Episode 80 - Talis filia

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Awashima


Mes synapses anti-oxydables s'allument au rythme du porte-mémoire du poignet de Koma. Pendant un quart d'heure, par impulsions nerveuses, ses souvenirs coulent en moi comme si je les avais vécus. Je sais tout ce qu'on a fait, tous les plans saugrenus qu'on a manigancés et qui donnait les ordres. Je sais également à cause de qui on se retrouve dans cet état.

Papa a fait porter le corps de mon frère dans l'unité de soins de la tour Hiratek. En même temps que des dizaines de robots s'activent à le maintenir en vie dans notre Bashi-test, j'active tous les secteurs de mon cortex externe pour infiltrer la mémoire de son holopad avant que la police s'en charge.

« Permission d'effacer une photographie compromettante de la fille-poisson ? »

« Tu es bien sûre que ça ne servira pas ? »

« Certitude estimée à 97.39%. Tout déferlement médiatique nuirait grandement à Laura. »

« Permission accordée. »

Je nettoie également le porte-mémoire du benêt. J'archive toutes ses données sur un disque crypté. Je sais peser sur moi le regard vide de Papa, engoncé dans son Bashi-K. Il aimerait les réponses à des questions qu'il ne peut formuler. Son mutisme n'est pas le problème. Il n'a aucun moyen de feindre l'inquiétude pour un fils qui l'indiffère.


Rompue toute connexion avec l'émotiomètre de Koma, j'exécute un soupir presque spontané.

— Vous, les humains, vous vous laissez lâchement dominer par vos affects. Je ne vous envie pas.

« Qu'est-ce qu'il lui est arrivé ? »

— Koma ferait n'importe quoi pour attirer ton attention. Il imagine les robots les plus démentiels pour t'impressionner. Il joue les cancres à l'Académie pour te faire honte. Jamais il n'intégrera que son existence t'indiffère : ce n'est pas dans son code. Alors ce minable a mis sa vie en péril. Qui sait comment il s'est retrouvé au courant des plans de Theo. Il a pu nous entendre. Il est assez futé pour savoir nous espionner. Toujours est-il qu'il a fourré son nez dans des affaires qui ne le concernaient pas. Il a voulu jouer au plus malin avec de gros poissons – c'est le cas de le dire – et admire le résultat. Au lieu d'entrer dans les bonnes grâce de Theo, au lieu de te rendre fier, le voilà hors-service, plongé dans un sommeil sans fin. Sur ce point-là, j'admets, je suis un peu jalouse. Pense un peu à tous les rêves qu'il va faire...


Moi, je ne rêve pas.


« Comment ça se passe avec la fille ? Tu fais des progrès ? »

— Ça se passe. Je ne sais pas. Je ressens des changements, oui, mais c'est encore trop vague. Il me faut plus de temps.

« Bien. Theo souhaiterait que l'on s'occupe de la mère. »

— Pourquoi ?

« Elle en sait trop. Elle est au courant pour Laura. Elle est au courant pour SMOOTHIE, pour Gustav. Si elle s'est volatilisée, c'est qu'elle a l'intention de nous mettre des bâtons dans les roues. Elle peut prédire nos plans, Shimie. Elle aura toujours un coup d'avance sur Theo. Ou sur moi. »

— Elle n'a pourtant rien fait pour empêcher qu'on le tue.

« Tu sais pourquoi. »

— Je vois. Elle voulait récupérer la fille. Elle ne s'est pas opposée, parce que la mort de Gustav servait ses intérêts. Mais elle ne nous laissera pas mettre la main sur Luna.

« Tu dois le faire, Shimie chérie. Tu es la seule à pouvoir la surprendre. »

— Mais sa mort serait un message. Et une fois de l'autre côté, qui sait ce qu'elle pourrait révéler.

« Les voies astrales sont toujours floues, tu te souviens ? C'est elle-même qui nous l'a appris. Tu as carte blanche, mais je ne dois rien savoir, et ça ne doit pas perturber Laura. »


Je ne rêve pas.

