" J’avais un ami, là où j’étais avant, qui m’a confié, un jour, que sa mère était folle."

Assis par terre l’un en face de l’autre, Mathilda et Alexandre œuvraient à la confection de leur exposé. Tout à son découpage, la jeune fille qui atteignait sa seizième année, écoutait distraitement les confessions de son ami. « Oui, comme beaucoup ! » Elle sourit, détendue, ne remarquant pas l’air préoccupé qu’Alexandre ne quittait plus, le sérieux de ses traits et son regard insistant.

« Elle lui demandait de faire des trucs… carrément… dingues, malsains même. » Elle ne put dire ce qui lui fit lever la tête et observer son camarade, peut-être juste le fait de ne plus le voir si affairé à son travail ou alors, l’envie qu’il avait de lui avouer quelque chose depuis plusieurs jours, quoiqu’il en soit, en relevant la tête, son air désinvolte s’estompa, elle le fixa consciente que maintenant, il s’agissait d’une déclaration qui lui était propre.

Grave, elle murmura: « Quels genres de… trucs dingues ? Silence. Pesant, pénible, empreint d’une révélation à venir.

— Je couche avec ma mère. » Mathilda renforça l’intensité de son regard tout en laissant paraître son désarroi. Sa bouche s’entrouvrit légèrement, les mots pesaient lourd. Elle chercha, quelle parole, quelle phrase employée devant un tel aveu, elle n’était pas préparée, personne ne l’est. Elle s’interrogea, chercha quoi dire, quoi faire dans cette situation; devait-elle le rassurer? Minimiser la réalité? lui dire que les choses n’étaient pas si graves ou, à l’inverse, l’alerter sur l’anormalité de la vie qu’il menait même si, visiblement, il semblait en être conscient. Jamais elle n’aurait imaginé vivre ce genre de situation cinq mois plus tôt, quand elle l’avait abordé.