61/ Dernières explications

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 — On y est, annonça Quatre. C'est ici qu'est enfermé Quinquati, derrière cette armada. Cet endroit est le plus protégé, rien d'étonnant. Deux guetteurs sont présents d'après ce que je vois. De nombreux Esprits doivent être également ici. Je ne peux pas garantir que vous vous en sortirez tous vivants. Si vous voulez partir, c'est maintenant. J'aurais aimé dégager la voie avant de lancer l'assaut, mais je manque cruellement d'énergie. Voilà comment nous allons procéder ; Les archers se posteront à divers endroits de la plaine, derrière des arbres, ce sera plus prudent. Avec les autres, nous filerons vers les gêoles, creusant un chemin entre les rangs adverses. Nous formerons ainsi un couloir que vous défendrez de toute votre âme. Pendant que je libérerai le Porteur, je compte sur vous pour me protéger. Une fois récupéré, je traverserai le couloir en sens inverse à toute vitesse, voilà pourquoi il est important que chacun d'entre vous tienne sa position. Une fois que je serai repassée, libre à vous d'agir comme bon vous semble. Vous pourrez tenter de me suivre et de me joindre pour la suite de mon plan, ou bien vous pourrez vous rendre à ce moment-là si vous ne le sentez pas. Ne sacrifiez pas inutilement vos vies, je ne vous en tiendrais pas rigueur, vous m'aurez déjà bien servi. Est-ce bien clair ?

 L'armée répondit affirmativement à l'unisson, sans toutefois crier pour ne pas avertir les factionnaires de la plaine. La déesse n'avait pas pris le temps d'expliquer les raisons de leur bataille aux nouveaux venus, seulement comment elle se déroulerait. Les anciens avaient donc répondu à leurs interrogations.

 — Pour vous aussi, Malgati ? demanda Quatre.

 — Hein ? Euh... Oh, oui, tout à fait, très bon plan !

 — Désespérant... J'espère que Quinquati n'est pas comme vous non plus.

 — Oh, non, entre lui et moi, même si on est super copains, c'est le jour et la nuit !

 — Parfait. Malgati, puisque vous n'avez rien écouté, vous...

 — C'est faux, j'ai tout écouté !

 — Résumez-moi ce que je viens de dire.

 — ... Oui, bon...

 — Donc, puisque vous n'avez rien écouté, contentez-vous de me suivre à la trace. Je n'ai pas confiance aveugle en votre intellect, mais je connais votre potentiel au combat. Empêchez qui que ce soit de me toucher une fois que je serais en contact avec la prison de votre ami.

 — Entendu.

 — Et n'oubliez pas de ne pas exposer votre dos. La marque de Kros qui perfore votre armure pourrait bien permettre à d'autres de vous atteindre en la pénétrant. Tout le monde est prêt ? Archers, à vos postes ! Guerriers, avec moi !

 Unio n'apprécia pas ce à quoi il venait d'assister. Le discours de la déesse n'était pas fait d'encouragements inspirants ou de promesses plaisantes comme les précédents ; il était froid, un simple exposé de plan glacial. Les expressions faciales éloquentes de la Réceptrice avaient disparu, remplacées par un masque impassible. Les derniers évènements l'avaient visiblement marquée. À quoi était-elle donc prête pour retrouver le Porteur ? L'archer à la vision d'aigle ne savait plus s'il devait encore suivre Karathris dans sa quête, mais un élan de provenance inconnu le poussait à continuer. Après tout, il avait déjà fait tout ça, reculer maintenant rendrait tout vain.

 Une fois dos à ses fidèles, la déesse se massa le front et ne put réprimer un soupir. Elle n'éprouvait aucune satisfaction à lancer cet assaut. Les cadavres s'empilaient au fond de son crâne, le tas pestilentiel était bien trop lourd. Une fatigue telle qu'elle en avait rarement connue drainait toutes ses capacités. Elle aurait voulu s'effondrer sur le sol, là, tout de suite, mais son devoir l'appelait. Plus que quelques efforts. Tout ce qu'elle voulait, c'était que cette histoire se termine au plus vite.

 Londock fit un clin d'œil à Malgati en passant à côté de lui.

 — Bon courage !

 — À toi aussi mon grand, lui souhaita le valeureux soldat.

 — Je vais sans doute crever cette nuit, mais je te remercie de m'avoir entraîné dans cette aventure. Je n'ai jamais ressenti autant d'émotions de toute ma vie !

 — C'est cool de voir que tu m'as pas trahi, partenaire. Mais meurs pas par contre, s'il te plait.

 — Toi non plus !

 Londock se surprit à sourire. Cela faisait longtemps. Quelle drôle de relation il avait créé avec cet humain !

 Sati s'approcha à son tour de Malgati.

 — Je viens avec vous !

 — Tu n'es pas un combattant, tu te souviens ?

 — Je saurais me défendre ! affirma la cuisinière. Je m'occuperai de couvrir tes arrières, puisque c'est ton plus gros point faible, comme l'a dit la Réceptrice. Je te dois bien ça, tu m'as sauvé la vie ! Et moi, je ne doute pas de ton intellect.

 — Waw, merci beaucoup. J'en rougit presque. Ça me trouble de l'avouer, mais j'aurais sans doute besoin de ton aide.

 La vanité du soldat l'avait presque poussé à dire le contraire, mais en réfléchissant un peu il s'était rendu compte que Sati pourrait lui être utile. De plus, les éloges le déstabilisaient et le poussait à être amical en retour.

 Mastiff tapota amicalement le dos de Malgati, oubliant qu'il était de métal. Il fit semblant de ne pas avoir mal à la main.

 — Bonne chance. T'es peut-être un humain, mais t'es un bon gars, Malgati.

 — T'es un bon gars aussi Mistouphe.

 — C'est pas ça mon nom.

 — Ah.

 — Mastiff.

 — Oui. Presque.

 — T'as mauvaise mémoire. Mais tu restes le type le plus courageux que j'ai rencontré. Personne d'autre se serait jeté sur l'autre salope de prêtresse. Je suis même pas sûr que j'y serais allé tout seul, sans toi.

 — Et toi, t'es le plus baraque que j'ai jamais vu ! Après moi bien sûr. Là j'ai juste un peu perdu mais bientôt tu verras...

 Un autre serviteur l'apostropha alors.

 — Hey, l'humain !

 — Wow, mais qu'est-ce qu'il vous arrive tous à me complimenter ? C'est vrai que je suis super balèze mais quand même ! On dirait que c'est des adieux, mais on va tous se revoir ap...

 — Ah non, c'était juste pour te prévenir que tes lacets étaient défaits, en fait.

 — J'ai pas de lacets.

 — Ah pardon, dans le noir j'ai cru.

 — Excellent.

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