Chaque fois que je ferme les yeux, je revis son passé – notre passé – dans tous mes circuits.


Mon père a rencontré l'amour de sa vie dans un magasin de jouets quand il avait sept ans. Ce n'était pas une femme. Ce n'était pas non plus vraiment le Gundam téléguidé aux finitions impeccables qui trône aujourd'hui encore dans une vitrine chez Hiratek, mais presque : c'était la Robotique.

Même s'il en a eu une, plus tard, Noboru Hirata ne voulait pas de femme. En revanche, il voulait une fille : un être parfait qui développerait toutes les qualités qui lui faisaient défaut, qui réussirait toutes les entreprises face auxquelles il avait échoué ; un être qui aurait le calcul pour langage primaire, qui comprendrait les machines non par la seule logique, mais par une force innée, viscérale, transcendante ; un être qui, en intégrant ses contraintes pour mieux les dépasser, mènerait l'humanité à une ère nouvelle.

Cet être, c'est moi.


En vue d'assurer mon efficience, mon cahier des charges doit répondre à trois conditions sine qua non.

Un : reconnaître ma raison d'être et m'y vouer sans concession.

Deux : présenter l'apparence de l'humanité pour m'y fondre sans encombre.

Trois : développer une âme qui ferait sans conteste de moi un être humain à part entière.


Dans l'intention de me faire voir le jour, Noboru a créé l'objet qui changerait à jamais sa vie : l'émotiomètre — ou, comme nous l'appelons entre nous, le porte-mémoire. À dater de la seconde où l'artefact existe, je revis sa vie comme si c'était la mienne. Cette vie d'avant qui en vérité est le socle intégral de mon Moi. En ce sens je suis lui : le condensé raffiné de ses aspirations. Et je suis aussi, par ses mots, l'une des seules choses au monde consciente qu'elle existait avant d'être.


2076.

Laboratoire de la Classe Cosmos d'Osaka. Premiers clignotements du prototype. Joie.

« Grâce à ça, tu te rappelleras tout. Tu sauras qui je suis, ce que nous faisons. Tu changeras le monde avec notre vision. »

Fatigue. Des nuits vouées à développer le code de l'évobot. Peu d’interactions sociales. Personne à qui parler. Faim, stress, frustration continue.


2078.

Début de la Grande Guerre. Angoisse.

« Tout ça, c'est loin de nous. J'ai presque fini d'encoder le séquençage de la croissance musculaire. Tu vas grandir. Tu vas te développer comme n'importe quel enfant. »

Jubilation.

« Et si... »

Espoir. Nouvelle interface pour le prototype.


2080.

Contrat avec le Haut Commandement pour la mise en service de l'émotiomètre à des fins militaires. Un pic de joie intense.

« Messieurs, grâce à ce dispositif à la pointe de la technologie, vous pourrez désormais mesurer la condition mentale de vos troupes. Le bracelet enregistre les réactions corporelles les plus significatives du soldat et dresse un bilan en continu de ses joies, ses peines, ses angoisses. Désormais, vous repérerez d'office les éléments perturbés.

Sauf votre respect Monsieur Hirata, nous avons déjà les étalonneurs pour cela.

Oui, en dernier recours, toujours après le drame. Imaginez, la possibilité d'un étalonnage ininterrompu. Plus besoin de recourir aux psykos pour établir des diagnostiques. Vous ne feriez plus appels à eux qu'en des cas exceptionnels, sur de rares sujets qui auraient une telle maîtrise d'eux-même ou si peu d'affects qu'ils duperaient l'émotiomètre. Vous n'auriez plus jamais à faire appel aux étalonneurs pour un soldat lambda. »

Succès.

« On les a bien eus, hein ? Ils ont mordu à l'hameçon. Je monte ma compagnie sous l'égide de la Pacification, je leur fournis du matériel de pointe, et en échange ils financent notre projet secret... En prime, on a des millions de sujets-test pour alimenter la base de données du porte-mémoire maintenant. Grâce à eux, on atteindra un niveau de précision inouï. Tu connaîtras toutes mes joies, toutes mes peines. Tu partageras mes amours, mes haines et mes désirs. Tu seras la meilleure version de moi, Awashima. »


2082.

