C'est un cauchemar !

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Tristan, un peu plus tôt !

Accroché à la portière du taxi qui vient de me déposer, j’ai bien failli finir le crâne ouvert sur le trottoir !

Putain de verglas, de neige et de montagne de merde !

La première chose que je compte faire en retrouvant Caleb, c’est lui foutre mon point dans la gueule pour m’avoir traîné jusqu’ici. Quelle idée de vouloir me sortir de mon état végétatif qui ponctue ma vie, depuis bientôt six mois. Ça me convient très bien et puis je déteste les grands espaces, l’air frais et par-dessous tout, les gens.

Encore plus durant les fêtes !

Tous ces sourires niés sur leurs visages me donnent envie de leur rentrer dedans pour leur faire ravaler leur joie de vivre. La tristesse et la déprime sont mon quotidien et je m’y complais. Tout ce à quoi j’aspire, c’est à disparaître, qu’on oublie et m’abrutir jusqu’à ce que la douleur dans ma poitrine cesse enfin. Que ce mal qui me ronge ne soit plus qu’un lointain souvenir. Pourrir la vie des autres, me procure un certain bien-être, dans ces cas-là, je ne suis plus le seul à souffrir, à me lamenter. J’éprouve du plaisir à observer les gens être aussi malheureux que je le suis. C’est pervers et malsain, j’en ai conscience, cependant, je n’ai trouvé que cette solution pour arriver à me lever chaque matin et ne pas m’effondrer.

Ma valise derrière moi, je me traîne tant bien que mal jusqu’à l’agence de location pour récupérer les clefs du chalet qu’a réservé mon meilleur ami.

Espérons qu’il ne soit pas perdu au milieu de rien !

Je pousse la porte et tombe nez à nez avec un jeune homme au visage poupin, une paire de lunettes rondes sur le nez, un bonnet clignotant sur la tête et des chaussures à grelot. Dites-moi que je suis en train de rêver ! Je suis entré dans la quatrième dimension au beau milieu du chalet du père Noël. Voilà de quoi me foutre d’une humeur encore plus massacrante. À part les gens, la deuxième chose que je supporte le moins, ce sont ces stupides fêtes de fin d’année ! Sérieux ? Quel intérêt y’a-t-il à rencontrer la famille une fois par an, s’offrir des sourires et des cadeaux alors que le reste du temps, tout le monde se moque les uns des autres ?

— Bonsoir monsieur, que puis-je faire pour vous être agréable ? m’interpelle le lutin un grand rictus sur les lèvres.

Beurk, écœurant, il va me filer envie de gerber !

— Rien du tout, je veux juste les clefs du chalet soixante-seize. Le reste, gardez-le !

L’employé me fixe mi-figue, mi-raisin. Il se demande sans doute si ma réponse est du lard ou du cochon. Aucune des deux, du con, je ne juste pas d’humeur !

T’es jamais d’humeur !

C’est pas faux. Ceci dit, j’en ai rien à cirer de ce que pense les gens.

— Heu, oui, votre nom s’il vous plaît ?

— Gensen !

Il tape, encore et toujours sur son clavier en me lançant à l’occasion une œillade paniquée. Les secondes passent et ma patience s’étiole. Qu’il s’active le morveux, que je puisse enfin me vautrer au calme dans ma piaule.

— Désolé monsieur, je n’ai aucune réservation à votre nom, murmure-t-il contrit.

— Essayé alors à celui de Lebon !

Ce con de Caleb est bien capable d’avoir donné mon identité. Il cherche quoi ? À ce que je sois reconnu ? Vu l’âge du môme, il y a peu de chance que ce soit un de mes lecteurs. Il a plutôt une tronche à s’abrutir de jeux vidéo.

— Ha oui ! Trouvé ! s’extasie binoclard. Par contre, je vois que les clefs du chalet ont été remises. Peut-être que votre ami est déjà arrivé ?

