Piastre

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Avancer d'un point à l'autre, la tête dodelinant à gauche ou à droite, c'est le quotidien du garde du corps. Il s'agit de surveiller, d'épier, de protéger, de faire attention, de prévenir et surtout d'observer. Depuis quelques jours, peu après son arrivée à Saintes, Piastre s'est rapproché de la maire, Minou, au point d'en devenir, après qu'elle l'ait aidé à s'installer, son garde du corps rapproché. Il connaît donc très bien le quartier de l’église. Il a pu effectuer de nombreuses rondes, en journée comme en soirée, variant ses allées et venues pour ne pas créer de routine et éviter d'être facilement écarté. Parfois c'est tard la nuit (ou tôt le matin) qu'il tourne lentement autour de la maison. Lorsqu'il sait sa patronne sortie, c'est souvent en taverne, véritable quartier général de la Subliminale, il tourne toujours mais suit le mouvement. Le meilleur moyen de la protéger, est encore d'être à ses côtés. Il n'y a donc nul difficulté à le voir lui aussi accoudé levant sa chopine pour désaltérer un gosier. Aujourd'hui, la Maire n'est pas encore sortie, elle se couche tard, se lève tard, son rythme de vie est affreux mais Piastre s'en accommode, le copiant pour une efficacité maximale. Le soleil vient de dépasser son zénith, la chaleur monte peu à peu pour être celle étouffant d'un après-midi de fin d'été qui dure. Minou dort encore, Piastre en profite donc pour inspecter les extérieurs une nouvelle fois, faisant le tour de la clôture, se plantant près de la statue difforme. Le regard du presque quadragénaire se fait circulaire. Personne à l'horizon.

Le moment pour lui de faire le point sur ce qu'il a découvert ici à Saintes depuis son arrivée, de faire le point sur les rencontres et les personnes qu'il a croisé. Certains demeurent des mystères, d'autres le laissent déconcerté, ou bien antipathique. Il est tout à fait normal que la population de Saintes soit si diverses, après tout, c'est une ville fortement fréquentée, au carrefour de trois régions puissantes. Nul surprise donc à voir se donner la chique en taverne un poitevin, un périgourdin et un guyennais. Son affection grandissante pour sa patronne soulèvent quelque problème d'éthique. En tant qu'employé il ne devrait pas se laisser aller à s'attendrir pour elle, mais le caractère qu'il découvre et redécouvre chaque jour n'est pas pour l'aider, la jeune femme pleine de générosité ne cesse de lui prouver qu'elle est parfaite, ou presque. Un peu folle en fait. C'est donc avec un sourire étiré sur les lèvres que le Garde du Corps de Sa Subliminale Personne finit son tour et entre dans la chaumière, laissant encore du temps à sa patronne pour se reposer et récupérer de ses nuits de débauche répétitives. L'alcool et ses ravages. Il s'occupe pendant le temps de calme qu'il lui reste à écrire quelques vers sur un vélin.

Gronde le tonnerre dans les landes arides,
Quand à vent féroce succède pluie acide.
Nul répit, nul havre ne peut nous prévenir
D'une divine colère, destinée à nous punir...

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