Chapitre 14

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Esmée

Blottie dans les bras d'Andrew, je repense à notre baiser. Je suis à la fois stupide et trouillarde de l'avoir rompu, pourtant ce n'est pas dans mon caractère de me dérober de la sorte. Mais j'ai eu peur de la comparaison et je la crains toujours. Andrew m'a cachée sa première fonction en tant que Dieu de la sexualité et comment expliquer mon trouble en tant que vierge dans un terme adéquat ? C'est effrayant, oui voilà exactement le bon mot. Je ne serais jamais digne de ses espérances. Andrew a connu un nombre indéfinissable de Déesses, je ne ferais jamais le poids face à elles et tout particulièrement, Héra. Rien que d'y songer, je tremble comme une feuille, si bien qu'Andrew resserre son étreinte en frottant mes bras. Vivement que l'on arrive à destination et que j'arrête de cogiter. Mon souhait est exaucé lorsque mes pieds touchent le sol. Je me détache du corps massif de mon âme-sœur et reprends mes esprits.

— Tout va bien ? m'interroge Andrew d'un air soucieux.

Non, mais bon tu n'as pas besoin de le savoir.

— Oui ça va, on y va ?

Je m'empresse de lui répondre avant que monsieur lise mes pensées. Il fronce les sourcils puis secoue la tête tout en lâchant un soupir d'exasperation.

Hé oui, mon coco, je sais poser des barrières mentales tout comme toi. C'est difficile de voir ce qui se trame sous cette caboche, maintenant. Cesse de cogiter et mets toi en route !

Je ne sais pas exactement où nous allons, mais l'ambiance entre nous est pesante. Afin de ne pas être plus perturbée que ça, j'avance en cherchant autour de moi, le nom d'une ville ou celui d'un château, cependant aucune de ces informations n'est visible. Nous qu'à travers les arbres et les champs, c'est amusant, mais frustrant. Je garde tout de même mes distances à quelques mètres derrière Andrew. D'ailleurs il vient de se retourner afin de voir où je me situe, puis finit par atterrir au sol. Je fais de même, toutefois, quelque chose me dit que nous ne sommes pas arrivés à destination. Bingo, monsieur s'immobilise, croise les bras sur son torse et je sens qu'une altercation ne va tarder.

— On est arrivé ? demandé-je en tournant la tête de gauche à droite.

— Non, répond-il d'un ton cassant.

— Alors, pourquoi tu t'arrêtes ?

Andrew s'approche de moi à une telle vitesse que je manque d'atterrir par terre les fesses dans l'herbe. Il me retient in-extremis avec l'un de ses bras qu'il enroule autour de ma taille et le second qui maintient ma nuque. Je pose mes mains sur son torse pour le repousser, mais il ne le voit pas du même œil et résiste en resserrant sa prise. Je me retrouve collé contre son corps ferme et mon visage blotti ? au creux de son cou.

Merdouille, je suis dans de beaux draps.

— Je te le confirme.

— Sors de ma tête, tu veux ! ordonné-je

—Si tu m'expliques pour quelle raison tu m'évites ?

— Je ne t'évite pas.

Andrew me repousse délicatement, puis détaille chaque trait de mon visage avant de reprendre la parole.

— Tu ne sais vraiment pas mentir.

Rho, punaise, qu'il m'agace à avoir raison, c'est vexant et gênant à la fois. Je baisse les yeux, honteuse de mon comportement. C'est de sa faute aussi, il me trouble et je ne comprends rien aux signaux que m'envoie mon corps.

— Bon ok je mens, satisfait ?

— Non ! Pas quand mon âme-sœur est tourmentée au point de me cacher la vérité.

Dis-moi ce qui te tracasse à ce point.

— Rien.

— Esmée ! gronde-t-il d'un regard flamboyant de colère.

— Très bien, je repense à notre baiser et à tout ce que tu as pu vivre auparavant avec les autres, satisfait ? m'énervé-je en m'éloignant pour m'asseoir sur un rocher.

Félicitations Esmée, tu as décroché le pompon de la cruche de service.

