Chapitre 2  Le seuil

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 Calixte inséra la grosse clef et fit deux tours. Après un temps d’hésitation il ouvrit, non sans peine, la porte de bois parsemée de clous en fer forgé. L’odeur de la maison le saisit immédiatement le ramenant des années en arrière. Il revoyait son père faisant le même geste qui symbolisait le début des vacances. Petit, il aimait sentir se mélange de renfermé et de cheminée froide, il s’émerveillait de retrouver chaque chose là où ils les avaient laissées à la fin de l’été. Il goûtait ce morceau de temps suspendu avant que tout reprenne vie.

 Il franchit le seuil et se retrouva dans la pénombre du hall. Les cannes à pêche étaient là, rangées dans un antique seau à charbon. La veste élimée de son père était restée suspendue sur l’une des patères au côté du gilet de laine de sa mère. Au-dessus de la porte de la salle à manger était accroché sur deux pattes de chevreuil, un fusil, la pétoire avait appartenu à son grand-père.

 Après avoir posé sa valise dans l’entrée et les clefs et son portefeuille sur la table de la cuisine, il ouvrit les fenêtres et les volets du rez-de-chaussée. Il était nécessaire de faire entrer de l’air frais. L’humidité et la poussière lui chatouillaient les narines et le fit éternuer. Sur la cheminée était posée une pendule. Il souleva doucement le globe de verre, trouva la petite clef et remonta le mécanisme et la sonnerie. Le tic-tic se fit entendre à un rythme régulier. De son index il fit tourner les aiguilles pour la mettre à l’heure. Le tintement délicat sonna huit heures, il ajusta les minutes. Le temps reprenait son cours.

  L’eau et l’électricité avaient été coupées peu après la mort de ses parents. Heureusement, il y avait dans la cour une pompe. Il tira à la citerne un arrosoir d’eau pour la réamorcer. Après quelques mouvements de balancier, l’eau coula. Il en recueillit au creux de ses mains et se frictionna le visage. Il avait faim, il descendit de la voiture les quelques provisions qu’il avait emportées. Dans la cuisine se trouvait une cuisinière à bois. Ses parents ne s’étaient jamais résolus à la changer. Un tas de buchettes était rangé à côté dans un panier d’osier. Il fit des boules de papier et cassa une cagette qu’il inséra par le dessus de la plaque de fonte. Les allumettes avaient pris l’humidité, impossible d’allumer le feu. Il chercha son briquet dans la poche de son manteau. Les flammes s’élevèrent crépitant, il inséra quelques buchettes et lorsque le tout fut bien embrasé, il repositionna la plaque et put mettre de l’eau à chauffer. Assis à la petite table de la cuisine il prit un frugal petit déjeuner. Il alluma une cigarette, but une gorgée de café. Les yeux fermés il écoutait ronfler le feu et les claquements de la fonte qui se dilate sous l’effet de la chaleur. Neuf heures sonna.

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