43/ Remontada

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 La bataille tournait à l'avantage des révolutionnaires. Mais déjà, une dizaine de soldats supplémentaires ralliaient le combat, sortant des bâtiments. Ils prirent par surprise quelques-uns des attaquants.

 Deux arbres situés à l'intérieur du campement vibrèrent.

 Le général observait le carnage. Ses troupes se faisaient décimer comme des villageois incapables de se battre. Il s'en était toujours douté : ils ne suivaient pas l'entraînement lorsqu'il avait le dos tourné. Kros aurait voulu que l'Influence les imprègnent également d'une obéissance absolue envers leurs supérieurs. Il grogna, puis se calma. Ces incapables méritaient bien le sort qui leur était réservé ! Cependant, ils entraîneraient la première défaite du général. Fort heureusement, il avait encore plusieurs cartes dans sa manche, dont sa plus forte, son as de pique : lui-même.

 Il analysa rapidement la situation. Seul un des assaillants marchait, recouvert d'une armure : de toute évidence, il s'agissait-là de leur chef. Il assista à la brossée de trois de ses meilleurs soldats contre lui. Puisqu'aucun de ces incompétents n'en viendrait à bout, il devrait s'en occuper lui-même.

 — Réveillez-le, dit-il en s'adressant à ses conseillers tandis qu'il se dirigeait vers l'homme cuirassé.

 Malgati repéra le général qui s'approchait, déterminé. Fort de ses dix victimes dans ce campement, il fit valser ses deux lames pour frimer. Le serviteur esquissa un sourire narquois, abaissa sa visière dorée, puis brandit son épée tout aussi dorée.

 Unio se déplaça au chevet de l'admiratrice. Le contenu de son ventre s'éparpillait autour d'elle, pourtant, elle vivait encore.

 — Dis... Dis à Karathris... que je l'aime.

 — Non, tu lui diras toi-même ! Elle viendra te soigner !

 — Dis-lui...

 Sa voix s'estompa. Son regard s'immobilisa, contemplant le vide. Elle ne ferma jamais les yeux.

 — Je lui dirais, accepta Unio.

 Un épéiste, tiré de son sommeil, se tira aussi du dortoir collectif. Alors voilà d'où venaient les bruits... Il aurait dû sortir de son lit dès qu'il les avait entendus. Maintenant, il ne pouvait plus prendre ses jambes à son cou.

 Unio leva la tête. Le fatigué le remarqua aussi.

 — Je vous en prie ! supplia-t-il. Je ne veux de mal à personne !

 L'archer condamné au corps à corps ne répondit pas.

 — OK, je suis peut-être là, mais je ne suis dans le camp de personne, en fait. Laissez-moi, je vous en prie !

 Unio le considéra longuement. Un piège ?

 — Libère les prisonniers avec moi si tu veux vivre, dit-il finalement.

 — D'accord, d'accord ! accepta Lo-Fan.

 Finalement, Mastiff rencontra plus costaud que lui. Un Esprit se déracina devant ses yeux. Il mesurait à peine trois mètres de hauteur pour un de largeur, et une grosse branche souple, frottant le sol, lui servait de fouet. Il balaya l'un des attaquants sans soucis, puis se dirigea, avec toute la lenteur que lui prodiguait sa masse et ses racines en formes de petits souliers, vers sa prochaine victime : Mastiff. Il pensait pouvoir rivaliser avec un arbre animé. Plutôt que de suivre les conseils de la déesse à propos de ces êtres, il fonça tête baissée vers lui. Dans son élan, il sauta, passant au-dessus du martinet géant, et enfonça sa lame dans le tronc. Le fouet, revenant dans l'autre sens, souffla Mastiff.

 Les serviteurs en toges se placèrent en ronde, se donnant la main. Ils prononcèrent des incantations en fermant les yeux, et une ombre bleue se forma dans le cercle. Elle grimpait vers les cieux, tournoyait. Élevée à près de quatre mètres, elle s'ancra dans la réalité, prenant consistance. Puis, une bille s'en détacha. L'ombre s'évanouit, seul l'orbe subsista. Elle tomba entre les trois conseillers, qui ouvrirent les yeux et se lâchèrent les mains.

 Kyr perça l'abdomen d'un troisième attaquant grâce à son bluff, et observa la scène. Ses collègues se faisaient décimer.

 — Bande d'imbéciles ! marmonna-t-il, la gorge serrée. Je vous avais bien dit de faire vos entraînements sérieusement comme moi !

 Pour sa plus grande joie, la victoire serait quand même leur. Deux Esprits les aidaient à se débarrasser des nuisibles, les conseillers venaient d'invoquer l'orbe d'ombre et le général était encore en vie. Il allait anéantir l'agresseur en armure. Hormis lui, seuls quatre des anciens prisonniers combattaient encore. Bientôt trois. Il sprinta vers le suivant, un chauve tremblant, qui ne pourrait l'arrêter. Non, en effet, ce fut une flèche, traversant ses deux oreilles, qui l'arrêta.

 L'adolescente aux yeux orangés sourit ; une cible pas facile, et pourtant ! Moment de gloire interrompu, Odal, le soldat qui l'avait repérée, surgit derrière elle. Percevant un craquement de branche, elle fit volte-face pour voir le combattant plonger sa lame dans son corps.

 Malgati voulut contrer la première attaque du général, il ne la ralentit qu'à peine, la lame d'or tranchant la sienne. Malgati comprit alors que son armure ne lui serait d'aucune utilité face à celui-là. Il esquiva une seconde attaque, mais le général avait prévu cela et lui envoya son pied sur le flanc. L'humain effectua une roulade rapide et se releva avec hâte. Le chef des armées abattit sa lame sur lui. Le vaillant soldat tenta de la contrer... avec son épée déjà brisée. Le reste de lame fut entièrement dissolu, ne permettant qu'une légère temporisation. Malgati frappa avec celle encore intacte. Elle rebondit simplement sur la cuirasse. Il réalisa alors ; il ne s'agissait pas d'or, mais d'un matériau bien plus résistant y ressemblant. Il n'avait aucune chance... Il amorça sa fuite, exposant son dos au général, qui profita de ce moment d'égarement pour cisailler le fer et l'échine avec autant de facilité qu'il aurait coupé de la mousse. Malgati s'écroula au sol, incapable de tout mouvement.

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