86.3

12 minutes de lecture

Sur le trajet du retour, un calme plat règne dans l’autofiacre. Nous avons dit au-revoir à l’incroyable Hazel en prenant soin de lui laisser nos numéros.

— Pour sceller ces nouvelles amitiés, a-t-elle déclaré, j’aimerais, si vous le voulez bien, que vous m’enregistriez sous mon surnom : Hazy.

— Et nous ? s’est enquise Nolwenn. Tu nous donnes quoi comme surnoms ?

— J’ai le tiens sur le bout de la langue depuis notre premier duo, Peanut. Ta copine sera Hedgehog et, pour notre futur Prix Nobel… voyons… Brainbird.

C’est la première fois de ma vie qu’on ne me surnomme pas en amputant mon prénom. Si elle n’attirait pas déjà autant de sympathie, cette seule attention aurait suffi à faire d’elle mon amie.

Assise à côté de moi, Luna nous remercie chaleureusement pour notre venue. Elle glisse une sacoche cuirée, que je ne l’ai même pas vu embarquer, de ses genoux sur les miens.

— C’est un cadeau ? hasardé-je sans y croire une seconde.

— Non, c’est un service que je te demande, et le paiement qui va avec.

— Tu n’avais pas besoin de mettre les petits plats dans les grands pour ça, tu aurais simplement pu me dire ce que tu voulais sans nous faire faire le déplacement.

— Mais vous n’auriez pas pu rencontrer Hazel.

Face à nous, Nolwenn et Dolorès se sont assoupies l’une contre l’autre. Si la digestion me donne à moi aussi des envies de sieste, je me méfie de l’intruse qui, peut-être, ne dort que d’un œil. Je baisse d’un ton, consciente que Luna n’en révèlerait pas trop si cela devait nous mettre en danger.

— Tu comptes m’en dire plus sur ce service ou me laisser jouer aux devinettes une fois rentrée ? insisté-je, la main prête à déclipser le fermoir.

Luna m’en dissuade en me retenant le poignet.

— Attends d’être à la villa pour l’ouvrir, ça casse.

J’abandonne l’idée de lui tirer les vers du nez et me replie dans le silence pour le restant du trajet. Ce n’est qu’à l’approche de Molens Baii que ma sœur, sans que j’aie rien demandé, se décide à me livrer quelques indices :

— Tu trouveras dans ce sac une dizaine de fioles, toutes contiennent du poison. Analyse-les, dis-moi quelles toxines elles renferment et ce que tu en penses. J’ai placé la rétribution dans une boîte en fer blanc. Elle contient aussi une petite note manuscrite, c’est possiblement le mot-de-passe après lequel tu cours depuis des lustres.

Rien de ce qu’elle annonce ne fait sens.

— D’où provient le poison ? Et où est-ce que tu aurais pêché le mot-de…

— Tututu.

Contre mes lèvres, son index ganté me coupe la parole.

— Tu auras tes réponses, Brainbird. En temps voulu.

Un œil entrouvert, comme je le redoutais, Dolorès n’a rien perdu de la scène. Elle fait pourtant comme si de rien n’était, réveille doucement Nolwenn pour la guider vers le bateau. Luna nous escorte jusqu’à bord, comme pour faire durer un plaisir qu’elle a elle-même éteint.

Nolwenn a l’air de s’en réjouir. Moi, ses énigmes et ses manigances me sortent par les trous de nez. Alors qu’elle s’avance pour me serrer dans ses bras, je lui agrippe le poignet à mon tour et la confronte, les yeux dans les yeux.

— Trêve de baratin, Luna. T’as jamais eu besoin de l’approbation de personne pour choisir tes conquêtes. Alors pourquoi nous avoir invitées ?

— J’imagine que l’envie de passer un bon repas en compagnie de mes chères sœurs ne te convaincra pas davantage, alors je vais être franche. Je ne pense pas que nous soyons en sécurité à Elthior. Un assassin court toujours et nous ignorons encore trop sur notre propre père. En parallèle, bien que vivre aux côtés d’Hazel m’assure un accès privilégié à tous les potins des hauts dignitaires, je ne peux pas nier que ma seule présence à Whistlestorm lui fait courir un grand danger. S’il devait m’arriver malheur, je veux que vous ayez vos entrées en cette maison. Je veux que vous bénéficiez de toutes les protections nécessaires, et je souhaite également que vous preniez soin d’elle.

— Et à quel moment t’es-tu dis que Nolwenn et moi étions les personnes indiquées ?

— Aucun. C’est à Cerise que je souhaitais m’en remettre, mais vous savez toutes deux où la trouver.


