Chapitre 11 - La Parade des Mille Démons

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24 Décembre, Kyoto.

- C'est l'heure. Vous êtes prêts, les jeunes ?

À parler comme ça à ses élèves, Reiketsu avait l'impression d'avoir pris vingt ans. Néanmoins, ceux-ci lui répondirent par un signe de tête affirmatif ; Mai et son nouveau modèle de pistolet dernier cri, Miwa et son katana, Todo et... Todo, Nisgimiya et son balai, Kamo et son arc et pour finir, à ses côtés, Uyeno et les racines qui s'enroulaient autour de ses bras pour former des gantelets compacts et puissants.

La première vague arriva directement, des fléaux balbutiants ou rugissants qui déboulèrent dans les rues comme un raz-de-marée. Tandis que Reiketsu faisait tomber un Rideau, ses élèves se jetèrent à corps perdu dans la mêlée générale, détruisant et fauchant toutes les malédictions présentes.

Quand il eut terminé de poser sa barrière, Rei invoqua son énergie occulte pour la transmettre dans un sort qui recouvrit tout son corps d'une armure électrique, renforçant ses capacités physiques et défensives. D'un coup de poing, il transperça une sorte de mollusque avec des ailes coupantes, le désintégrant, avant de passer à la suite.

Coups de pieds retournées, éclairs pulvérisant... La concentration du combat fut vite remplacée par l'extase de l'adrénaline, boostant son moral à des sommets mirobolants. C'est alors qu'il vit Todo foncer sur lui, poing armé. Ne sachant comment réagir, il figea son mouvement et le troisième année défonça une malédiction qui avait voulu prendre l'exorciste par surprise.

Un pouce en l'air, puis un mouvement de derrière la montagne de muscles. Utilisant un pas chassé et des éclairs pour passer derrière Todo sans le toucher, il trancha de sa main électrifiée un fléau énorme, puis se tourna vers son élève avec un air suffisant. Ce dernier cracha un "détestable", avant de foncer vers d'autres fléaux.

La première vague fut rapidement détruite, et peu de victimes non-exorcistes furent déplorées. Seulement, ça n'était que le début ; d'après les calculs de Reiketsu, ils avaient à eux seuls vaincu 200 malédictions, et la vague suivante serait plus fournie.

Soudain, alors qu'il chassait dans une rue dérobée quelques fléaux fuyards, il entendit des pleurs étouffés. Surpris qu'il restait encore des civils, il chercha dans tous les recoins, jusqu'à tomber sur deux lycéennes, à genoux entre deux poubelles, les larmes coulant sur leurs joues tordues par le désespoir. Curieux, se dit l'exorciste en s'approchant, j'ai l'impression que je les ai déjà vu.

- Tout va bien, ne vous inquiétez pas, leur assura-t-il en s'accroupissant à leur niveau. Je suis consultant à la police, laissez-moi vous évacuer.

- Oh ! Merci, merci mille fois ! fit la blonde en se jetant dans ses bras. On a cru qu'on allait mourir...

- Ce n'est rien, vous êtes en sécurité mainte...

De l'énergie occulte ! Il en sentait qui émanait de la jeune fille, mais c'était trop tard : elle avait sorti son téléphone et s'était pris en photo avec Reiketsu ; ce dernier fut comme paralysé, tandis que l'autre fille, la brune, sortait une poupée de chiffon pendue au bout d'une corde. Merde, du vaudou !

- Vas-y, Mimiko ! hurla la blonde, et l'exorciste comprit qu'elle ne pouvait pas bouger.

"Mimiko" attrapa la corde et la serra ; en même temps, Reiketsu sentit une pression au niveau de sa gorge, qui s'intensifia de seconde en seconde. Je dois faire vite, pensa-t-il à toute vitesse en suffoquant, ou je vais tomber dans les pommes ! Mais la technique de la blonde l'avait paralysée, comment aurait-il pu...

Bien sûr !

Il fit jaillir un décharge électrique assez forte pour repousser la blonde et son téléphone, et immédiatement repris le contrôle de son corps. Sans plus tarder, il se jeta sur Mimiko et lui arracha sa poupée des mains, puis la réduit en cendres d'un doigt éclair.

- Comment !? hurla la blonde, son téléphone fumant et complètement fichu.

