Chapitre 4

2 minutes de lecture

29 mai

  La galerie où était exposée la nouvelle série de toiles ouvrit ses portes en début de soirée. Anne était là pour accueillir les visiteurs. Élégamment habillée d'une robe rouge des années cinquante, elle posa pour la presse locale en compagnie de son mari, de la galeriste et du maire. C'était un événement apprécié des connaisseurs dans la petite ville et ses alentours.

   Dans son petit cercle d'artistes régionaux, Anne était connue pour être aussi joyeuse et dynamique que ses tableaux. Une vraie bouffée de fraîcheur. Sa gentillesse et son dévouement pour les actions sociales de la ville étaient sus de tous. C'était une femme généreuse et respectable, très appréciée.

   Mais Anne n'avait pas toujours été cette femme légère et souriante. Son enfance et son adolescence avaient été marquées par d'étranges phénomènes. Elle s'était empressée de cacher cette particularité dès qu'elle avait commencé à recevoir des remarques désobligeantes et blessantes. Sans grand succès étant donné qu'on lisait en elle comme dans un livre ouvert.

"Ce n'est pas possible, cela n'existe pas les rêves prémonitoires."

"Tu racontes des histoires, sois sérieuse pour une fois."

"Tu es trop sérieuse, vas jouer avec les enfants de ton âge."

"Sois gentille avec les autres enfants, ne dis pas de telles choses."

"Ne reste donc pas toute seule. Puis regarde-toi, tu devrais te reprendre en main."

"Ne sois pas si dépressive, souris à la vie."

  Dans ses mauvais jours, ces phrases, comme des centaines, d'autres revenaient tournoyer dans son esprit et lui donnaient le cafard. Au fond, Anne savait qu'elle se voilait la face. Elle camouflait ses capacités, ses complexes et ses cicatrices pour paraître normale.

  Ce soir-là, Anne arbora son plus beau sourire et fit preuve de beaucoup d'empathie pour les visiteurs de la galerie. Il se trouva même quelques personnes pour acheter ses œuvres. Elle ne se priva d'aucun remerciement. Elle eut un geste et un mot gentil pour chacun. Cependant, Jonathan commençait à la connaître. Après cinq ans de vie commune, il savait reconnaître la vraie joie du masque jovial. Il s'abstint de tout commentaire pendant la soirée, jusqu'à ce qu'ils soient de retour chez eux.

 « Est-ce que tout va bien, mon cœur ?

 ― Oui, oui, ça va. Une bonne nuit de repos et tout ira pour le mieux. »

  Elle le rassura d'un baiser tendre puis monta se coucher. Elle était épuisée par la soirée. Est-ce que la pleine lune jouait sur son humeur ? Cette dernière avait toujours eu une influence particulière sur Anne, et sur ses amies.

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