Chapitre 1

12 minutes de lecture

« Daniella ! »

Hurlait ma mère.

« Oui? »

Hurlais-je en retour.

Pas d'hurlements en guise de réponse, j'en déduis que je dois aller la voir. Je glisse mes pieds dans mes tongs et pars rejoindre ma mère. Je m'arrête à la cuisine.

« Mama, tu m'as appelé?

— Oui, tu fais quoi là?

— Je faisais mes devoirs...

— Bon, tu peux aller m'acheter de l'huile de palme? Juste dans la boutique, en face là, s'il te plaît ma chérie. »

En temps normal, j'aurais bouder parce qu'elle m'envoie alors que je suis occupée. Mais le fait qu'elle m'ai appelé « ma chérie » me fait me sentir obligée d'aller lui acheter son huile de palme, sans rechigner.

« D'accord, j'y vais.

— Tiens, dit-elle en me tendant trois mille francs, et tu m'achèteras du lait et du pain aussi, normalement l'huile de palme coûte quatre cents francs, même pas. »

J'hoche la tête. Je range l'argent dans ma poche et sors de la maison. Je me dirigeais tranquillement vers la petite boutique en face de ma maison quand je tombe sur Nenette, ma meilleure amie.

«Nenette !

— Oh, Dani' ! »

Dit-elle.

« Tu fais quoi ici, Nenette? Tu as besoin de quelque chose?

— Non, je suis juste venu pour parler avec toi. Tu vas où comme ça?

— Je vais en face là, je dois acheter des trucs. Tu m'accompagne? »

Lui proposais-je. Elle n'y voyait pas d'inconvénient. Nous entrons dans la supérette, nous parcourons les rayons à la recherche de l'huile de palme.

«Eh, Daniella? Disait mon amie, bassement.

— Ouais? dis-je, en prenant ma bouteille d'huile de palme.

— Ça te dit qu'on se refasse une de nos soirées, comme avant?

— Oh, non Nenette je peux pas.

— Pourquoi? Tu dis à tes parents que tu viens dormir chez moi, comme d'habitude !

— Non, mais... Je m'étais promis de ne plus faire ça. »

On cheminait les rayons à la recherche du lait cette fois-ci.

« Allez, Dani ! Ça fait grave longtemps qu'on a pas fait ça.

— Nenette, je suis en période d'examens, tu sais? Je peux pas me permettre de faire ça, j'ai envie d'avoir mon diplôme.

— Juste une fois, ça fait toujours du bien de sortir un peu, tu sais au lieu de rester tout le temps chez toi. »

Nenette savait se montrer convaincante.

« J'ai rien à me mettre de toute façon.

— Moi je peux te prêter des vêtements si tu veux. »

Je soupire.

« Allez, s'il te plaît Daniella ! On va s'amuser et ça va te faire que du bien, je t'assure !

— C'est d'accord. »

Dis-je, en levant les yeux au ciel. Je comptais pas me faire désirer longtemps. Et je pense qu'elle a raison, sortir un peu me fera peut-être du bien. Alors que nous retournions à nos domiciles, Nenette me racontait qu'elle s'était trouvé un nouveau "pigeon" comme elle les appelle.

« Dis-moi, Nenette?

— Oui?

— Tu l'aimes Kendrick? »

Kendrick, c'est son petit ami. Ils sont ensemble depuis deux ans à peu près. Il est parti de Kinshasa depuis maintenant cinq mois pour la Paris, si je ne me trompes pas.

« Bien-sûr, se pâme-t-elle, c'est quoi cette question?

— C'est pas pour te juger, mais tu passes ton temps à le tromper...

— Oh, Daniiii ! »

Disait-elle, mollement.

« Je t'ai déjà expliquer, me disait mon amie, je ne trompe pas Kendrick.

— Ah, non? Et tchoukou tchoukou de droite à gauche, de haut en bas, verticalement et horizontalement avec le premier venu plein de billets dans les poches tu appelles ça comment?

— Profiter de ses avantages, dit-elle fièrement. »

Je roule des yeux. Par avantages, elle entend bien évidemment ses formes. Alors je vais vous expliquer la logique de Nenette : Quand tu as des grosses fesses, de gros seins et un beau visage le seul moyen pour toi de te faire de l'argent et te sauver de la misère est d'utiliser tes atouts, en manipulant, en servant et en couchant avec des hommes. D'un côté, elle n'a pas tort. Quand tu as une peau aussi claire, que tu as ses formes très généreuses et que tu es aussi maligne que Nenette, aucun homme ne peut te résister. Comme son prénom, mon amie d'enfance est ridicule. Mais je l'aime quand même.

