Chapitre 13

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 Au débit de ces tergiversations, la nuit tombe et les premiers éraillements de voix avec. Vendredi sonne à l’orchestre caverneux des éméchés précoces. Ricard, vodka, coca. Quarante pour cent d’aventure au coin d’un goulot qu’en a pas… Drogue aussi, moins toutefois… Un peu, certains. Ça se remarque, pupilles ou mâchoires, selon si cocaïne ou ecstasy. Tout propre comme il faut à l’intérieur, j’escampette en silence. Repos bientôt : j’y avais bien droit ! Ça clappe comme ça lampe sur les quais sémillants ; les douteux sirotements qui accompagnent le balancement des gourdes enflent de leur grasse mélopée les clapotis de Garonne qui surgissent au sillage d’une péniche, d’un automoteur citerne. Pas ému ni dérangé pour autant, je laisse le cortège mariner son saoul… Drôle de cuvée que celle des soiffards des fins de semaine. Sont tous hâbleurs, tromblon dans la voix, interpellant qui ceux qu’ils croisent qui un arbre. Me confondent aux érables ; pas faute d’avancer pourtant, à la vitesse de la fatigue. Débilité parfumée Orangina. Fatigue nerveuse, physique… Se rejoignent en un même horizon pointé sur le sommier. Ciel de jute et mer de plumes. Plumard point de mire ! Ou canapé, si plus la force. Le dernier mètre qu’est le plus éprouvant : en ça que je suis l’inverse des athlètes, des démultipliés de la ligne d’arrivée. Eux testostérone en rafales à l’approche de la ligne blanche, ils surmoulinent, cuisses effrénées superbes, ruades jusqu’aux derniers centimètres puis effondrement. Moi dernière étape illico, vraoum ! Quelle nécessité de chichiter, de s’employer en cabriole quand tous on finira horizontaux…

 J’ai tourné à droite, m’éloignant de la Garonne et des déchets avinés qu’elle reflue à son bord. Suffisamment rayé mes grolles au goudron des boulevards moi, je préfère passer par les petites rues… Les venelles… plus à l’aise, ça se comprend. Qu’au moins dans celles-ci la nuit ne s’essuie que sur vous ; jamais aimé faire cuvette commune. À tous puer, tout de même ses propres exhalaisons qu’on supporte le mieux. Beau ciel, lourd si je peux me permettre. Les étoiles s’agrègent, constellent sans anomalie. Enfant, toutes par cœur. Et qu’Orion ici, et Cassiopée au bout du doigt, que les deux Ourses sont en fait deux casseroles, impossible à tromper ! Véritable as des astres ! Mais traître mémoire. Me reste plus grand-chose désormais, sinon qu’à les observer extatique encore. Les contempler me rend oublieux de tout, firmament exutoire. Pas le moment cependant de penser aux étoiles, me reste quoi ? Deux cent, trois cent mètres au plus avant d’arriver. Dernière énergie, paupières, clés et serrure. Clic !

 Vous rencarder malgré tout sur ma personne. État d’esprit, et carte d’identité. L’un sur l’autre, complémentaires… Question de confiance, de recul aussi. Vous affranchir. Puis pour moi aussi, pas complet altruiste tout de même… Égaux egos tous, nos pommes têtes de file. Que quand je tournerai complet cornichon, ou satyre, vous et moi on s’en paiera des tranches larges comme ça. Même on y croira plus… Moi qui vous le dis. Jamais plus con que le soi précédent ! Mais contexte, contexte, j’y arrive ! Vingt-six ans je traîne à ce moment-là. Pas vieux, j’entends. Le corps qui incrémente, et le souvenir qui décrémente. L’inverse on préférerait tous. Toujours est-il, ce charabia est roman et chronique… La vérité suinte des murs, juste un peu de tapisserie au-dessus. Et pas du haut de gamme, je vous vérole pas promis ! Laisse beaucoup de trous, que vous puissiez y voir l’essentiel. De vous à moi presque tout qu’est vrai.

 Chroniqueur, là : la routine ! Important ! Les habitudes, ça permet de mieux se connaître. En creux… Raconter sans vraiment. Technique d’auteur, paraît-il ! Comme regarder quelqu’un par un cul de bouteille, on se fait une idée. Mais je reprends ! Jugez pas c’est tout ce que je demande. Marottier fini moi, routinier par peur. De tout de rien… Méfiant, faut bien, puis j’aurais eu raison de l’être plus, à observer comment ont tourné les choses. Télescope mauvais sens. Je poursuis !

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