Andrew s'approche puis s'agenouille devant moi, il pose une main sur ma cuisse que je frappe afin qu'il la retire. Je ne veux pas de sa compassion, je veux simplement comprendre cette jalousie envers les Déesses, qui sont passées sous ses doigts.

— Esmée, regarde moi s'il te plaît ?

D'un signe négatif de la tête, je m'obstine à lui faire savoir que je ne veux rien entendre de plus.

— Punaise, ce que tu peux être têtue quand tu t'y mets ! Écoute parmi toutes les femmes que j'ai pu connaître, tu es la seule qui a réussi à me faire vibrer d'un simple baiser. Je sais que tu es partagée entre l'envie de retenter cette expérience et que tu es effrayée par mon statut. Je le conçois, mais sache une chose, Héra est insignifiante à mes yeux, et je suis prêt à te le dire tous les jours pour que tu le comprennes. Bon sang, Esmée ! C'est de toi que je suis tombé amoureux dès que nos regards se sont croisés à la Salle des Trônes. J'ai su que tu serais mienne à tout jamais, Gaïa ne t'a pas mentie, nous sommes liés pour l'éternité.

Que répondre à ça, il me répète que je suis sienne à jamais, pour l'éternité, pourtant quand il parle d'Héra, l'intonation de sa voix se mue en tristesse. Je reste persuadée qu'Andrew éprouve toujours de l'amour pour sa reine. Je ne connais pas leur histoire, mais elle demeure ancrée dans son cœur. Je n'ai pas le temps de m'appesantir sur le sujet, que je sens des mains me soulever et Andrew m'appeler.

— Esmée, non ! hurle Andrew en tentant de venir à mon secours.

Hors, il est trop tard pour qu'il puisse m'aider, nous nous sommes déconcentrés et voilà ce qui arrive. Lirédus se trouve face à moi une main posée sur ma gorge, il me maintient en hauteur. Je ferme les yeux pour faire appel à mes dons, mais mon corps reste sourd à cette demande. Je manque d'air et suffoque, ma vue se trouble par de petits points noirs. Dans un ultime effort, je baisse mon regard vers la terre ferme afin d'apercevoir Andrew. Il combat une jeune femme dont je n'avais pas ressentie l'aura. Elle est en train de le malmener, pourtant dans une ultime esquive il réussit à parer son coup. Andrew se place derrière elle, encercle sa taille d'un bras tandis que le bout de sa lame se pose sur le cou de cette femme.

— Lirédus, lâche-la ou je lui tranche la gorge, s'époumone mon âme-sœur.

Le sorcier s'exécute et me voici propulsée contre un arbre. La douleur est telle que je suis à deux doigts de perdre connaissance. Andrew relâche la jeune femme et accourt dans ma direction, néanmoins, il est déjà trop tard. Un voile blanc apparait devant mes yeux, je ressens son le bien fait qu'il me procure sur ma peau. Je suis apaisée, la douleur n'est plus, je ferme les yeux avant de me laisser transporter dans cette vague de plénitude et de confort.

— Ma chérie, réveille-toi, entends-je prononcé au loin.

Est-ce la voix de mon père ?

— Esmée, ma puce ouvre les yeux, tu es en sécurité.

Oui, c'est bien la voix douce et rauque de mon paternel.

— Allez, oui, voilà, doucement ma petite déesse.

Lorsque j'ouvre les yeux, je reste stupéfaite de voir la mine déconfite de mon père, qui me caresse la joue.

— Bon sang, j'ai cru ne jamais te revoir, heureusement que Hadès m'a prévenu à temps.

— Père, que s'est il passé ?

— Lirédus t’a posé sur le poignet un bracelet qui prenait possession de tes pouvoirs. Andrew a voulu t'avertir en entrant en lien par la pensée, mais il s'est vite rendu compte que quelque chose clochait. Hadès l'a également perçu et il m'a appelé. Je suis immédiatement descendu sur terre pour te prêter main forte, et surtout te sauver.

— Mer..mer..ci, murmuré-je.