- Vous pensiez que vous pouviez me faire ployer avec si peu d'entraînement ? croassa l'exorciste en se massant la gorge. Si vous aviez passé plus de temps à l'école, vous auriez pu apprendre comment vaincre quelqu'un qui peut vous électrocuter sur contact.

- On se casse, Nanako ! cria Mimiko à l'encontre de la blonde, qui sursauta, avant de lancer un dernier regard à Reiketsu, puis pris ses jambes à son coup au côté de son amie.

- Oh, sûrement pas, jeunes filles...

Son image se brouilla, et dans un claquement sec se retrouva devant les deux apprenties maîtres des fléaux. Reiketsu se rappelait de leurs visages, maintenant : c'était les filles "crêpes" qui accompagnaient Geto. En les capturant, il pourrait leur poser quelques questions ou au moins leur permettre de se repentir sur leurs actes.

- Si vous vouliez fuir, il fallait mieux choisir votre cible avant. Maintenant, posez les mains sur le sol, si vous ne voulez pas que je vous matraque comme les petites délinquantes que vous êtes.

- Raaah ! hurla Nanako en fonçant sur lui, pleine d'ouverture.

Il évita le coup de poing maladroit, avant de donner un petit coup sec dans sa nuque, la faisant s'évanouir. Puis, voyant que sa camarade avait l'air de vouloir en découdre, il bondit vers elle pour l'éclater contre le sol, suffisamment pour que son énergie occulte ne la protège pas.

- Et ça, c'était pour le coup de la poupée, marmonna l'exorciste en essuyant ses mains.

- Poupée ?

Reiketsu se retourna ; une petite fille tenant sa tête entre ses bras le regardait d'un air morne. C'était bien entendu un fléau, mais son énergie occulte gigantesque ne présageait rien de bon ; les deux filles l'avaient sûrement attiré ici pour qu'il croise la route du grade spécial.

Mais ces dernières étaient toujours là, au sol, vulnérables ; déjà il sentait que le fléau tournait son regard torve vers elles, et tendit une petite main potelée aux ongles arrachées et putréfiés. Les corps se soulevèrent dans les airs, pour atterrir à ses côtés. Petit à petit, les cadavres des civils malchanceux firent de même et une petite armée de cadavres et de deux assommées firent face à Reiketsu, qui sourit.

- Est-ce que tu veux jouer avec moi ? demanda l'enfant avec un sourire innocent.

- Je vais t'éclater, saleté, gronda l'exorciste en bandant les muscles de son bras.

Funsai Kaminari !

Il balança un éclair sifflant sur le fléau, qui leva une main ; elle et ses pantins s'élevèrent d'un coup dans les airs, et elle agita son bras pour ordonner aux corps de se jeter sur Reiketsu. Comme il savait que ces dernier étaient déjà morts, il les désintégra un à un, mais à force, il eut l'impression que le flot ne se tarissait pas.

Elle créé des cadavres avec son énergie occulte, comprit-il en éclatant un crâne, puis lança un regard agacé au fléau qui souriait de plus belle ; si l'exorciste l'attaquait à distance, elle éviterait son sort en bougeant librement dans l'air. Et jouer sur l'endurance n'était pas quelque chose que Reiketsu voulait tenter ; après sa récente "libération", il n'avait toujours pas testé les limites de ses réserves.

Tenmetsu !

Il jaillit juste devant le fléau pour lui filer un coup de pied, mais elle bougea les jeunes filles dans les vapes juste à temps pour le stopper dans son mouvement, avant de lui balancer un petit poing chargé comme un missile ; le choc le propulsa contre le sol, le faisant éclater violemment. Comme Rei ne possédait pas une technique comme "L'Infini" de Gojo, il avait dû protéger son corps avec son énergie...

Et j'ai quand même mal ! pensa-t-il en tâtant son bras qui était un peu gonflé. Même en parant le coup, il l'avait senti passer ; ce grade spécial était effectivement puissant, et... Oh merde !

Des centaines de jouets voltigeait autour du fléau, et il saisit que ce dernier ne contrôlait pas les cadavres, mais tout ce qui s'apparentait à une "poupée". Dans un flot incessant et brutal, une pluie de plastique et de métal s'abattit sur lui.

- Assez ! hurla-t-il en faisant exploser son énergie pour repousser les projectiles.

