Chapitre 5  Rivers of Babylon

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 Les techniciens étaient venus tôt le matin. Il venait de finir son petit-déjeuner quand le gars de l’électricité frappa à la porte. Calixte regrettait presque de remettre le courant. La veillée avec le feu comme unique source de lumière avait son charme. Il tira sur l’encolure de son pull et sentit, une bonne douche ne lui ferait pas de mal. La pensée de l’eau chaude coulant sur son corps eut le dessus. La maison revenait dans le XXe siècle. Eau, électricité et téléphone. La matinée fut consacrée au grand ménage. Tête de loup, aspirateur, chiffons etc. étaient sortis du placard. La vie faisait doucement son retour. L’odeur du propre le stimulait. Il se revoyait avec sa mère dansant avec les balais sur des chansons de Boney M. Il s’amusait à débrancher l’aspirateur la faisant rouspéter : Calixte ! L’heure du déjeuner approchant, il prit une douche et se prépara. Refuser l’invitation de mamie Victoire n’était pas envisageable. Elle serait venue chez lui pour le ramener de force de toute façon.

  Ils étaient tous deux assis dans la salle à manger. L’odeur de la truffade emplissait la pièce. La télévision était allumée mais en sourdine. Le va et vient du balancier de la grosse horloge comblait les blancs. Tic-tac-tic-tac. Elle lui servit son café. Il avait le regard perdu dans le fond de sa tasse. Après avoir épuisé les banalités, elle se risqua d’évoquer le tragique accident dans lequel ses parents avaient trouvé la mort alors qu’ils rentraient à Paris. Il lui partagea sa tristesse et le vide que leur disparition avait laissé. Victoire était une femme de la terre, sa sagesse venait des profondeurs. Son regard était perspicace. Elle voyait bien que quelque chose, autre que le deuil, rongeait le jeune homme. Sur un ton léger et détaché, elle lui demanda s’il se souvenait du dernier été où il était venu. Il sursauta. Non pas ça. Il coupa court, invoqua un rendez-vous pour s’échapper. Il l’embrassa, il ne lui en voulait pas, la remercia et rentra chez lui.

 Il avait du mal à l’admettre mais Victoire venait de fragiliser la digue qui cloisonnait son cœur. Elle avait compris, depuis le début. Il monta à l’étage dans sa chambre d’enfant. Il s’allongea sur le lit. Le bras ballant, il tâtonna cherchant quelque chose sur sol. Il se saisit de la photo et la posa sur sa poitrine face cachée. Il resta longtemps un bras derrière la tête et l’autre en travers de son torse. Après une inspiration profonde, il regarda. Les larmes jaillirent, son cœur se serra. Trois garçons, bras dessus bras dessous, le fixaient, hilares.

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