— Ce n'est pas moi que tu dois remercier, mais Andrew. Sans lui, tu ne serais plus présente. Je ne sais pas ce qu'il s'est passé entre vous, pour vous faire manipuler de la sorte, mais vous allez avoir besoin de discuter ensemble afin d'éviter de retomber dans un piège.

Je hoche la tête puis me redresse du lit dans lequel je me trouve. Les souvenirs affluent dans ma mémoire et je regrette amèrement cette histoire de baisers et de jalousie. Mon père dépose un bisou sur mon front avant de quitter la pièce. Andrew apparaît quelques secondes plus tard, le visage soucieux. Il s'approche lentement en m'examinant de la tête aux pieds. Il lâche un soupir de soulagement et s'installe à mes côtés. Mon cœur s'emballe lorsqu'il frôle du bout des doigts mon visage.

— Bon Dieu, j'ai eu si peur de te perdre, annonce t-il avec tendresse.

— Je vais bien.

— Maintenant, oui. Mais ce n'était pas le cas il y a quelques heures.

— Que veux-tu dire?

— Esmée, Arès t'a amené sur le Mont car tu luttais entre la vie et la mort. S’il n'était pas intervenu, je n'ose imaginer la suite des événements.

Je prends quelques secondes pour réfléchir à tout ce qui m'a été énoncé, et je me rends enfin compte de la teneur de ses propos. Bon sang, j'ai failli perdre la vie. Comment ai-je pu être aussi stupide ?

— Je suis désolée, murmuré-je en me jetant dans ses bras.

— Tout va bien, l'essentiel c'est que tu sois en vie et dans mes bras. Je t'aime Esmée plus que tu ne peux l'imaginer, dit-il en caressant mes cheveux.

— Merci d'être à mes côtés.

— Pour rien au monde, je céderai ma place. Tu es mienne et le restera, clôture-t-i conclut-il ?l en unissant ses lèvres aux miennes.

Notre baiser est doux, passionné. Je me délecte de son goût mentholé, nos langues se cherchent et se trouvent pour fusionner dans un ballet endiablé. Andrew met fin à cet échange des plus sensuel, pour me permettre de reprendre mon souffle. C'est à ce moment que choisit Asclépios, le Dieu de la médecine pour faire son entrée.

— Bonjour Esmée, comment te sens-tu?

— Bien, souris-je

— Parfait, je vois que ton corps c'est régénéré plus vite que prévu, habituellement quand des blessés arrivent dans le même état que toi, ils leurs faut six à huit heures de convalescence. Tu es une sacrée veinarde tu sais, prononce t-il en attrapant dans sa blouse son stéthoscope.

— C'est ce que j'ai cru comprendre, répliqué-je pendant qu'Asclépios vérifie minutieusement chaque partie de mon corps.

Andrew, dos à nous, se retient de lui sauter dessus, je perçois sa jalousie de la où je suis, son comportement est amusant et attendrissant.

— Tout est correct, tu peux quitter la salle de soin dès à présent, m'annonce Asclépios.

Avant de quitter la pièce, le Dieu de la médecine ordonne à Andrew de se retourner et de venir m'aider à me relever. Mon beau brun ne se le fait pas dire deux fois, il dépose un baiser sur mon front, puis me tend ses mains que je saisis pour me redresser. Une fois debout, Andrew me maintient contre son flanc d'un bras qui entoure ma taille. Nous suivons Asclépios qui nous attend dans le couloir, quand Zeus fait son apparition.

— Qu'est-ce que vous faites encore ici ? Empressez-vous de retourner sur terre pour en finir avec le sorcier, ordonne-t-il, le regard menaçant.

— C'est ce que nous nous apprêtons à faire, râle Andrew en se positionnant devant moi.

— Bien dans ce cas, filez ! Ah et c'est la dernière fois que j'accepte de vous prêter secours, est-ce clair ?

— Comme de l'eau de roche, enchéris-je en faisant crépiter le bout de mes doigts.

Zeus s'écarte de notre passage et s'éclipse à la vitesse de l'éclair. Andrew me colle contre son torse, dépose un bisou sur le sommet de mon crâne, avant de nous téléporter de nouveau en Irlande.

Fin de ce chapitre.

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