La glace

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Bouche entrouverte, Jess le fit pénétrer d’une main entre ses lèvres. Son goût envahit immédiatement ses papilles, il coulait en elle. Le cône de glace avait déjà bien fondu, le temps qu’elle trille sa mitraille pour glisser dans la main de la jolie glacière.

C’était la veille que tout cela se passe.

La veille à peine.

Et tandis que Clément lui tendait son sexe déjà ragaillardi, qu’elle avançait ses lèvres jusqu’à frôler son gland, puis sortit la langue pour l’inviter à pénétrer son palais de chairs, il y eût une pensée parasite dans son esprit. Une simple image, fugace, qui s’imprima comme le pénis érigé surgissant subliminalement dans Fight Club : l’arrière-plan de la camionnette de la glacière.

Le Parc Saint-François.

Le soleil de midi.

La boule pistache qui fondait lentement et qu’elle tentait maladroitement de rattraper avec sa langue, tout en préservant l’immaculé de son chemisier en lin.

Un gamin, sur sa gauche, qui beuglait. Sans doute lui faisait-elle envie, avec son immense glace. Sans doute voulait-il lui aussi s’attarder au stand de la jolie glacière.

Mais ce n’est pas de ça que Jess se souvenait.

L’image se focalisa plus loin, derrière les tilleuls alignés prodiguant une rare ombre bienfaitrice aux promeneurs assez braves pour affronter les coups de chalumeau de cet après-midi estival. Plus loin encore que l’immense fontaine qui trônait au centre du parc et dont elle entendait, d’où elle se trouvait, à peine les gargouillis étouffés.

Elle ferma les yeux, tout en sentant Clément peu à peu durcir sur sa langue. Elle ferma les yeux pour se concentrer, laisser à son cerveau le soin de quitter sa situation présente – ces deux hommes qu’elle côtoyait depuis des mois qu’elle invitait ce soir-là à la pénétrer à l’avant et à l’arrière – pour pouvoir brièvement s’attarder sur ce fragment de souvenir qui venait de faire surface dans son esprit et qu’elle peinait à matérialiser.

Faut dire que Math y allait fort. Avait-il joui ? Jess avait l’impression que son cul était trempé. Peut-être était-ce simplement sa mouille qu’il étalait partout ?

Concentre-toi, Jess ! L’image !

Et à nouveau sa caméra mentale quitta la vue subjective d’elle-même avec ces deux hommes – ces deux hommes si sexy – de part et d’autre de son corps pour se focaliser sur cet instantané figurant de parc, perdu dans les brumes estivales d’un après-midi entêtant. Et l’image lui fit l’effet d’un coup de fouet… Elle voyait clairement un tentacule émerger de l’arrière de la fontaine. Un tentacule énorme !

Et tandis que cette pensée s’afficha enfin, un bruit l’arracha totalement à elle : Math jouissait.

Il cria, une fois.

Puis une seconde fois son nom.

Jess !

Jess putain !

Et ses deux mains se plantèrent dans son cul, pour continuer à l’agiter tandis que les muscles de son bassin se raidirent totalement. Il saisissait fermement sa peau, juste au-dessus des hanches, et perpétuait les délicieux mouvements de balancier, prolongeant cette sensation diffuse dans son cul qui l’excitait tellement. Puis sa bite se raidit et commença à pulser, massant son anus de ses sursauts orgasmiques. Il se vidait en elle, en continuant de murmurer son prénom – Ô Jess putain ! – dans de longs râles hoquetant. Et en se retirant, il emporta avec lui une longue et chaude coulée de sperme qui vint se mêler à la mouille qui trempait sa chatte.

L’image qui l’avait troublée ? Complètement oubliée déjà…

Et dans sa tête sa petite voix murmura : t’en as fini un, reste plus qu’à terminer le second. Et tâche de prendre ton pied ma petite !

Et ce faisant, elle remonta son regard au-dessus de la touffe de poils pubiens surplombant la bite qu’elle léchait goulument, en détaillant l’étrange dallage de chairs si symétrique qui pavait son ventre. Des abdominaux de bétons, desquels émergeait un nombril marqué, emporté par la valse de ses respirations désynchronisées par chaque coup de langue qu’elle lui assénait.

Jess s’en amusait.

Parfois, elle l’avalait totalement, jusqu’à la gorge. Jusqu’à s’écraser le nez contre son pubis, et sentir ses couilles frapper contre le haut de son cou. Et elle voyait le nombril de son amant vouloir disparaitre dans ce ventre trop ferme, surpris par la décharge de bien-être qui explosait du pieu qu’il enfonçait dans sa bouche.

Parfois, au contraire, elle le recrachait bruyamment, en laissant un fil de bave relier son chibre brièvement abandonné et ses lèvres, comme les cailloux d’un petit poucet bien soucieux de retrouver rapidement son logis doux et chaud. Là le nombril de distendait tandis que Clément prenait un large bol d’air, se rendant compte de l’apnée qu’elle lui imposait avec ses coups de langue dictatoriaux.

Et avant de l’avaler à nouveau, elle appuyait d’une main son membre contre le bas de son ventre, tirait vulgairement sa langue baveuse et peignait un long trait de salive s’étendant entre l’espace de chairs juste au-dessus de son anus, en passant par ses bourses parfaitement épilées et remontant, en bouquet final, jusqu’au sommet de sa verge où ses lèvres ne tardaient pas à s’entrouvrir à nouveau pour le gober tout entier.

Jess remonta encore un peu ses yeux.

Elle avait oublié Math.

Oublié son sperme qui gouttait de son cul.

Oublié ses soupirs d’homme vidé, dans son dos.

Il n’y avait que Clément, sa masse de muscles, et le plaisir qu’elle tirait à le rendre fou avec sa bouche.

L’imaginer la plaquer contre un mur.

Et la prendre, en bandant chacun de ses muscles.

Elle savait les gémissements qu’il lui provoquerait.

Elle voulait qu’il soit en lui…

Sa main retrouva ses couilles, qu’elle malaxait vigoureusement. Sa bouche commençait des va-et-vient mécaniques sur sa bite. Et lorsqu’il posa ses deux mains – des paumes larges, des doigts courts et épais – de part et d’autre de sa tête, il sentit sa bite osciller brièvement sur sa langue et y lâcher la rosée salée d’un liquide pré-séminal prometteur. Elle l’avala, tout en recrachant sa bite, et posa ses deux mains sur le bas de ses abdominaux pour l’éloigner.

Un instant, il parut interloqué. Lui avait-il fait mal ? Voulait-elle arrêter ? Voilà ce qu’elle lut dans ses yeux clairs, tranchant avec le hâle de sa peau. Mais l’idée n'avait pas traversé l’esprit de Jess. Elle voulait ces pectoraux, ces muscles gorgés de sang, ces bras larges et charpentés, elle les voulait occupés à une seule tâche : la besogner avec toute la vigueur que ce corps herculéen en était capable.

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