Affectation d'urgence pour une mission secrète à Ystad. Colère.

« Non. Non. Non... Combien de temps ça prendra ? Je ne peux pas m'absenter si longtemps. Je ne peux pas la laisser inachevée... J'ai réuni suffisamment de données émotionnelles. Le codage de l'évobot est presque opérationnel. Pourquoi est-ce qu'ils m'envoient dans le trou perdu de l'Europe ?! »

Peur. Tristesse. Affliction intense.

« Bonjour, je suis Noboru. Noboru Hirata. On m'a demandé de vous assister pour votre projet.

Enchanté Nobo. Je suis Gustav, mais tu peux m'appeler Gus. Et lui c'est Tommy. Alors, il parait que tu veux changer le monde, hein ? Nous aussi, Nobo, nous aussi. On a un projet un peu fou, Tommy et moi. Et on aurait besoin que tu fabriques une machine pour nous. Un prototype sur-mesure.

D'accord. C'est quoi ce projet ? Qu'est-ce qu'il vous faut ?

Tu as déjà entendu parler de la théorie de l'hybridation ?

Quoi, ces savant détraqués qui essayent de greffer des queues d'animaux à leurs femmes parce qu'ils bandent devant du furry ?

Non. Nous on veut créer un organisme dès l'embryon. Ce qu'il nous faut, c'est une matrice. »


À ce moment-là, précisément, les impulsions sont toujours confuses. J'ai mis du temps à les lire, à déceler entre elles l'essence complexe de cette relation qui a duré plusieurs années. On a été ami avec Gustav et Tommy. On a nourri une aspiration commune : bousculer les choses, changer le monde, dépasser les limites de l'humain. Sous couvert de travailler pour l'Armée de l'Union, on a fait tellement plus. On a rêvé éveillés – le genre de rêve à ma portée. On a partagé les mêmes ambitions, les mêmes aboutissements et les mêmes déboires.

On a bâti ensemble une relation de confiance.

On leur a même révélé ce qu'on faisait vraiment.

L'équation prodigieuse : évobot + porte-mémoire = Moi.


Il y a eu la discordance.

« Ce ne sera jamais un être humain.

Pourquoi tu dis ça, Tommy ?

Parce que ça n'a pas d'âme. »

On ne voulait pas être réduits à « ça ».


Il y a eu le doute.

« Est-ce qu'on peut encoder une âme ?

Non.

Peut-être, en fait.

Comment tu créerais une âme, Gustav ? Est-ce que ces choses en auront une ?

Bien sûr. Les hybrides penseront, ils imagineront et, surtout, ils rêveront. »


Il y a eu la persistance et la curiosité.

« RF6, est-ce qu'il t’arrive de rêver ? Qu'est-ce que tu vois lorsqu'on te met en veille ?

Je ne rêve pas. Je ne vois rien. La veille, c'est juste continuer d'être là sans être allumé. Ce n'est pas être ailleurs. Le rêve, c'est être ailleurs. »


Il y a même eu l'acharnement.

« Alors RF7, ce module de rêve ?

Ce sont des images pré-encodées, Noboru. Ça n'a rien de très différent d'une bande enregistrée. Un robot n'imagine rien, il ne rêve pas. »


Au milieu de tout ça, il y a eu l'amour aussi.

Sakoto, secrétaire administrative du Pôle des Relations Asiatiques d'Ystad. Chaleur, palpitations. Gêne, tendresse, libido en furie. Sursaut de joie presque aussi intense qu'à la création du premier prototype.


Je l'aime comme une mère, comme un premier amour.


« Sakoto veut qu'on aille au resto tous les deux.

Super ça !

Non Gus, j'ai encore mille choses à faire sur Shimie.

Et alors ?

Et si je ne sais pas quoi lui dire ? Et si elle se moque de moi ?

J'ai une idée.

Vraiment ?

