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Il était 9 h 30 quand elle se décida enfin à remonter après son rituel matinal, légèrement déprimée par le peu d'infos qu'elle avait pu trouver. Elle jeta un œil à nouveau à l'écran d'ordinateur portable qui était resté allumé. Le code à quatre chiffres ne lui disait rien, mais elle prit soin de le noter dans le bloc-note de son téléphone portable, quant à la grande suite de nombres, elle pouvait correspondre à un RIB, il s'agissait peut-être du sien, ou de celui de sa mère... Elle vérifia dans son application bancaire : le RIB n'était définitivement pas le sien. Alors, elle pris en photo l'écran, se promettant de vérifier plus tard sur le téléphone de sa mère, avant qu'elle ne monte dans sa chambre et se rende compte de la supercherie.

"MDP, ça c'est mot de passe, rien de bien difficile, mais bébé bulle ? Son mot de passe est en lien avec le chat ? Genre quoi, sa date de naissance ? J'en ai aucune idée, peut-être que je pourrais trouver des notes de véto quelque part dans ses classeurs."

Elle éteignit la machine et commença à ouvrir les tiroirs du premier bureau. Elle trouva des factures en vrac, non triées, sans doute oubliées : électricité, école, cantine et le certificat de décès de leur petit chat, indiquant son âge approximatif.

"Oh mon pauvre petit Bulle... T'étais si mignon..."

Elle eut une petite pensée pour cette boule de poil qu'elle avait été chercher avec sa mère au beau milieu de la nuit après de multiples supplications à environ 30 minutes de route dans la campagne, chez des rustres qui comptaient le tuer s'il n'était pas adopté rapidement, car la portée n'était pas voulue. Tous les autres étaient partis, sauf lui, rayé, mais très foncé, on avait l'impression qu'il était noir et de ce fait, peu de gens voulaient avoir à faire avec ce genre de superstition. Elle se souvenait encore du premier contact, le bébé tenant dans le creux de sa main, tout petit, tout poilu, hagard et perdu, trébuchant à chacun des petit pas qu'il faisait dans son carton. Tout plein de puces et autres immondices, elle se souvenait à quel point ça avait été problématique une fois rentré, car ces petites bêtes sautaient partout et avaient finies par envahir leurs têtes à elles aussi. Par réflexe, elle gratta sa tête, semblant sentir des milliers de fourmillements chatouilleux. Ce petit chat était âgé d'environ un an et demi le jour de sa mort. Soudain, tandis qu'elle était plongée dans ses calculs, elle réalisa le temps qu'elle gaspillait inutilement.

"Mais... on ne connaît pas sa date de naissance... Même le vétérinaire avait donné un âge approximatif, ça ne peut pas être le code, c'est impossible."

Elle continua de fouiller au beau milieu des textes que sa mère écrivait à ses heures perdues sans jamais les terminer et divers gribouillages, mais n'y trouva rien de plus mis à part de nombreuses ordonnances indéchiffrables aux dates de prescription régulière, la dernière datant de quelques jours auparavant. Cette chambre avait beau être gigantesque, elle possédait très peu de rangements, la plupart des choses présentes étant du mobilier ne possédant aucun tiroir ni emplacements de rangement. Le dernier emplacement où elle pouvait chercher une paire de clefs était dans les tables de nuit entourant le grand lit, dans celle qui se trouvait à droite, vers l'intérieur de la chambre, elle ne trouva qu'une mini-poubelle, pleine à raz-bord d'emballages métalliques de médicaments et de morceaux de cartons déchirés, probablement les boites qui les contenaient. Il y avait là une quantité énorme et elle se demanda s'il s'agissait de sa consommation depuis son arrivée dans la maison. Elle prit l'un des contenants vide et regarda derrière afin de vérifier le nom du cachet en question, sans succès. Elle le remit en place et ouvrit le petit tiroir juste au-dessus. Celui-ci ne contenait qu'une poignée de pièces de monnaie.

De l'autre côté, en bas, le petit meuble en noyer teinté était vide, mais au-dessus, Iséa trouva un carnet de notes. Ce qu'elle y vit lui fit froid dans le dos : des dessins effrayants de visages effarés, hurlants, parfois cornus et d'autre fois décomposés, sur des corps amaigris et mutilés, des paysages de mort et de désolation, et des croquis de femme nue recroquevillée sur elle même au creux d'une main ou entourée parfois de ce qui semblait être des pattes d'araignée géante, dessins souvent recouverts de mots écrits à la va vite d'une main sûrement fiévreuse et tremblante et la phrase suivante inscrite sous chacune des pages : "Il arrive".

Perturbée, elle recula d'un pas vers le lit et son talon cogna dans quelque chose. Elle reposa le bloc-notes et referma le tiroir avant de se mettre à genoux, visage contre le sol regardant sous le lit. Elle poussa un hurlement et recula brusquement lorsqu'elle vit en dessous, la silhouette d'un homme les yeux exophtalmés, cireux, la fixant avec un sourire malsain et forcé aux dents trop carrées, presque plus grand que son visage. Dissimulé dans l'ombre du dessous de lit, il semblait terriblement grand, trop grand et trop fin, le visage émacié et lorsque sa main bougea en sa direction, ni une ni deux, Iséa se releva et sortit précipitamment de la pièce.

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