Chapitre 7

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 Tendre est la nuit… Faut voir pour qui ! Agitée, patraque tout du long… Pas moyen de s’abandonner complet. Sommeil en débandade, repos zèbre. La faute au dernier whisky, sur la route, la flasque de Théo. Lampée toute entière, pas bien grosse à quatre, mais enfin, vide juste avant de se séparer. Erreur. Tu parles d’un somnifère. Potion à cauchemar oui. Madère, porto, j’aurais rien dit, mais whisky… Trop vite, trop fort. En confiance on se croit, invincible. Au plus on boit, au plus on se grossit, on s’enfle d’orgueil, on tourne rhinocéros mais seulement de la croyance. L’après existe pas, dans ces instants-là. Nourrisson tout est si rose ; vingt-six ans tout est cirrhose. De mal en pis à chaque foie. La suite ce sont les affres… Rien d’autre. Puis le réveil surtout, la grande déplongée, qu’est jamais celle auquel on s’attendait au moment de se stationner horizontal. Hélas, c’est l’hallali du corps ! Cataclysme, tout manque ! Les sens aux fraises, sans exception. Cerveau tout sauf cerveau, noix d’ouate, compote, machine à laver, orchestre barbouillé, gyroscope détraqué, boussole folle, Nord dans toutes les directions ! Tout tourne ! La Terre en roulé-boulé ! C’est l’habituel sirtaki… Heureusement la bouteille d’eau traîne sur la table de nuit, pas tout à fait vide. Réflexe salutaire de l’avant-coucher.

 Je la bois toute entière. M’arrose, bouche langue et visage, pas façon brumisateur : grosses gouttes Niagara et tant pis pour les draps. Ça aide. J’y vois moins coton. M’assoit doucement… Puis jambes au sol, flexion, debout… Ça tangue, beaucoup énormément, à n’en plus finir. Devait être frelaté son whisky, ou premier prix, j’ai pas fait attention tout occupé à le boire que j’étais. Coupé au pétrole ou à la peinture, pas possible autrement. Il chuchote encore partout, le malt vicieux, cuisses et mollets, rend flasque l’intégrale muscles et tendons. Péniblement le salon… La douche… M’effondre dedans, assis recroquevillé, et laisse l’eau couler des minutes et plus, moi dessous. Une demi-heure… D’un coup eau tiède ! Eau froide ! Chaleur plus rien, coup de fouet ! Chaudière kaput. Merde ! Je sors vite, lavé là-haut mais pas plus propre du reste. Brumes un peu dissipées, si l’on veut.

 Derrière les volets s’étendent les mêmes rayons qu’hier, de longues traînées jaunes qui vont croissantes à mesure que la grande aiguille entre en érection. Le grand foutre solaire qui nous inonde, mieux qu’au cirque, qu’il va falloir affronter toute la journée encore. Ça et le reste. Les glaçons, les parasols, les plaintes, de table en table, d’homme en homme, d’heure en heure. Ça geint et ordonne, très préfets les clients et si peu Moulin quand nous y sommes. Tous lascifs, prélats authentiques, positions remplies de sous-entendus cependant que nous serveurs piétinons : carreaux, terrasses, cuisines… Plus de monnaie, aller-retour… Jambe ici, jambe là, mains partout, chargée d’assiettes, de lassitude, de plateaux, d’ennui, de pourboires plus rarement. Ballet russe, courbatures et coups de balais…

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