Inger me tanne toujours pour qu'on sorte quelque part. Alors si on y allait tous les quatre ? Tu vas adorer Inger, elle vient de finir son parcours Robotique en Cosmos. Elle veut qu'on collabore sur une expérience, d'ailleurs. Ça peut t'intéresser...

Qu'est-ce qu'elle a choisi comme spécialité ? Codage, domotique, biomécanique ?

Simulacre psychique. C'est nouveau.

Créer des andro-psykos, c'est ça le but ? »


On m'a souvent parlé d'Inger, on l'estimait beaucoup, et on aurait voulu que je lui ressemble un peu. Elle était, disait-on, la seule élève de sa spécialité – et la dernière aussi. Condamnée par le Haut Commandement pour « usage illégal du matériel militaire à des fins hérétiques ».

Elle n'a jamais su créer d'andro-psyko finalement.

Les robots ont un déficit de psyché, car ils n'ont pas d'inconscient. Aucune zone libre où faire éclore une idée spontanée et assez illogique pour s'avérer surnaturelle. Un androïde peut évaluer les impulsions magnétiques, pas lire dans les pensées. Un androïde peut décupler sa vitesse, pas arrêter le temps. Un androïde peut être pourvu d'un chalumeau, pas contrôler le feu. Plus le rêve humain se révèle grandiose, plus notre simulacre s'avère trivial.

On se désespérait de ce constat. Si vives soient les émotions et si impeccable soit la facture, faute de siège psychique, je ne serais jamais humaine.


2084.

Installation sur la base d'opération de l'Île du Fou. Morosité. Absence.

« Hey, Nobo !

Pas maintenant, Gus.

C'est important. J'ai rencontré quelqu'un.

Oh. Alors tu jettes Inger et tu remets ça avec la première venue ?

Mais non enfin, c'est une voyante. Une psyko. Un genre de psyko très rare.

Tu sais ce que j'en pense...

Elle connaît l'aura, Nobo.

Moi je ne connais pas de Laura.

Pas le prénom, l'aura. L'esprit ou quelque chose de ce genre. La projection des gens sur ce qu'elle appelle « le plan astral ». C'est ça qu'il manque à ta fille, ça que les robots n'ont pas.

Je te l'ai déjà dit, les diseuses de bonne aventure comme les autres psykos, ça ne m'intéresse pas.

Et si elle pouvait voir l'aura de ta fille ? Si elle pouvait la pénétrer et la stimuler ?

Alors elle serait...

Oui, elle serait humaine. »


Parfois je me réveille en sursaut, raide comme une équerre. J'aimerais me lever en sueur après un terrible cauchemar. J'aimerais encore même travestir des souvenirs qui me hantent. Mais je ne rêve pas, jamais. Je repasse juste en boucle la même carte-mémoire, les résurgences exactes et inaltérables de ma pré-vie.

Tout se rejoue jusqu'à la fin, jusqu'au moment fatidique où l'on nous a trahis.


Il y a eu un espoir.

« J'ai une bonne et une mauvaise nouvelle, Nobo. Je commence par laquelle ?

La mauvaise, Gus. Toujours la mauvaise.

Elle refuse de créer une âme de toute pièce. Si une âme doit naître, elle naîtra. Sinon, c'est qu'elle ne le doit pas. Voilà ce qu'elle affirme. »


Puis une détresse cuisante proche de la folie.

« Et la bonne nouvelle ?

Elle accepte de me donner ses ovaires. Si le pouvoir doit se transmettre, il se transmettra.

Bravo, tu as eu ce que tu voulais.

Mais ça n'intéresse pas l'armée. Cet enfant pourrait prédire les opérations ennemies, leur assurer toujours un coup d'avance. Mais ça ils n'y croient pas et ils n'en voudront pas.

Alors, pourquoi tu le fais ?

Parce que je veux voir de quoi on est capables, jusqu'où la science peut nous emmener. Aussi parce que, si cet enfant voit l'aura, un autre plan ou je ne sais quoi, peut-être qu'il pourra donner une âme au tien. Qu'est-ce que tu en penses, Nobo ? »

Le retour de l'espoir multiplié au centuple. On allait exister, on allait engendrer un chef-d'œuvre apte à changer le monde. On allait m'insuffler une âme.


