Chapitre 12

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 Au milieu de la salle mesquine, avec ses étouffements de tables qui s’étendent autour de moi, voilà que je me prends à rire… Me figure la scène. Le mariage. La pièce déguisée pour l’occasion. Wouah ! Cocasse, croquignolesque en mille ! Déliquescence costumée, des murs aux tartisses ! Que va-t-on coller des strates de fard sur une benne à ordures ou sur une retraitée ? Vous décrire tout de même, que vous en conceviez une idée s’éloignant pas trop… Bas de plafond, déjà ! Ou haut de pieds, c’est selon. Flagrant, écrasant, voûte droite et permanente ! La stratosphère du restaurant a l’odeur des dessus de crâne. Aussi y accrocher une boule à facettes… Elle se reflète déjà trop en elle-même, la pièce principale, alors tout artifice la rend foire du Trône. Puis elle est replète, plus large que longue si tant est qu’on inverse longueur et largeur. Il s’en dégage un sentiment de chaleur, de bonhomie narcotique, une invitation à la méridienne. C’est une grosse grand-mère et en même temps le fond de marmite qu’elle touille. La fête, là-dedans… Qu’ils croient, qu’ils se projettent… Tordant ! Les voir se cogner partout tables, tabourets, bar, plantes ! Puis voir dans quoi. Décorum artisanal plastique. Tout un amalgame de mobilier damasquiné rouge usé, l’ambivalence de l’ancien qui se veut chic mais qu’a simplement l’air vieux. Et les fenêtres… Trois lucarnes, mal réparties sur la devanture, si peu grosses que les meubles devaient être là avant et qu’on a construit autour… N’y passe que de la lumière en fines lamelle, lanternes sashimis : des morceaux de citron qui éclairent comme un photophore, pas bien plus.

 Ce sera de nuit, vous m’opposerez ! Trouble-fêtes… Soit, soit. J’y consens, l’obscurité filtre plus le laid… Que la médiocrité du lieu sera au moins masquée un peu, babeurre exécrable mais comestible, crasse dissimulée derrière des haillons de lune. Le mauvais goût c’est une histoire d’ombres, mais tout de même. Mariage ici… Insensé ! Loufoqueries pour asthmatiques de l’élégance. Tartuffes à paillettes… Qui plus est… Ça tournera foutraque avec l’autre dégénéré de la parole à son bureau. Rabougri Jacquemin, visage en labour, coriace chrysalide. Le convaincre lui, d’abord. Pas chose aisée. Tout sauf sensible aux chatouilleries émotionnelles Jacquemin, aux atermoiements du palpitant ; l’est romantique sonnant et trébuchant lui, seulement et rien d’autre ! Voit devis à sa porte avant toute considération. Faudra que je l’entreprenne par là, sa radinerie comme amorce. Manœuvrer, chaloupe légère, nasse à esturgeons il miroitera. Pétrossian dans les caisses, il résistera pas, pourra pas dire non. Ronchonnera pour la forme, entendu, sa manière de mettre de la distance. Pas vilain bougre ou sans cœur absolument non, empêché chronique du sourire simplement. Rien à faire, à compter d’un certain âge les mimiques sont figées, faciès en boucle infinie ; la vieillesse se contente de marquer au burin les esquisses crayonnées des vertes années. Bien que le brouillon se fige… Chacun son truc. Il est bougon comme d’autres vendent des lunettes ; moyen de se faire une place, de s’assurer une contenance, de prélever à sa manière sa part de solitude à la société. Alors lèvres dirigées vers le Groenland ou vers l’Australie ce que ça indique du tempérament… Cacahuètes !

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