Chapitre 1 Héritage

2 minutes de lecture

 Le drame de la mort accidentelle de ses parents avait laissé Calixte anéanti. Il était revenu de l’étude notariale doté de trousseaux de clefs, celui de l’appartement de Paris, celui de la maison du Cantal ainsi que d’une lettre. Il s’était occupé de l’appartement, non sans se faire violence, pour le vider et le mettre en vente. C’est à ce moment précis qu’il comprit qu’il ne les reverrait jamais. La maison, qu’allait-il faire ? Les clefs avait fini au fond d’un tiroir, cela pouvait bien attendre. Quant à la lettre, dont il avait immédiatement reconnu l’écriture sur l’enveloppe jaunie, il n’avait pas la force.

 Calixte arriva tard dans la nuit à Sumenat. Il avait fait le trajet depuis Paris. Cela faisait vingt ans qu’il n’avait pas mis les pieds dans la maison de vacances de ses parents. Celle-ci n’avait pas était ouverte depuis deux ans, depuis l’accident. Une voisine, amie de ses parents, l’avez appelé pour le prévenir que la dernière tempête avait gravement endommagé la toiture. Il se résigna donc à faire le voyage dans le Cantal.

 Arrivé devant le portail en bois lasuré qui, avec les intempéries avait viré au gris, il se rendit compte que les montants tenaient à peine. Il manipula le portique branlant avec précaution et gara sa voiture dans l’herbage. Celui-ci semblait entretenu, le voisin continuait à y faire paître ses moutons d’Ouessant. Avant d’éteindre le moteur, il resta quelques instants à regarder la façade, éclairée par les phares, au delà de la petite cour carrée, entourée de murets et fermée par un portillon en ferronnerie. Le linteau, au-dessus de la porte d’entrée, était sculpté un cartouche avec la date de construction, deux colombes se faisant face tenant un rameau et l'inscription d'un nom de famille. L’ombre des branches du vieux pommier s’étendait, sous l’aspect de longs doigts griffus, prêts à se saisir de celui qui oserait s’approcher. Il coupa le moteur et saisit le trousseau auquel pendait une grosse clef ancienne. Il le reposa aussitôt, l’idée de dormir dans la voiture lui traversa l’esprit. Il ne voulait pas rencontrer les fantômes du passé et se laisser happer par leur souvenir au plein milieu de la nuit. Il éteignit les phares. Le tableau disparut. Dans l’obscurité totale, sa respiration s’apaisa.

 Une vive douleur le sortit de son sommeil. L’esprit embrumé, il ne savait plus où il était. La fatigue l’avait vite saisi, il s’était déchaussé et glissé tout habillé dans son sac de couchage pour s’endormir en chien de fusil sur le siège arrière. Il resta assis un long moment, l'air hébété, ses cheveux en bataille, la bouche pâteuse, il luttait pour émerger et sortir de la torpeur. Les courbatures et la crampe dans le mollet le forcèrent à sortir prestement de la voiture pour s’étirer. Le froid était encore mordant en ce début du mois de mars. L’effet fut immédiat, son esprit s’éclaircit instantanément. Il attrapa les clefs et l’enveloppe, poussa le portillon qui grinça, traversa la courette, tendit la main vers l’énorme serrure. L’heure était venue.

Annotations

Vous aimez lire Octave ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0