Il fait déjà sombre lorsque nous rentrons à la maison. Nous racontons notre journée à Cerise et je ne manque pas de lui transmettre tous les espoirs que Luna place en elle. Si elle déplore de n’avoir pu faire la connaissance d’Hazy, elle n’en regrette pas moins d’avoir échappé à une nouvelle virée à Elthior. Sa dernière visite lui a laissé des souvenirs douloureux et, même si un calme factice règne à nouveau sur l’Ouest de l’île, on rapporte des soulèvements de plus en plus violents du côté de Crown Bay qui pourraient, d’ici quelques jours à peine, gagner le Port des Veuves.

Je laisse le soin à Nolwenn et Dolorès de répondre à toutes les questions de Cerise sur l’allure du manoir et les plats du service. Les souvenirs chaotiques de la première et ses détails en vrac sont compensés par l’exposé méticuleux de la seconde, aussi savoureux qu’un rapport militaire. Profitant de la confusion ambiante, je m'éclipse au sous-sol, dans le laboratoire qui, je dois l’admettre, m’a moins manqué que prévu.

J’ai passé presque trois mois recluse sous la maison, à chercher nuit et jour des réponses à des questions, pour la plupart à peine formulées ; à décortiquer molécule par molécule tout ce qui nous compose, dans l’espoir de comprendre l’ampleur et l’enjeu des travaux de notre créateur ; à guetter en vain la moindre petite aide qu’il aurait eu la présence d’esprit de nous faire parvenir avant de passer de vie à trépas. Ce monde souterrain que je fantasmais, ce laboratoire que je lui jalousais, sont devenus le tombeau de tous mes échecs. Je m’y suis enterrée vivante.

Je n’en peux plus de cette pièce qui sent le renfermé, des quelques rayons de soleil que laisse passer le soupirail et de l’humidité qui s'infiltre dès que j’ose l’entrouvrir. Je n’en peux plus de me démener et d’apporter aux autres toutes les infos sur un plateau, alors que moi je m’effondre, au sens strict. Je n’en peux plus de m’énerver pour un rien, d’angoisser en silence et de n’avoir personne à l’épaule assez solide pour que je m’y appuie.

Je m’installe, aussi confortablement que possible, dans la chaise qui, les semaines passant, est devenue mon lit. Plusieurs fois, j’ai été à deux doigts de m’installer une sonde pour ne perdre aucune précieuse minute à courir aux toilettes. L’absurdité de mon propre jusqu’au-boutisme me déride un peu, à rebours. Je suis comme ça. Je me donne à fond, ou pas du tout. Pas question de faire les choses à moitié, de laisser un problème en suspens, de fermer l’œil avant d’avoir mis le point final à une conclusion. Mais, pendant que je m’esquintais à résoudre les paradoxes de tout le monde au creux de ma salle d’étude, le monde a continué de tourner sans moi. Le verdict est sans appel : je suis à la ramasse.

Je me redresse, dévisage l’ordinateur dont les sécurités insensées font constamment planter mon logiciel de décryptage. Pour l’instant, seul le premier caractère de la clé d’accès a pu être déterminé : D.

D comme Darmstadtium, Dubnium, Dysprosium.

D comme Darwin, Daguerre, Doppler, Dobzhansky ou Dunlop.

D comme Dalatias, Delphinus, Dentex, Dichelopandalus, Diplodus, Donax, Dussumieria, tous les autres et chacun de leurs dérivés.

D comme Dublin, Detroit, Denver, Dubaï, Dakar, Delhi.

D comme Doryan, Dosdelabaleine.

D comme Dagmor.

D comme Ducon !

J’ai tenté chacun des termes qui me venait à l’esprit. Aucun n’a fonctionné.

En vue de mettre un terme à mon calvaire, je n’ai plus d’autre choix que de ravaler mon ego. J’ouvre la sacoche remise par Luna. À l’intérieur, sont soigneusement rangées une douzaine de fioles dont les liquides, plus ou moins translucides, ressemblent à première vue à du thé. Rien de plus suspect que ce que nous avons bu, ce midi-même, à la table d’Hazel Orsbalt.

— Voyons voir ce que tu mises.

Laissant pour l’heure de côté les énigmatiques échantillons, j’extraie du bagage la boîte en fer blanc mentionnée par ma sœur. Le couvercle soulevé révèle d’abord le papier froissé de sa note manuscrite – Elle ne pouvait pas m’envoyer un holo, comme tout le monde ! – et, juste en dessous, dépassent des courbes blanches et crayeuses que je reconnaîtrais entre mille.

Une espèce d’euphorie me noie le cortex. J’en oublie le papier, que je dépose négligemment sur la paillasse. Je dénombre les comprimés entassés. Trente.

