Chapitre 2

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24 mai

  Gémissant et gesticulant dans son sommeil, Anne se réveilla en sursaut après s'être débattue de longues minutes. Le souffle court, elle se blottit soudainement contre Jonathan qui s'éveilla à son contact.

 « Tu es gelée, mon amour, ça va ?

 ― J'ai fait un cauchemar. »

  Il l'enlaça et lui caressa le bras. Elle se pressa contre son torse chaud. Sa présence la rassura. Jonathan l'interrogea doucement sur son rêve. Elle pesa ses mots et mit quelques secondes avant de lui raconter.

 « Un homme transformait des femmes en poupée de cire. Il y avait une chambre jaune où elles étaient couchées, habillées, prêtes à servir dans ses tableaux vivants.

 ― Tu as toujours eu une imagination débordante, ma chérie. Tu devrais peut-être devenir auteure de romans. »

  Elle ne lui répondit pas. Jonathan ignorait de nombreuses choses sur elle et Anne n'était pas en état de lui expliquer ce que ce cauchemar signifiait. Il continua de la caresser et de l'envelopper de son amour tendre avant de se rendormir. Après tout, il n'était que trois heures du matin, et le réveil ne sonnerait pas un dimanche matin.

  Les yeux grands ouverts dans le noir, Anne fut incapable de l'imiter. La lumière des réverbères de la rue filtrait à travers les volets clos. Les ombres de la chambre la menaçaient telles des silhouettes à l’affût. Les bruits de la vieille maison familiale ressemblaient à des râles de femmes. Rien dans son environnement ne l'aida à se détendre.

  Anne finit par se lever. Elle s'enroula dans un châle et descendit à l'atelier. Elle sortit papier et crayons de couleur pour coucher ce qu'elle avait vu et perçu pendant son cauchemar. Les femmes poupées. La chambre aux murs jaunis. Le tapis usé et marqué de traces étranges. La fillette blonde aux yeux violets.

  Elle n'avait pas pu tout raconter à son époux. Elle préférerait que les choses soient claires. Et si ce n'était pas un simple cauchemar, comme elle le redoutait ? Si c'était un Rêve ? Anne secoua la tête pour ne pas se laisser glisser sur cette pente dangereuse. Elle extériorisa sur le papier tout ce qui lui revenait. Il ne fallait pas qu'elle laisse les visions revenir et la troubler. Il n'y avait pas de raison que son pouvoir s'éveille à nouveau. Pas après avoir passé des années à s'en détacher et à l'oublier.

  Au chant du coq, Anne sursauta et reposa les yeux sur ses dessins macabres. Elle porta la main à sa bouche, catastrophée par l'intensité des détails. Ce n'était pas un simple cauchemar. Quelque chose rampait dans la nuit. Un monstre dévoreur de petites filles. Un homme adorateur de poupées.

   Prise de nausée, Anne remonta à la cuisine et se prépara un thé, à la recherche de réconfort. Il ne fallait pas que cela recommence, pas maintenant qu'elle était épanouie dans sa vie de femme. Il ne fallait plus qu'elle rêve.

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