Il était tellement en rogne que ses traits s'étaient déformées ; il frappa dans ses mains, et les écarta lentement ; une nuée d'éclairs concentrés et aveuglant dansaient entre ses paumes, pour former un arc long palpitant d'énergie.

Il prit l'arme entre ses mains, et tendit la corde ; au fur et à mesure de son mouvement lent, qui lui demandait un effort immense tant la concentration de d'énergie maudite était importante, une flèche de lumière se forma, jusqu'à qu'il atteigne sa joue.

Gokunoban Jutsushiki : Mimi o tsunzaku yōna inazuma !!!

La flèche fut décochée avec un "bang" sonore si violent que les vitres aux alentours se brisèrent, et l'esprit occulte leva sa main pour bouger... Mais sans s'en rendre compte, son corps était déjà transpercé de part en part, la flèche ayant atteint l'espace en un instant, et continuerait d'accélérer jusqu'à que son énergie s'épuise.

L'esprit occulte hurla de terreur et de douleur, avant de se désintégrer lentement, les cadavres autour de lui tombant comme des mouches. Reiketsu réceptionna les deux filles qui auraient fait une chute mortelle, avant de regarder leurs visages : elles étaient si jeunes, presque l'âge d'Uyeno...

Parfois, Reiketsu se demandait bien ce qui poussait ces gens à choisir la voie de la facilité par dessus tout.

* * *

- Kasumi-chan !

- Oui ! Batto !

Son amie coupa un fléau qui s'était un peu trop approchée d'Uyeno, puis lui sourit, pouce en l'air. Mis à part Kasumi, ses camarades et senpais étaient partis chasser en solo ou en duo les fléaux. Il y en avait tellement ! Bien plus qu'à l'exercice, et Uyeno commençait à fatiguer.

Kasumi avait du le remarquer, car elle avait redoublé d'ardeur et tranchait sans relâche. Uyeno aurait bien aimé lui ressembler : plein d'assurance, mais jamais d'arrogance. Et une joie de vivre à toute épreuve ; oui, Uyeno aurait adoré être un tant soit peu aussi joviale, même dans les situations critiques.

Un autre fléau fonça sur elle, et elle utilisa les racines des arbres aux alentours pour l'enserrer. Sa technique innée, les Bois Sacrés du Cerf Mourant, lui permettait de contrôler la nature "domestiquée" autour d'elle, car elle n'avait pas encore contrôlé contrairement le Shikigami lié de la famille.

- Un autre ! cria-t-elle.

- Reçu ! répondit Kasumi en tournoyant sur elle-même.

Le fléau emprisonné fut détruit, et elles passèrent au suivant. Uyeno croisa le regard son amie, qui lui donna un boost au moral. Elles hurlèrent pour libérer l'excès de stress accumulé par le précédent combat, Kasumi tranchant les tendons d'un chat-buffle aux yeux globuleux et Uyeno brisant la nuque d'un simili d'humain monstrueux.

Ensembles, elles étaient plus fortes ; ensemble, elles pouvaient tout f...

- Attention !

Le cri de Kasumi la prévint trop tard ; Uyeno se retourna juste assez pour apercevoir la griffe d'un fléau lui trancher le dos avec force, avant d'être annihilé par le katana de son amie. Celle-ci se précipita vers la jeune rousse qui perdait peu à peu connaissance, avant de sombrer dans les ténèbres...

* * *

Mai visa avec précision, et tira. Le fléau se prit trois balles chargées d'énergie, et s'effondra sur le sol. Grâce à l'entraînement de Rei-sensei, elle avait réussi à maximiser son contrôle sur ses maigres réserves, et l'idée du nouveau pistolet lui avait beaucoup plu : avec bien plus de balles et de paramètres de tirs, elle pouvait couvrir une plus large zone d'attaque.

Plus haut, elle vit Momo balayer des hordes de grade 3 avec aisance. Grâce à son appui aérien, Mai parvenait à cibler les gros morceaux sans bouger du toit de la voiture d'où elle se tenait. Une combinaison parfaite.

- D'autres viennent ! cria Momo à son attention.

- On va leur montrer comment se battent les exorcistes de Kyoto !