« Si jamais, Kendrick l'apprend...

— Il ne l'apprendra pas, dit-elle avec fermeté, je sais ce que je fais. »

J'hausse les épaules.

Après tout, c'est son problème mais je l'aurais prévenu.

Quelques jours plus tard...

« Papa, Mama je suis partie ! »

Dis-je en franchissant le seuil de la porte. Je la ferme derrière moi et me dirige vers chez ma meilleure amie avec mon grand sac, rempli de vêtements et de maquillage. J'ai salué sa grand-mère en entrant chez elle et je me suis rendue dans sa chambre.

« Hi, ma copine! »

Dit-elle en m'enlaçant.

[...]

« Ah, ça c'est PAR-FAIT ! »

S'écriait Nenette.

« Cette robe te vas trop bien!

— Tu trouves? Dis-je, hésitante.

— Oui, fais-moi confiance et mets-la. »

Les mains sur les hanches, je les pivotais pour voir ce que donnait cette robe ambrée sur moi. Elle s'ajustait parfaitement sur mes hanches généreuses, le col bateau mettait en valeur ma poitrine et découvrait entièrement mes épaules par la même occasion. Elle avait des manches longues et m'arrivait au bas de la cuisse. Elle était assez simple pour dire vrai, il n'y avait pas de quoi tomber mais il fallait voir Nenette qui s'était exaltée devant moi. J'avais mal saisis sa réaction.

Du coup, j'avais choisis de mettre cette robe de soirée avec de simples sandales à talons noirs. Mon amie avait opté pour une mini-robe rouge moulante et des sandales, sans talons par contre.

Comme à chaque fois que nous allions en soirée, Nenette m'abandonnait toujours au bar pour aller danser avec un bel inconnu à qui elle faisait du rentre dedans. J'aime danser, mais pas seule. Et j'aime me faire coller par des inconnus à l'inverse de Nenette. J'aspirais dans ma paille afin de faire venir mon soda à l'intérieur de ma bouche. À vrai dire, je m'ennuyais un peu et je regrettais de m'être laisser convaincre aussi facilement par mon amie qui a pour habitude de m'oublier dès qu'elle voit des hommes bien habillé.

Un groupe composé de trois mecs venaient de s'asseoir à une table en face de moi. Ils parlaient et riaient ensemble. Je remarquais qu'ils étaient tous bien habillés, dans le sens qu'on voyait qu'ils portaient des vêtements de marque. Une serveuse arrive en leur demandant ce qu'ils veulent boire (j'imagine), un bloc-notes dans une main et un petit crayon dans l'autre. Lorsqu'elle prenait leur commande l'un d'eux fixait son derrière chargé en se grattant le menton, un sourcil relevé.

Je tourne les yeux vers le ciel. Je vois déjà le genre d'hommes que c'est, super machos, qui prennent n'importe quelles femmes pour des engins sexuels et tout. C'est ce que je déteste le plus au monde. Mais je pouvais pas m'empêcher de les regarder, plus précisément de LE regarder.

Il avait une peau ébène, des tatouages décoraient ses bras. Il avait un visage fin, des lèvres assez charnues, des sourcils épais et des petits yeux sombres. Il dégageait une réelle sensualité, surtout quand il s'est mis à rire en dévoilant ses dents étincelantes et droites qui se détonnaient parfaitement de sa peau sombre. De quelle planète vient-il? Il n'est pas humain, c'est pas possible d'être aussi séduisant.

« DANI ! »

Je sursaute, en aspirant de peur, la main sur la poitrine à la vue de Nenette.

« Tu m'as fait peur! Lui fis-je remarquer.

— Excuses-moi ! Tu fais quoi là? Pourquoi tu viens pas danser? Allez, viens t'es pas venue juste pour boire du Fanta quand même ! »

À peine j'ouvrais ma bouche pour lui donner une réponse qu'elle me traînait sur la piste en tenant ma main.

Quelques minutes après...

J'ai enfin réussi à m'échapper de Nenette. Mes précédentes tentatives ayant toutes échouée, je suis plus que satisfaite que celle-ci est aboutie. J'agitais mes mains devant mon visage, les doigts en éventail pour tenter de me rafraîchir en attendant ma bouteille de Fanta. J'avais horriblement chaud à force de bouger mon corps. La Créature était toujours là, tout seul en tête à tête avec son verre d'alcool. Ses amis avaient visiblement disparus. Il levait la tête et je tournais la mienne pour pas me faire griller. Il a dû sentir mon regard insistant. Je faisais semblant de siroter ma boisson en l'espionnant du coin de l'oeil, à travers une mèche de cheveux qui s'étaient rabattu sur mon visage lorsque je l'ai tourné. Il se mit debout, son verre qu'il venait de vider, je suppose qu'il va en demander un autre. Je me met face au comptoir. Mon cœur cognait contre ma poitrine. Moi-même je comprenais pas pourquoi, il n'y avait pas de quoi s'affoler pourtant, il s'est juste levé.