Putain ! Ce con m’a fait venir ici avant dix-huit heures en prétextant qu’il ne pouvait être présent et il est là ! Cet enfoiré va comprendre comment je m’appelle ! M’avoir obligé à prendre un train bondé un vendredi, à me mélanger avec des enfants pleurnichards et des familles heureuses.

Je vais le défoncer !

— C’est par où ? demandé-je en grognant.

— En sortant à droite, puis vous remonter l’allée sur votre droite et c’est le dernier sur votre gauche.

La porte claque à la fin de sa phrase et je me retrouve devant ledit sentier. Ce n’est pas vrai, c’est un cauchemar ! Plus cette journée avance, plus elle empire. À ce rythme-là, en arrivant, je vais trouver une armée d’elfes en train de s’égosiller sur des chants de Noël tout en décorant l’intérieur. Le chemin n’a pas était déneigé, il est abrupt et d’ici, il me paraît interminable.

Pourquoi ai-je accepté de venir m’enterrer dans ce trou au fait ?

Pour fuir ton éditrice !

C’est vrai ! Cependant, je commence à me dire que c’est un prix trop cher à payer pour échapper à la tornade Nancy ! Devoir me taper une semaine au sport d’hiver, et ce, en plein milieu des fêtes de fin d’année, je crois que je préfère encore affronter le dragon qui sommeille en elle !

Arrivé en haut, je me promets qu’il n’est pas né celui qui me fera redescendre avant de devoir refoutre mon cul dans le train qui me ramènera sur Lyon. Agacé par le nombre de glissages que j’ai effectué durant le trajet, j’ouvre la porte à la volée, me débarrasse de ma valise et inspecte vite fait les lieux en me vautrant sur le grand canapé où flambe déjà un feu de cheminée.

— Caleb ?

Après trois appels et toujours aucune réponse, je me décide à partir explorer l’endroit. Dans la cuisine, plusieurs sacs de courses ont été posés là et ce qui en dépasse me fait grimacer. Sans déconner ? Des décorations de Noël ? Caleb est devenu dingue ? Depuis quand il prête un quelconque intérêt de ce genre de chose ?

J’emprunte l’escalier qui débouche sur un couloir étroit et quatre ouvertures. Un toilette, deux chambres et au vu de l’eau que j’entends couler, Caleb doit être sous la douche. Sur le lit en face de la porte de la salle de bain est posé un pull aux couleurs vives, ceci dit, je n’y prête guère attention. Ce qui m’attire c’est le soutient gorge en dentelle, ainsi que le micro string coordonné. Je jure que s’il est venu avec son dernier plan cul, je me tire !

Hors de question que je subisse ça !

L’eau a cessé de couler, je me poste contre le mur dans le couloir en face du battant qui s’éternise à s’ouvrir. Que peut-il bien foutre à l’intérieur ? Aucun bruit suspect ne s’en échappe et le temps commence à me paraître long. Ma patience ayant des limites, je m’apprête à frapper quand elle s’ouvre à la volée et il me faut quelques secondes pour comprendre que ce qui se trouve en face de moi n’est pas mon pote.

Une chevelure flamboyante qui part dans tous les sens et complètement nue, une jeune femme se tient là, devant moi. En temps normal, je lui aurais hurlé dessus et l’aurais fait dégager, ceci dit, mon cerveau est occupé à tout autre chose. Impossible de stopper ma vue qui se balade sur son corps magnifique. Ce genre de créature serait capable de réveiller un cadavre en chambre froide. Figée sur place, les yeux ronds, elle ne réagit pas. Mon regard s’arrête sur ses pieds qui sont recouverts d’une paire de chaussettes immonde, rouge et verte. Le comble du mauvais goût et de quoi me faire débander jusqu’au dégèle. En transe devant ce spectacle auquel je ne m’attendais pas, je suis ramené à la réalité par un hurlement susceptible de provoquer une avalanche en plein mois d’août et une porte qui claque.

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