Chapitre 4 Veillée

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 La ceinture de sécurité bouclée, il démarra la voiture pour se rendre au village. IL voulait acheter quelques provisions. Saigne n’était pas loin de son hameau, il se gara sur la place principale. D’un côté coulait une fontaine et de l’autre était sise l’église massive de style roman propre au Cantal. Il traversa la rue sur le côté de l’austère édifice et entra dans la superette. Il indiqua se dont il avait besoin et fut servi par une femme, la cinquantaine, qui essaya de lui faire la conversation. Les réponses de Calixte furent laconiques. Elle devait penser avoir à faire à un parisien coincé et stressé. Il la salua néanmoins avec un sourire. Il traversa à grande enjambées la place vers la boulangerie, poussa la porte, une petite sonnette retentit. Une jeune femme lui demanda ce qu’il souhaitait et le servi. Repassant devant l’église il poussa la lourde porte et y pénétra.

 Ses yeux mirent un peu de temps à s’habituer à la pénombre. Seule une magnifique cascade de lumière se déversait par la baie de l’abside, pour se répandre sur la pierre nue de l’autel en basalte. L’odeur était toujours la même, un mélange de cierges consumés, de cire et d’encens. Machinalement il prit place sur le banc où il s’asseyait avec ses parents quand ils venaient en famille à la messe. Calixte posa ses courses à côté de lui et se mit à genoux. Il n’avait jamais perdu la foi. Cette fois-ci il suppliait, les yeux tourné vers le Christ roman, non pour les autres mais pour lui-même. Il réclamait la paix de l’âme. Au bout d’un moment il se rassit et resta là, les mains posés sur les cuisses, respirant lentement. Il goutait ce temps de répit, certain qu’il était entouré d’une présence aimante. Un verset lui revient à la mémoire : « Quand j’ai parlé, je ne me cachais pas quelque part dans l’obscurité de la terre ; je n’ai pas dit : cherchez-moi dans le vide ! ». Mais voilà, lui se sentait enfermé dans l’obscurité, l’esprit suspendu dans le vide. L’odeur du pain frais lui chatouilla les narines, il avait faim. De retour à la maison, il découvrit posé, devant la porte, un panier. Victoire lui avait préparé de la soupe et son gâteau préféré. Sur un petit papier la vielle femme avait écrit : « mange mon garçon, la route est longue. Je t’embrasse. Tu viendras déjeuner demain ! ». Il remit du bois dans la cuisinière, réchauffa le potage. Réconforté par ce repas, il alla dans la chambre d’ami, se glissa dans son sac de couchage. Il sombra immédiatement dans le sommeil.

 Cinq heures sonnait à la petite pendule. Le tintement lointain le ramena à la réalité. L’esprit reposé et les nerfs apaisés, il se leva. La nuit commencé à tomber, il ferma les fenêtres et les volets. Il fallait faire du feu. La réserve de bois était entreposée dans la grange au bout de la maison. Pendant une heure il fendit des bûches. La corvée achevée, il déposa la hotte près du cantou dans le salon. C’était la pièce principale où jadis la famille se retrouvait devant la flambée pour la veillée, fidèle à l’ancienne tradition. Il dîna des restes de midi et passa la soirée devant le feu de cheminée. Environné des ombres qui dansaient sur les murs, il resta assis dans un fauteuil, le menton calé au creux d’une main, le regard fixe hypnotisé par les flammes. Au bout d’un certain temps, il sortit de sa rêverie, alluma une cigarette, avala la dernière gorgée de whisky. Neuf heures sonna.

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