Ras de marée

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Elle voulait sa bite. Elle la voulait divinement. Elle voulait sa circonférence qui étirait ses commissures. Elle voulait la texture des veines qui y saillaient pour y dessiner un véritable dédale de plaisirs. Elle voulait la protubérance gonflée de son gland, qui s’immiscerait entre ses lèvres intimes en les lubrifiant d’un suintement de liquide pré-séminal, celui-là même qui salait encore sa propre langue. Elle voulait surtout humer l’odeur de sa poitrine transpirante – une odeur de terre et de musc – et entendre les râles que sa cage thoracique émettait en vibrant sous les efforts. Elle voulait la contraction synchrone de ses abdominaux, apparents sous cette peau défaite de toute pellicule graisseuse, coordonnés pour se planter en elle. Et elle eût un réflexe – le formuler distinctement, Clément, mets-moi ta bite maintenant ! – et presqu’aussitôt la retenue d’un instinct ancestral, conditionné par des milliers d’années de patriarcat associant le rôle féminin à la pudeur, la retenue et une virginale méconnaissance des mots du sexe.

Elle rougit en entendant ces mots – « mets-moi ta bite ! » - franchir le rempart de ses propres lèvres, et un sursaut de honte enflamma ses pommettes.

Puis elle remarqua l’effet que cette brève phrase eut sur son amant – un large sourire qui barra sa barbe bien taillée, le gonflement de sa poitrine et un à-coup au niveau de sa bite qui trahissait un surplus de sang pompé dans son dard. Elle l’avait excité en formulant clairement, et crûment, ce qu’elle désirait, et lui-même ne désirait qu’une chose : être en elle.

Clément la saisit aux niveau des hanches et la retourna, pour s’offrir le cul de Jess et enfiler sa bite déjà tenue entre l’index et le pouce de sa main gauche. Mais la jeune étudiante se redressa et d’un coup vif, porta tout son poids sur les deux pectoraux pour l’obliger à se coucher sur le dos. Déstabilisé, il eût beau contracter toute la ceinture de muscle qui ceignait son abdomen, il ne put se retenir à temps et s’écrasa en arrière, le dos collé au plancher froid du salon.

Avant-même qu’il ne put se redresser, Jess s’avançait à quatre pattes au-dessus de son amant.

- C’est moi qui décide maintenant, ok ?

Clément sourit, tout en étendant ses bras de part et d’autre de sa tête dans le prolongement de son corps. L’entrelacement noueux de ses triceps et de ses biceps dessinait deux troncs qui se rejoignaient au niveau de ses mains, dont Jess rêvaient de se faire fouiller par ses phalanges courtes et épaisses de bûcheron. Dieu que ce serait bon qu’il la doigte, qu’il en mette deux, de phalanges, par derrière. Qu’il la doigte en lui donnant de suplicieux coups de langue sur le pourtour de son anus et à la naissance de sa chatte. Et qu’en position de chat qui s’étire, elle finisse par devoir mordre les coussins pour ne pas hurler de jouissance.

Mais elle n’avait pas demandé ses doigts, elle avait exigé sa bite, et d’une main experte – il y a deux heures elle était vierge… - elle guida sa main vers son entrecuisse huilée de désir, tortilla ses fesses à gauche, à droite, et lubrifiée par sa propre mouille et le sperme de Math elle le fit pénétrer en elle sans effort. Si celle de Math était d’une longueur inégalée, la bite de Clément était à l’image de son propre corps : longue certes, mais surtout épaisse, comme musclée. Et lorsqu’il fut en elle, elle se sentit écartée comme elle ne l’avait jamais été de toute sa vie, peu importe le nombre de phalanges qu’elle s’était aventurée à faire entrer dans sa petite chatte.

Elle se laissa alors tomber, les deux mains appuyées sur ses tétons d’un violet sombre, pointant dans sa direction, et planta ses phalanges dans le muscle saillant de ses pectoraux. Elle percevait sous ses doigts les fibres des muscles qui gonflaient cette poitrine au souffle affolé par l’effort que lui imposait ce sexe inopiné, qu’aucun des trois parties prenantes n’avait prémédité. Puis, Jess ondula du bassin, pour sentir ce sexe charnu coulisser entre ses lèvres dégoulinantes de mouille et l’écarter à son passage. Son amant râlait sous sa complexe danse charnelle, tentait parfois de s’imposer en décollant son propre bassin du sol pour planter plus profondément son dard ou fixer un rythme plus soutenu, mais Jess gardait le total contrôle à chacune de ses tentatives de putsch avortées.

Elle planta ses yeux dans les siens, dans ces deux émeraudes claires qui émergeaient de ce visage rude, tanné par le soleil, aux traits marqués et à la pilosité dense mais finement entretenue. Elle aimait la teinte rosée que prenaient ses pommettes, l’écartement des narines pour aspirer plus d’air quand elle augmentait la cadence, la forme de ce nez camus qui tranchait au milieu de ce visage un relief fin, et plus bas la pulpe de ses lèvres, des lèvres qui ne devraient servir à rien d’autre qu’à baiser : épaisses, sombres, délicatement débarrassée de tout duvet de barbe irritante par une taille méthodique et nette.

Elle rapprocha sa bouche de la sienne, sans arrêter les va-et-vient de son bassin. Passa son nez dans sa barbe, en humant une odeur masculine, mi-cèdre, mi-agrume. Puis Jess sortit sa langue et la laissa courir sur la large surface de ses lèvres, qu’il maintenait entrouvertes. Son haleine sentait les épices, peut-être la cannelle. Et lorsqu’il ouvrit complètement sa bouche pour pouvoir l’embrasser pleinement, Jess écrasa son bassin contre le bas du ventre de Clément en modifiant le rythme de ses mouvements.

Ce faisant, elle maintenait ce large sexe à l’entrée de son vagin, tout en continuant de l’inonder de mouille, mais augmentait le frottement de son clitoris contre la peau du bas de ventre de Clément. Elle sentit presqu’immédiatement la chaleur de l’orgasme irradier dans le fond de son abdomen, excité par les pelles qu’elle roulait à Clément. Lorsqu’il passa ses deux mains sur son cul pour appuyer les mouvements qu’elle faisait, ses doigts couvrant ses fesses, l’orée de son anus et la naissance de sa chatte en les écartant légèrement, elle se laissa aller à l’explosion de l’orgasme.

Plantée en elle, il ne contrôlait rien. Il se laissait aller, presqu’étonné par la vigueur des mouvements spasmodiques de Jess, dont les deux mains venaient d’enserrer le cou de son amant dans une position où le doute quant aux rôles dominant/dominé n’était plus possible. Elle se retint un instant de crier – probablement un reste de modération acquise, exactement comme le fait d’expliciter à haute voix sa volonté de se faire pénétrer… - puis sentant sa tête crouler sous une pression phénoménale qu’elle crut un instant capable de la faire imploser, elle se lâcha entièrement. Sa poitrine expulsa un cri rauque, saccadé par les mouvements désordonnés de son corps. Puis elle se relâcha totalement, l’orgasme avait reflué, ne laissant qu’un corps vide, trempé de sueur, lessivé de l’intérieur, aux jambes dont on avait troqué les os et la chair par une vulgaire armature de coton. Elle soupira en s’écroulant sur son partenaire.

- Tu me permets de continuer ?, demanda-t-il, lui aussi hors d’haleine et au bord de l’orgasme.

Elle sourit, tout en empoignant ses couilles brûlantes et douces entre ses doigts.

- Je te permets tout, murmura-t-elle.

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