« Un autre, s'il vous plaît. »

Disait une voix extrêmement grave. Le relief de sa voix étant juste parfait et à la grosse montre sur son poignet je saisis rapidement qu'il n'est pas d'ici et qu'il a la ceinture dorée. J'observe son sublime visage à nouveau, à ma surprise il était en train de sourire. De me sourire. J'esquissais difficilement un sourire, la joie, la stupéfaction, l'excitation et la panique se battaient dans mon corps. Son geste m'était inattendu. Il prend place sur une chaise à côté de moi.

« Toi aussi, tu es toute seule? »

Mon cœur se serre.

Même quand il parle français il est sexy.

« Oui... Mon amie préfère danser que de rester avec moi.

— Je comprends, mes amis sont pareils. Je t'ai regardé danser tout à l'heure... Tu bouges bien !

— Oh, merci c'est gentil! souriais-je, fière qu'il ait fait attention à moi. »

Il me souriait en retour. La blancheur de ses dents détonnait parfaitement de sa peau sombre.

« August et toi? »

Je lève les sourcils. Il est plutôt rapide, le beau gosse aux belles dents.

« Je donne pas mon nom aux inconnus. »

Ma phrase venait de faire éclater une crise de rire au ravissant August.

« Je vois, t'es ce genre de femmes alors?

— Comment ça " ce genre de femmes "? demandais-je, en imitant son élocution parfaite.

— Compliquée.

— Je suis pas compliquée mais je te connais pas et je vais pas te donner mon nom, on sait jamais ce que tu peux faire avec !

— Et dis-moi, tu penses que je peux faire quoi avec ton prénom?

— De la sorcellerie ! »

Il rit à nouveau.

« Tu a de l'imagination quand même.

— Sinon, dis-je pour changer de sujet, qu'est-ce qu'il t'amène à Kinshasa, August? »

J'ai bien insisté sur son prénom.

«  Je suis venu pour le mariage de mon oncle et passer mes vacances.

— Et tu vis où normalement? En France?

— Ouais, mademoiselle. »

Le petit surnom qu'il venait de me donner m'a donné un coup de chaud. Le serveur du bar lui amena sa bouteille qu'il avait demandé depuis un bon moment.

[...]

Ça faisait assez longtemps qu'August et moi étions assis au bar, à papoter. Nenette n'a pas montré le bout de son nez depuis et ses amis non plus. À part sa beauté, August à pleins d'autres qualités comme son humour et son intelligence. Des fois j'avais du mal à le suivre parce qu'il parlait vite alors je me contentais de sourire en l'admirant.

Je venais de finir mon Primus. Ne trouvant plus Nenette, je décide de rentrer chez moi. Je fouillais dans ma pochette à la recherche des billets que j'avais amené pour l'occasion quand je sentis la main d'August se serrer sur la mienne. J'en frissonnais. Je le regarde droit dans ses yeux ténébreux et son sourire scintillant.

« Je vais le faire. disait-il, calmement

— Quoi? Non, c'est pas parce que je suis une femme que je peux pas payer !

— Non, j'ai pas dis ça. Tu m'a tenu compagnie, tu m'a fait rire et en plus tu es très belle... »

Glissait-il dans un demi-sourire.

« Je veux pas. Reprenais-je, sans me faire impressionner par ses belles dents.

— Et pourquoi? Demanda-t-il en fronçant des sourcils.

— Parce que c'est comme ça, je veux payer moi-même. »

Je plonge à nouveau mes yeux dans ma pochette à la recherche de ma monnaie. Les filles venant des milieux aisés ont tendance à se laisser faire payer quoi que ce soit, par habitude peut-être mais pas une fille comme moi. J'ai l'impression qu'il m'achète avec son argent et je n'apprécie pas cela.

Je croyais rêver quand j'ai vu la main d'August étreindre ma cuisse. Il avait la main sûre et mon souffle se coupait. Il avançait au ralenti son visage vers le mien en examinant chaque millimètres carrés de ma peau, la bouche entre-ouverte.

« Allez, laisse moi faire. »

Il venait pratiquement de me lancer un sort. Je suis rester figée, pendant qu'il payait l'addition de nos verres. J'aime sa force et sa sensualité. Son geste venait de réveiller quelque chose d'étrange en moi. J'avais envie qu'il me touche encore.

