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4 minutes de lecture

Lorsqu'elle entra, elle fut tout d'abord émerveillée par la beauté de la vue à 360° qu'offrait cette pièce et le magnifique lever de soleil – auquel elle aurait adoré prendre le temps d'assister – ainsi que par la qualité des biens privés d'Anna, sans parler de son mobilier. La chambre était de taille assez conséquente abritant en face de la porte un lit "King Size" de très bonne facture, avec de longs drapés clairs tombant du plafond, tout aussi transparent que le reste, tandis que sur sa droite, un gigantesque dressing permettait au chevalet de peinture d'avoir un peu d'ombre, selon l'endroit où se trouvait le soleil. Au beau milieu de la pièce, se trouvait un mini salon assez cosy avec un canapé confortable et un fauteuil en velours, un grand tapis et une table basse où s'entassaient des magazines divers et variés, tandis que juste derrière, deux bureaux mis côte à côte supportaient le matériel de diffusion audio-visuel et de mixage. La grande chaîne Hi-fi, qu'elle n'avait encore jamais entendue fonctionner, était quant à elle derrière un coin de mur, près du lit et du petit bureau supplémentaire – comme s'il n'y en avait pas déjà assez ici – avec un ordinateur fixe et en face de lui se trouvait un magnifique piano à queue sur lequel sa mère adorait jouer quand elle était jeune. Ce chef d'œuvre signé Yamaha, d'un noir pronfond et lisse, devait au moins coûter soixante-quinze milles euros. Iséa ne l'avait encore jamais vu. Comment était-il arrivé jusqu'ici, d'ailleurs ?

Cette pièce semblait provenir tout droit d'un rêve et elle dû se faire violence pour ne pas perdre plus de temps à admirer l'ambiance du lieu et se mettre à y chercher des réponses. Son premier réflexe fut – bien évidemment – d'aller sur l'ordinateur, quoi de plus logique que de cacher derrière un mot de passe les informations sensibles ?

Un essai, deux essais, trois essais : "Réessayez dans 60 secondes".

Encore une fois, deux fois, trois fois : "Réessayez dans 120 secondes".

Si elle continuait de la sorte, elle finirait par avoir un délai d'attente de plusieurs heures, il lui fallait un indice. Elle avait essayé sa date de naissance, ainsi que celle de sa mère et de son père, le prénom de leur ancienne chienne Pop, et même des chats, Bulle, décédé d'une maladie juste avant leur dernier déménagement, et Mozart le chat de ses grands-parents. Puisque les mots de passe les plus basiques n'étaient pas corrects, il faudrait trouver une info supplémentaire, info que pour le moment elle n'avait pas et elle n'avait aucune idée d'où la chercher. Elle se leva du siège devant le bureau et se dirigea vers les magazines.

"De la mode, de la déco et des DIY..."

Elle sortit par hasard du dessous de la pile, un ancien numéro de "Parent Endeuillé", un chiffon de conseils stupides de par leur évidence sur "comment affronter le deuil en tant que parent" et "comment choyer son enfant en état de deuil". Elle avait déjà vu ce genre de document en allant chez le psy et savait désormais qu'il fonctionnait par abonnement.

"Le numéro 5 ? Maman, t'es vraiment en train de payer pour lire ce truc ?!"

Sa mère n'avait vécu aucun deuil récemment, ce qui commença à l'inquiéter. Elle regarda la date et pencha sa tête sur le côté, sourcils froncés, confuse.

"Ah, c'est si vieux que ça ? Je me demande pourquoi elle les a gardés... Je me demande même si ça existe encore."

Fort heureusement, il datait d'avant même la disparition de son mari, le "deuil" en question ne le concernait donc pas, faisant soupirer Iséa de soulagement, mais laissant tout de même cette question en suspens. De quel deuil s'agissait-il, ou plutôt, de qui ? Elle estima qu'elle en avait fini avec l'examination de la table basse et avança tout au fond de la chambre, au niveau du matériel de tournage.

"Faites qu'il n'y ait pas de mot de passe !"

Elle s'installa devant, alluma l'écran et comme on pouvait s'y attendre, un écran bleu apparu, demandant un code à quatre chiffres. Elle cliqua sur la petite icône à droite de l'espace pour écrire et une info-bulle apparut, indiquant : "Simple".

"Quelle info !"

Iséa grimaça. L'ordinateur portable relié aux éclairages, écrans, caméras et micros possédait en dessous de son pad, un système de reconnaissance tactile. Elle savait qu'elle n'avait droit qu'à une seule chance, après ça, par soucis de sécurité et de confidentialité, il lui serait demandé par le programme de procéder au dévérouillage via l'empreinte uniquement. Elle s'avachit dans le siège à roulette confortable, prenant cinq minutes pour réfléchir.

"Date de naissance ? Non, ça pourrait être la mienne, la sienne ou celle de papa, trop risqué de tenter sur une chance sur trois. La suite un, deux, trois, quatre ? Non, elle pourrait tout aussi bien commencer par zéro, ou compter de deux en deux, puis dans tous les cas, ce n'est clairement pas son genre. Quoi d'autre... Il faudrait que ce soit un code dont elle puisse se souvenir en toute circonstance, sans réfléchir... Un code, à quatre chiffres... Un code... À quatre chiffres !"

Fier d'elle et persuadée d'avoir trouvé la solution, elle se redressa d'un coup, tapant avec précaution sur le clavier pour éviter les fautes de frappe. Deux, cinq, cinq, six et l'écran afficha enfin le bureau avec les dossiers et ses logiciels de montage. Iséa se mit à faire une danse amusante avec ses bras, tout en chantant intérieurement.

"Trop forte ! Alors voyons voir..."

Elle parcourut l'ensemble des fichiers pendant plus d'une heure sans rien trouver de convaincant, ni même digne du moindre intérêt.

"Des brouillons de tournage, des sauvegardes, des copies de vidéos, une flopée d'images vectorielles, de photo et de trucs bizarres pour faire ses montages de miniature... Rien d'intéressant... Tout ce temps perdu ! Oh ? À moins que ?"

Un fichier ".txt" retint son attention. Elle savait d'expérience que les fichiers sous cette forme représentaient bien souvent des choses soit pas importantes comme des notes diverses et variées, soit qu'on voulait garder discrètes. Celui-ci nommé "pc" ne pouvait pas contenir autre chose que des infos croustillantes.

2509 / 2344 3434 3442 2424 234 333 MDP : Bébé Bulle

Le grognement soudain de son estomac lui fit constater que le soleil était bien levé désormais, et que le moment était donc venu de faire une pause-déjeuner.

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