Chapitre 8

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6 juin

 Sans regarder par le judas, Anne ouvrit la porte d'entrée. Leah était là, toujours aussi belle, son visage anguleux auréolé d'une divine chevelure noire ondulant au moindre de ses mouvements. La sensualité débordant de chacun de ses gestes avait le don d'envoûter n'importe qui. Anne n'était plus habituée à sa présence et se laissa prendre au piège en croisant son regard.

 Aussitôt la porte ouverte, Leah s'avança et enlaça son amie. Elle la serra fort dans ses bras en lui caressant la tête et le dos. Anne lui rendit aussitôt son étreinte et blottit son visage contre son épaule. Toutes les tensions qu'elle avait accumulées disparurent et Anne respira librement pendant quelques instants. Puis elle se redressa et referma la porte avant d'entraîner Leah vers la cuisine où elle prépara une grande quantité de thé. Elles avaient beaucoup à se dire.

 Une fois attablées, une tasse fumante et odorante entre les mains, les deux femmes se racontèrent leur vie sur un ton léger et badin jusqu'à en avoir fait le tour. Enfin, un léger silence s'installa. Leah ne voulait pas pousser Anne à lui parler de ce qui l'avait poussée à reprendre contact, bien qu'elle soit dévorée de curiosité.

 Anne étudia son amie de longues minutes pendant qu'elles discutaient. Elle n'avait vraiment pas changé. Leah n'avait jamais eu peur de son pouvoir et l'utilisait quotidiennement presque sans y penser. Il était une part d'elle. Et pas des moindres. Au lieu de le rejeter comme l'avait fait Anne, Leah l'avait entretenu, développé, embrassé. Et il fallait voir où elle en était aujourd'hui. Coach de vie après des études en psychologie, artiste le reste du temps, elle enchainait les réussites sociales et professionnelles. Cela fit du bien à Anne de la revoir. Elle finit par lui prendre la main pour la serrer doucement, à la recherche d'un peu de courage pour lui ouvrir son coeur.

 Leah connaissait le passé de son amie et lui laissa le temps nécessaire pour sauter le pas. C'était déjà un miracle qu'elle l'ait appelé avant de se retrouver à l'hôpital ou avec des prescriptions médicales hallucinantes. Leah caressa le dos de la main d'Anne en attendant qu'elle parle.

 " Je perds le contrôle. "

 Leah pencha simplement la tête avec intérêt en écoutant cette brève introduction. Anne avait souvent paniqué à la perspective de ne jamais pouvoir maîtriser son pouvoir comme elle pouvait le faire elle-même. Mais comme leur mentor le leur avait souvent répété, leur pouvoir s'accordait à leur personnalité, en bien comme en mal. Anne s'entêtait tellement à tout vouloir contrôler dans sa vie que son pouvoir était tout l'inverse : incontrôlable, aléatoire, imprévisible.

 " Qu'est-ce qui a pu raviver la source de ta magie ? "

 Anne soupira puis jeta un regard aux journaux accumulés près du poêle. Elle y avait longuement pensé et en avait conclu que la seule raison pour que son pouvoir se soit à nouveau manifesté était une nouvelle mission à remplir.

 " Plusieurs jeunes filles ont été enlevées dans la région récemment. Je ne sais pas si tu en as entendu parler près de chez toi, mais ici les journaux n'arrêtent pas, les enquêtes tournent en rond. Ils ont fini par repérer la présence régulière d'une camionnette blanche dans les parages, mais ce n'est pas ce qu'il manque dans le coin.

 – Pourquoi est-ce que tu t'es sentie concernée par ces enlèvements ? "

 Anne haussa les épaules puis soupira. Elle savait pourquoi. Elle regarda Leah dans les yeux et lui raconta pour leur désir d'enfant. Leah sourit et hocha la tête.

 " La mère louve a encore frappé !

  – Oui, si on veut...

  – Combien de fois as-tu Rêvé ?

  – Trop de fois. Je n'en dors plus.

  – Cela se voit, tu as une mine affreuse. "

 Anne esquissa un sourire à la franchise de son amie. Leah fut ravie de la dérider un peu. Elle la questionna ensuite sur ce qu'elle avait pu voir et Anne l'emmena dans son atelier. Elle lui montra les dessins et Leah mesura l'ampleur du problème.

*

 En rentrant des courses, Jonathan déposa les sacs dans la cuisine et entendit des voix en provenance de l'atelier. Il descendit discrètement et vit qu'Anne avait de la visite. Une visiteuse fort charmante qui avait réussi à réanimer sa femme et à la sortir de son mutisme. Pour cet exploit qu'il n'avait pas réussi à accomplir, il remonta en silence et vida les sacs en se demandant ce qu'il pourrait faire pour le dîner.

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