J’écarquille les yeux. Je retiens mes larmes, aussi. Osant à peine y croire, je recompte une deuxième fois. Aucune erreur possible. Aussi invraisemblable que cela me paraisse, Luna n’a ingéré aucune pilule depuis son départ pour l’Académie. Pas une seule fois elle n’a pioché dans le stock que je lui avais fourni il y a deux mois et demi.

Mon soulagement est tel que mes glandes lacrymales débordent.


J-58.


Cette nuit-là, je délaisse le laboratoire pour le confort molletonné du matelas à mémoire de forme. Bien que je ne le comprenne pas, je loue l’entêtement de celle qui n’a jamais rechigné à être un maudit vampire. Luna le sait, d’une façon ou d’une autre : elle vient de m’offrir un mois de répit. En son honneur, je m’endors même au son de l’œdème vocal qu’elle ose parfois appeler son « groupe préféré ».


En voyant la lumière, j'voulais faire marche arrière

Mais ma mère a pas permis que j'reste au stade embryonnaire.

Moi on m'a jamais d'mandé si j'voulais vivre comme un serf

Dont on célèbre l'obédience par une fête d'anniversaire.

On m'a dit : « Lève-toi et marche.

Reste dans les traces du patriarche. »

Mais les chemins d'antan s'effacent,

Alors pour pas perdre la face tout l'monde s'oriente au pile ou face.

Les rêveurs clament « Viens, on s'arrache !

On veut pas vivre comme des lâches. »

Mais les murs qui nous emprisonnent,

Quand on les passe nous empoisonnent…


Je paresse tard le matin. Il est déjà sept heures et quart. Vite, je me vêts, croque une barre protéinée en passant par la cuisine et descends au labo. À ma plus grande surprise, je trouve Nolwenn, déjà bien éveillée, qui pédale dans le vide, assise sur une paillasse.

— Qu’est-ce que tu me veux, dès le matin ?

— T’aurais plus des somnifères, dis ? Tu sais, ceux que t’as séparé des pilules…

— Pourquoi ? Tes puces t’empêchent de dormir ou tu veux faire des trucs à ta copine dans son sommeil ?

— J’ai pas d’puces, d’abord.

Je note qu’elle ne démens pas ma seconde hypothèse.

— C’est pour Dolly, confirme-t-elle. Même maintenant qu’on… qu’elle m’a confié plein de trucs de son passé, elle continue à faire des cauchemars. Peut-être que ça l’aiderait.

— Nolwenn, tu ne t’es jamais dit qu’elle avait fait des choses horribles, pour en arriver là ?

— Bien sûr que si. C’est tous les gens qu’elle a tués, et tous ceux qu’elle n’a pas pu protéger. Mais qu’est-ce qu’elle y peut, Eugèn’ ? On ne lui a pas demandé si elle avait envie de faire la guerre.

— T’es trop naïve…

— Oui ! Je suis naïve et t’es butée. Tu cries tout le temps haut et fort que tu veux révolutionner le monde et aider les gens, mais t’es pas fichue d’aider la seule personne qui en a besoin, là, tout de suite.

— Et moi, tu crois qu’on m’aide ?

— Dolly ne demande que ça, nous aider.

Il faut toujours qu’elle finisse par me taper sur les nerfs. Dans le fond, elle n’a pas tort. Si je trouvais le moyen d’améliorer le quotidien ou de sauver des vies, je ne pourrais pas empêcher que des individus comme Dolorès bénéficient de mes inventions. Je ne pourrais pas me permettre de faire de différences.

J’examine l’un de mes tiroirs, moins pour lui donner raison que pour me débarrasser d’elle, et lui tends un petit pot encore plein de poudre blanche.

— Une seule pincée dans un verre d’eau avant d’aller se coucher.

Nolwenn hoche la tête, un petit « merci » articulé comme par contrainte. Au moment où elle saute de la paillasse, son short emporte avec lui le billet de Luna. Ses réflexes félins à leur plein potentiel, Nolwenn rattrape le papier avant moi et le lit la première. Elle fronce les sourcils.

— Ystad ? C’est pas là que partait la lettre pour ce Dagmor ?

Je m’approche pour prendre, comme elle, connaissance des cinq lettres.

Ça n’a pas de sens.

Dans l’unique but de me prouver que les talents de Luna ne sont pas irréfutables, je les entre tout de même dans la barre de saisie qui bloque l’accès aux recherches de Magnus.

Message d’erreur.

— Dans tes canines, Luna ! Si t’étais voyante, tu saurais que le mot de passe commence par un D !

— Comme Dagmor, claironne fièrement Nolwenn.

— Tu t’es prise pour Turing ? J’ai déjà rentré ça, figure-toi, ça ne marche pas.

— Et Ystad… à l’envers ?

J'exécute sa bêtise, seulement pour lui en faire la démonstration empirique.

Constate ton échec et ravale tes idées à la gomme !