Je secoue la tête pour reprendre mes esprits. Il venait de me chambouler.

[...]

Nous arrivions dehors. On s'est arrêté pas loin de la boîte, pour parler.

« Sinon, tu as quelqu'un dans ta vie?

— Quelqu'un dans ma vie? demandait-il, étrangement étonné.

— Oui, une femme? Un homme? »

August rit.

« Nan, j'ai personne. Et j'aime les femmes.

— Ah, d'accord. Riais-je

— Et toi?

— Je suis célibataire depuis maintenant trois ans.

— Célibataire? J'croyais que tu avais un copain, mademoiselle.

— Si j'avais un petit copain, tu m'aurais pas trouvé en boîte.

— Ah, s'exclamait-il, tu marques un point. »

Je ricane.

« Vous étiez rester ensemble combien de temps? poursuivait-il.

— Huit mois.

— Ah, et c'était du sérieux?

— Non... Enfin, c'était compliqué surtout.

— Ah, ouais je vois. J'ai jamais eu de relations longues, moi.

— Ah bon? M'étonnais-je.

— Ouais, c'est pas vraiment mon délire, tu vois. Je préfère les compagnes d'une nuit ou deux parce que vous les femmes vous êtes compliquées, surtout les congolaises là... »

Il souriait bêtement à la fin de sa phrase. Enfin, pas si bêtement que ça parce qu'il savait pertinemment ce qu'il faisait. Il savait que sa phrase allait m'énerver et que j'allais rétorquer.

« C'est pas possible ! Pourquoi vous dites tous ça? Nous sommes comme les autres femmes !

— Quoi? Tu mens là! Vous êtes fières, têtues, vous faites des manières tout le temps pour rien... Bref, vous êtes trop compliquées.

— Nan, mais je rêve là... C'est complètement faux ce que tu dis ! On est pas du tout comme ça !

— Si !

— Non !

— Si !

— Non ! Insistais-je.

— Si, vous êtes comme ça !

— C'est pas simplement toi qui sais pas y faire avec les femmes?! »

Pensais-je, un peu trop fort. Les yeux d'August me lançais des éclairs. Il range ses mains dans ses poches et tourne les talons. Je me met à rire, c'est fou comme les hommes sont sensibles parfois. Il suffit d'un rien pour les vexer. Je voulais surtout pas le vexer, il faut que je me rattrape. Je peux pas le laisser filer de cette manière.

« Quoi? Maintenant tu t'échappes? J'ai raison, August tu as peur des femmes ! T'es un trouillard ! »

Le provoquais-je. Il s'arrête de marcher et se retourne, les bras ouvertes.

« J'ai pas peur des femmes, Mademoiselle, surtout pas de toi ! Disait-il, en essayant de me lancer une pique.

— Prouve le !

— Bah, viens ! »

C'est lentement, que j'avance vers lui, une sourire légèrement espiègle. Jamais je n'avais provoquer un homme comme je venais de le faire avec August. Ce n'était pas dans mes habitudes, je ressemblais presque à Nenette à ce moment.

Quand j'arrive à son niveau, August s'empare de mon poignet et, brusquement, il m'attire à lui.

« August, qu'est-ce qu'il te... »

Les lèvres de ma belle Créature venait de fondre sur les miennes, pour me faire taire. Depuis que je l'ai vu, j'attendais secrètement ce moment. Maintenant, je comptais me laisser guider par cet homme envoûtant.

Son corps me plaque contre une voiture, la sienne j'imagine. Ses mains saisissaient mes poignets avec tendresse et fermeté et relèvent mes bras au-dessus de ma tête. C'était si bon, si torride... August embrasse incroyablement bien. Alors que nous nous embrassions langoureusement, les lèvres d'August se dérobent déjà des miennes.

« Tu vois? Je n'ai pas peur des femmes, Mademoiselle.

— Prouve-le moi. Dis-je, essoufflée.

— Je te l'ai déjà prouvé.

— Prouves-le moi, encore, dans ta voiture où tu veux ! Hein? Pour me faire pardonner de t'avoir mis en colère...

— C'est vrai, tu me dois des petites excuses maintenant. Ajoutait-il, en effleurant mes lèvres avec les siennes.

— Laisse-moi me faire pardonner August.

— Je peux pas baiser une fille dont je connais même pas le prénom. Comment tu t'appelle?

— Tu aura tout ce que tu veux de moi sauf ça.

— Alors, répète le mien. Me murmure-t-il

— Pourquoi?

— Je veux être sûre que tu le connaisse, parce que je vais te le faire gémir toute la nuit. »

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