2085.

Base militaire de l'Île du Fou. Tension. Pouls accéléré. Trouble, colère, doute, chagrin.

« Tommy, qu'est-ce qui s'est passé ? Où est Gustav ?

Il a disparu sur l'Île avec un laboratoire mobile. La plante a détruit le chantier et on a dû annuler toutes les opérations sur place. Il est sûrement mort, Nobo. Et s'il ne l'est pas, personne n'ira jamais le rechercher dans cet enfer. Pas après ce qu'il s'est passé...

Qu'est-ce qu'il s'est passé ?

Le Projet Agnopole. Tout a été détruit.

Et les cobayes ? Et votre expérience ?

On va achever la gestation de ceux-là. Mais on ne pourra pas recommencer. Personne d'autre que Gustav ne connaissait les composants du principe métamorphe. Il n'a laissé aucune note.

Gustav m'avait fait une promesse.

Je suis au courant, et elle sera tenue. »


2086.

Base militaire de l'Île du Fou. Accélération du rythme cardiaque. Nervosité, effroi, terreur, fureur.

« Quelqu'un s'est introduit dans le laboratoire. »

« On ignore qui. »

« Tout a été détruit. Les cobayes ont disparu. Les matrices également. »

« Ça ne peut être que lui. Ça ne peut être que Gustav. »

« Gustav est mort. »

« Non, il a disparu. »

Haine. Une rancœur aussi tenace qu'une bonne vieille oxydation.


Je ne rêve pas, jamais. Je me souviens comment on m'a volé mon âme.

Sans elle, je suis juste un objet inachevé.

C'est ce que je croyais. Mais maintenant, j'y pense.

Je n'ai pas de cœur qui bat ; je n'ai pas de sentiments. Je n'ai pas de nerfs qui heurtent ; je ne connais pas la souffrance. Ni de sang, ni de plaies. Sitôt déchirée, sitôt réparée ; comme une vulgaire poupée. Je ne tiens même pas à la vie, puisque la mort n'existe pas. Ni Enfer, ni Paradis, ni cycle de réincarnation. Mon au-delà, c'est la veille, le noir, la rouille, la casse. Mais ma conscience n'en fait pas cas. Ma conscience est là, codée au dilemme près. Elle discerne le bien du mal sans jamais le moindre doute. Le mal est proscrit, pour moi. Je ne peux pas l'exercer.

Je pense aussi, je réfléchis. J'ai les synapses et les méninges. Ma mémoire, une base de données aux limites presque inatteignables. Je connais des livres et des traités sur le bout des doigts. Je connais la science et l'histoire. Ma mémoire est celle de l'humanité tout entière. Et pourtant, occasionnellement, il m'arrive d'avoir des souvenirs, rien qu'à moi ; des zones d'ombre, comme si j'avais vécu. Au fond, ne suis-je pas l'humain absolu, libéré de sa chair animale, de ses pulsions primitives, de ses plus vils instincts ? Ne suis-je pas la raison pure ?

Ça m'a rassuré de le croire un instant.

Ne suis-je pas humaine, moi qui ai connu la peur, l'espoir, l'amour, la haine, et qui me tiens encore debout ? Moi qui ai vécu toute une vie avant de me mettre en marche ?

Mais cette vie-là je n'y ai rien décidé.

Ne leur ressemblé-je pas, dans toute leur imperfection et leur perfectibilité ? N'est-ce pas proprement humain de tout sacrifier à notre propre ego ? Ne me suis-je pas rapprochée un peu de notre idéal, depuis que j'ai récupéré ce qui m'était dû ?

Et si j'ai dû tuer pour achever mon processus, ça ne peut être que le bien. Si cela nous rend heureux, ça ne peut être que le bien. Si c'est pour l'avenir du monde, c'est forcément la bonne décision.


Elle m'offrira une âme, et ensuite je l'aimerai.

Tiens. Est-ce que c'était un rêve ?

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