L’ordinateur émet un son aigu, inconnu à mes tympans. L’habituel message d’erreur a cédé la place à un écran de chargement.

— Tu te paies ma tête, Magnus ?

— Tu peux m’appeler Turing, me nargue Nolwenn.

Le fichier décrypté contient des centaines de pages de protocoles expérimentaux et de rapports détaillés. Mais pour l’heure, impossible d’y concentrer toute mon attention, la faute au chaton hyperactif qui me pose quinze questions par minute. Dans les faits, elle a beau le formuler de toutes les façons possibles, il n’y a qu’une chose qui intéresse vraiment Nolwenn : cette stupide légende des Nootaks.

Consciente qu’elle ne me lâchera pas la grappe, je simule la fatigue et l’invite à prendre le petit-déjeuner. Quand nous montons à la cuisine, cependant, au lieu de trouver Cerise aux fourneaux comme d’ordinaire, nous la découvrons plantée avec RF5 devant les huits ascenseurs à pilules. Je constate avec étonnement que le caisson du sien renferme désormais une sorte de pot-pourri.

— C’est quoi ces fleurs séchées ?

— Juste une idée, comme ça, sourit-elle. Puisque les monte-charge n’ont plus aucune utilité, je me suis dit que, peut-être, chacun pourrait contenir… je ne sais pas… quelque chose qui nous ressemble. J’ai commencé par moi, juste pour me rendre compte. Qu’est-ce que vous en dites ?

— Je veux mettre des bonbons dans le mien ! se précipite Nolwenn. Non, des tickets de transports ! Non, des notes de musique ! Ah, non, ça ce n’est pas possible… Alors des coquillages ! Ou bien des poils de chat ! Ou alors…

— C’est pas mal, concédé-je. Ça lui plairait sûrement.


J-57.


Sans doute parce qu’il prenait d’infinies précautions, les rapports de Magnus s’avèrent eux aussi lacunaires. Son nom n’apparaît pas. Les documents de l’armée sont signés par des noms qui ne me disent rien : Gustav Lassen, Tommy Sparre, Lewiss Levett, Inger Bengtsson. Les seuls noms connus sont ceux de Jochum Visscher, alors Haut Représentant de l’Armée de l’Union, et Noburu Hirata. De ce que je comprends, Visscher n’apparaît ça et là que pour valider une requête ou poser son véto. Quant à l’actuel PDG d’Hiratek, il serait seulement le concepteur des matrices où devaient se développer nos embryons.


J-56.


Dans l’ascenseur d’Emmanuelle, des herbes séchées s’entassent jusqu’à mi-hauteur. Au-dessus, Cerise et RF5 suspendent une aiguille à un fil.

— Depuis quand Emma aime la couture et les aromates ?

— C’est symbolique, déclare Cerise. Emmanuelle aime dire qu’elle trouverait une aiguille dans une botte de foin.

— Mais ce qu’on aimerait ne nous correspond pas forcément.


J-55.


Pour ma part, j’aimerais comprendre ce qui pousse Nolwenn à se lever d’aussi bonne heure tous les matins. Elle qui aime paresser jusqu’à pas d’heure, ça ne lui ressemble pas. J’aimerais plus encore découvrir comment se procurer le principe métamorphe, mais ν est absent des premières centaines de pages que j’ai pu étudier. Lassen et Sparre, manifestement en charge des recherches, ne le savent pas encore, mais c’est cette absence même qui conditionne leurs échecs successifs.

La vérité n’a pas de quoi me surprendre, pourtant elle m’horripile. Avant que l’embryon de l’une d’entre nous ait pu subsister, les tentatives des deux scientifiques de créer une vie hybride, que ce soit avec l’ADN d’un chimpanzé, d’un porcin ou d’une souris, se soldent par des dizaines et des dizaines de pertes. Les semblants de fœtus qui se décomposent in vitro sont les plus nombreux et les plus chanceux. Quelques uns de ces mutants atteignent pourtant maturation, sont extraits de la matrice. Là où, au lieu de vivre, ils meurent à petit feu, une cellule après l’autre. Là où, pour seuls soins, ils font les frais de l’acharnement des apprentis démiurges.

J’aimerais comprendre ce qui motive cette quête créatrice, sinon une sévère mégalomanie. Qu’est-ce qui peut valoir la peine de n’engendrer que souffrance sur souffrance ? Et pour quel résultat ? Ces expérimentations démentes, réitérées encore et encore, malgré l’insuccès, me paraissent aussi cruelles que les dissections sauvages qui amusaient tellement Faustine. Elles ne se justifient pas mieux. Qui aurait cru que, de nous toutes, celle dont tous les gènes nient l’humanité serait à l’image de notre créateur ?

Annotations

Vous aimez lire Opale Encaust ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0