Piastre

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Un condensé de malice dans un peu plus de cinq pieds de haut.

De la perversion pointe parfois sur le visage encore bien jeune de la Maire de Saintes, comme à ce moment de leur rencontre où sans se démonter, elle s'était penchée pour reluquer sous la table la courte longueur de ses haillons, cherchant sans même le masquer à apercevoir l'état de son entre-jambe. Il n'a pas mis long à se rendre compte de la folie qui habite la Saintaise, celle-là même qui a révolutionné les codes de la trinque. La plupart du temps cette perversité qui anime les traits et déforment les sourires en de malines grimaces sont les affres de sa folie intensive. Personne ne s'étonne donc de voir la Maire rouler sous une table. Comprenez bien qu'elle ne le fait pas saoule, elle n'est jamais saoule, c'est une mascarade pour excuser un dément plaisir à abuser des autres. Le tyran est son autre nom, bien nommée.

L'ambiance feutrée, des volets clos aux interstices lumineux, renvois de minces rais de lumières du jour qui se chargent en poussières volantes vers les courbes de telle facture, de telle chaire, de telle matière. L'albâtre d'une peau nue fait scintiller des cristaux de glace, reflétant la divine lumière. Tourné et placé toujours les mains sur les hanches, Piastre ne loupe rien du spectacle, son regard acide se voilant d'un trouble conséquent, de voir dans le reflet du verre de la fenêtre, la maligne secouer davantage que sa crinière. C'est un curieux sentiment envahissant qui s'empare de son corps, le laissant transi de bien-être, tel le frisson expiatoire d'un élan passionnel. La digue rompt, et la marée agitée gronde de son roulis moussant se rependant dans son organisme jusqu'aux faîtes de sa virilité. Tel est l'effet sur lui de la vue falsifiée par le miroir improvisée. Est-ce le hasard qui coordonne de la sorte l’œillade ? Est-ce la fameuse maire qui connaît assez son intérieur pour en faire profiter son garde ?

Le gimmick incessant des lèvres troussées résonne. Le silence se fait bruyant car alors que les mots ne trouvent plus d'utilité, c'est une autre harmonie qui s'installe aux tambours du cœurs, pulsations du sang, mélodie des lèvres, symphonie du regard. L'attentif pourrait quasiment déceler un orchestre entier dans cette échange muet, chaque instrument symbolisé.

Ma Dame.. à quoi jouez-vous...

Ce sont là les seuls mots qui parviennent du fond de ses pensées, toutes tournées en l'instant vers ce reflet plus parlant que la simple vue qu'il aurait, de l'autre côté. L'emploi du temps étant réellement chargé, il en vient à douter que l'intérêt de sa patronne demeure à l'instant pour ses concitoyens, mais bien davantage pour la satiété introuvable qu'ils cherchent parfois ensemble. Il est impératif qu'il ne cède pas à la tentation même si sa plus simple envie est d'y succomber. De fait, si on l'attend tard, on la verra plus tard encore, les besoins n'étant pas loin d'être inassouvissable dans l'appétit toujours grandissant du garde du corps. À cœur vaillant, rien d'impossible.

Vous ne semblez pas pressée...

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