Elle changea de chargeur, et tira. Un coup, un mort. Un autre, plus chanceux cette fois, et deux fléaux disparurent. Les bruits commencèrent à lentement s'étouffer autour de la jeune fille, le pistolet dans sa main devenait de moins en moins lourd, de plus en plus collé à sa paume, fusionnant à son être.

Soudain, elle vit un fléau plus gros que les autres, que Momo ne parvenait pas à repousser. Mai claqua sa langue de désapprobation, et tandis qu'elle visait la chose qui s'approchait en détruisant les voitures sur son passage, un souvenir ressurgit dans son esprit...

Alors qu'elle tirait sur sa cible, Rei-sensei regardait Mai avec un air un peu ennuyé. Excédée par cette tête qui semblait se moquer éperdument de ce qu'elle faisait, elle arrêta de tirer et tira une tête de reproche à son professeur, tout en maugréant :

- Quoi ?

- Je me disais juste que tu n'utilisais aucune autre technique que la Création, qui en soit n'est pas vraiment une technique.

- Je suis une Zenin ratée, combien de fois je dois vous le dire ? râla la jeune fille en réarmant son bras.

Elle le vit sourire narquoisement, et il lui demanda de le regarder. Il ouvrit sa paume vers le haut, doigts écartés et ferma ses yeux. Pendant un moment, elle se disait qu'il allait faire apparaître un éclair pour l'impressionner, mais une petite flamme blanche apparut à la place.

- Mais comment vous...

- Les techniques innées sont certes puissantes, mais elles ont un désavantage majeur : elles se concentrent sur la particularité et l'unicité, mais pas l'imagination... (il fit disparaître la flamme en fermant son poing) J'ai créé cette technique, mais je ne l'ai jamais travaillé. Et puis, maintenant que j'ai accès à mon énergie occulte, je n'en ai plus besoin.

- Et comment je comptes faire pour "créer" une technique ?

- Imagine, souffla Mai dans la réalité.

Sa construction avait un lourd défaut : elle était trop vorace. Mais devait-elle forcément créer ? L'énergie maudite pouvait prendre de nombreuses formes, car au fond, malgré son origine néfaste, ça restait de l'énergie. Pour parfaire sa technique, Mai devait en réduire la consommation.

Mais pour la dépasser, il fallait qu'elle transmute la matière en énergie.

- Technique improvisée : Alchimie.

Sa balle siffla en se désintégrant, la force occulte de Mai servant de gangue à ce formidable pouvoir qui bouillonnait. Du pouvoir pur, puissant et destructeur. Quand elle tira, la balle fila dans l'air en laissant une traînée incandescente, et percuta le classe 1 avec une force démesurée. Puis, la balle éclata à l'intérieur du fléau, et ce dernier explosa en mille morceaux.

Elle baissa son arme, essoufflée ; cette technique était moins taxante en énergie, mais le contre-coup se faisait ressentir... Elle releva son pistolet.

- Wow... T'es vraiment la meilleure, Mai ! lui cria Momo.

- Je sais, fit-elle en continuant de tirer.

* * *

Alors là, Noritoshi n'avait plus rien à faire.

Aoi Todo était un véritable monstre. Au début, il n'était pas très motivé à détruire les fléaux, mais rapidement il les avait pulvérisé de sa force brute. On aurait crû qu'un buffle se déchaînait dans la rue, percutant murs et voiture avec une violence à couper le souffle.

Noritoshi tirait des flèches chargées d'énergie pour aider son camarade, mais ça ne servait pas à grand chose. Comment Todo pouvait réussir à gérer tous ces classe 1 sans utiliser sa technique innée ?

Soudain, un singe au visage de boue tomba du ciel, écrasant le sol d'un poids beaucoup trop important pour sa petite taille. Et vu sa quantité de pouvoir occulte...

- Attention, Todo ! cria Noritoshi en activant son Sekirin Yakudō, des marques sanglantes apparaissant au coin de ses yeux.

Soudain, le singe fonça sur lui à une vitesse prodigieuse, et Noritoshi sentit sa mort arriver.

Clap !

- Boogie-Woogie ! cria Todo.

Téléporté à la place de l'archer Kamo, il balança un coup de poing en pleine face de l'esprit maudit, qui vola s'écraser contre un mur plus loin. Le rire d'Aoi Todo laissait entendre que le grade spécial allait passer un sale quart d'heure.

La suite, vous la connaissez que trop bien.

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