Chapitre 8

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 Un bruit s’émancipe. Chtong, comme ça. La murale horloge, as they say, qui tinte. La toquante a un air de serrure : midi pile. Zénith, ça signifie l’habillement et départ. Se dépêcher, ruer au placard, enfiler en un geste ou moins. Je suis fringué comme l’as de pique, mais j’ajusterai en route… Pas le temps pour mieux : je décale au pas de course. Je branlebasse comme je peux tandis que le soleil branle, lui, plus haut que jamais. Entre çui-là, la Garonne limoneuse et l’exaspérante brillance des pavés, ça se la tire à qui-mieux-mieux pour être le plus efficace éblouisseur. D’où que je me tourne, c’est contrejour et contrejour encore sur la rétine, un cercle entier de gyrophares inconscients qui embrassent toute la vue alentour : les façades blanches, et les feuilles et les moutonnements marronnasses de l’eau. Fait pas bon turbiner un jour tel, pour celui-ci ou chacun, c’t’un temps à s’enduire de monoï, coco huile ou bien de climatisation, bien plus que loufiater dans tous les sens. Question d’âge aussi… Soleil c’est la sécheresse des vieux. Lumière, canicule : c’est le grand écrémage des rides et tant pis pour l’Oréal. On ne peut pas tout contrôler.

 Marrant d’observer les badauds badauter au fil de mon voyage vers le restaurant. Leur démarche infinitésimale, presque à reculons tellement qu’ils avancent pas vite ; que leur ombre s’en retrouve fatalement désorientée à force qu’ils statisent. S’avachissent sur eux-mêmes, plombés fatalement du bain-marie qu’ils subissent malgré eux. Moi derrière eux, tout ce monde… Les rattrape, les dépasse, coup de vent qui rafraîchit personne. À louvoyer dans leur anti-défilé, je me sens busard au milieu de montgolfières. La peur d’être en retard me trimballe sixième vitesse jusqu’à La Belle Époque. Ouf ! Arrivé ! Coup d’œil. À l’heure, tout juste. Hélas, si j’ose… J’entre. Que dire d’aujourd’hui sinon que ? Idem… Chaque jour… Simon, vestiaire, fringues, Jacquemin et son bureau qui lui sert d’organe, l’enfilade de visages cramoisis posés devant leur verre bête. Parfois un se cogne le genou et grogne. Secousses au plateau de la table. Et les heures comme ça, infiniment lentes et pareilles toujours, chenilles processionnaires qui s’allongent au mors des jours. Patrouillent sur notre éternité jusqu’à la reprendre. Mais je m’égare, je philosophe alors que tout de même il s’est passé ce jour-là une chose pas banale, de l’inédit. Du moins selon nos standards de l’ennui ici.

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