparlant de ce moment. Vorondil mit son bras sur les épaules de Sauron et le félicita en riant. Il était heureux de voir que son frère pouvait lui aussi avoir des moments de faiblesse.

— Allez viens, on va soigner tout ça ! ajouta-t-il.

Histoire écrite par A.L MATHERS ♥ IG @a.l_mathers

Illustrée par Noémie DUMONT ♥ IG @la_noun

Corrigée par Mélany BIGOT



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