LES CONS ET LES PESSIMISTES

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« Pour être optimiste, c’est pas dur : il faut être con. On est ou pessimiste, ou con. Je préfère encore être pessimiste qu’être con ».

François CAVANNA

Pour lui, l’Humanité se partage en deux camps,

Clairement dessinés et tous deux pratiquants :

A l’engeance des cons, formant première liste,

S'oppose un autre clan que l'on dit pessimiste.

Si les uns sont contents et débordent d'espoir,

Pour les autres, toujours, c’est funeste ou c'est noir.

Il est mort à présent, mais son message en friche,

Pour être un peu concis n’en reste pas moins riche ;

Et chacun qui le lit dans le souci de soi,

Peut y trouver sujet d'interroger sa foi.

Ceci dit, au-delà de l’approche globale,

Qui pose le sujet de façon magistrale,

Pour mon cas personnel je peine à bien trancher,

Dans ce débat fécond, vers quel côté pencher !

J’hésite - ces pudeurs sont incompréhensibles -

A trouver mon parti dans l'un des deux possibles.

C’est que je suis des deux : et pessimiste et con,

Et rechigne à franchir, d’un bond, le Rubicon !

Je veux, à tout moment, que chacun me remarque :

C’est bien là, je le crois, chez les cons une marque !

Je peux parler de tout, longtemps, sans réfléchir,

N’admirer que les gens qui ont su s’enrichir ;

Je fête Valentin, Noël, la bonne année,

Je fais pour mes amis des feux de cheminée ;

Peut-on mieux dire enfin : je suis des leurs,

Et partage en tout point ce qui fait leurs valeurs !

Mais dans ce seul état n’est pas tout mon bien-être,

Le nier me vaudrait de passer pour un traître ;

Pessimiste je suis, hors de toute raison,

Comme mes ascendants et ceux de ma maison :

Je suis jaloux de tout, du parfum de la rose,

Et doute quand j’entends les propos que j’expose ;

Je vois le mal partout : quand on me dit bonjour,

Quand le ciel est trop bleu, quand on parle d’amour ;

Je n’attends rien de bon et presque tout m’oppresse !

N’est-ce pas là tenir de la seconde espèce ?

D’aucuns pourront trouver l’assemblage bancal,

Et craindre que je sois porteur d’un nouveau mal,

Car si chacun veut bien que d’un mot on le traite,

Etre bi n’est pour lui qu’une formule abstraite ;

L’on demeure entre soi, puis l’on s’y reproduit,

Et l’enfant, tout petit, d’un seul art est instruit !

Ainsi, je suis le cas qui déroge au principe,

Un modèle mulet, sorte de prototype ;

Je m’accommode assez d’un état médian,

Qui trouve à s’affiner toujours au fil de l’an,

En explorant profond la vertu respective

De chaque identité qui m’est constitutive !

Et qui sait si je suis - sans même le savoir -

Pour des peuples entiers, une lueur d’espoir

En ouvrant devant eux des univers en friches,

Qui les feront plus beaux et peut-être plus riches !

C’est en réunissant les deux anciens rivaux,

En croisant les talents, en haussant les niveaux,

Que je vois s’ériger l’Homme du nouvel âge,

Qui sera sombre et con et fier de son image !
















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