Chapitre 7

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Esmée

Après m'être munie de mon arc et de mon carquois, que je camoufle sous ma veste, j'attends qu'Andrew finisse de se préparer avant de nous téléporter à Hyde Park. Quelques minutes nous ont suffit pour atterrir avec souplesse dans l'herbe. Nous revoyons notre plan une dernière fois avant d'emprunter chacun une direction différente. Je suis prête à m'élancer lorsqu'une main rugueuse me retient in-extremis par le poignet. Prête à en découdre avec l'étranger, je fais appel à mon pouvoir de la terre. Cependant, je suis stoppée mentalement dans mon chant, par l'intonation de voix d'Andrew. Je me retourne pour lui faire face ne comprenant pas son comportement.

— Qu'est-ce qu'il y a ?

— Promets moi juste de faire attention à toi. Je veux que tu me contactes au moindre ennui, n'hésite pas à communiquer avec moi par la pensée, d'accord ?

— Ça va aller, merci de t'inquiéter. On se retrouve dans quelques heures à la maison. Bonne recherche.

Andrew acquiesce d'un hochement de tête avant qu'un voile de fumée noire l'emporte. Je vérifie que personne ne soit dans les parages et dans un tourbillon je me téléporte devant le Grenadier, un pub fondé au XVIII siècle pour les officiers de la garde royale où un soldat a été battu à mort pour avoir triché. J'observe la devanture de cette bâtisse aux couleurs bleu, blanc et rouge, avant de pénétrer à l'intérieur.

L'endroit est rustique avec des objets tels que des fusils et des photos des paysages de l'époque sont accrochées sur les murs. Je suis interrompue dans ma contemplation par un homme aux cheveux poivre et sel, d'une cinquantaine d'années, accompagné de son chien, qui accourt vers moi. Je caresse l'animal qui reste à mes côtés.

— Hector, laisse donc la demoiselle tranquille ! ordonne l'humain.

Par la pensée, je demande à Hector de retourner aux pieds de son maître,ne souhaitant pas que le propriétaire des lieux punisse son golden retriever pour avoir désobéi.

L'homme fronce les sourcils avant de passer derrière le bar.

— Qu'est-ce qu'une beauté, comme vous, viens faire dans un endroit aussi malfamée ?

— Je suis à la recherche de deux sorciers assez puissants. J'ai besoin de leur aide pour invoquer de la magie noire.

Le rustre explose de rire tout en frappant de sa main son comptoir.

— Tu entends ça Hector, ces touristes sont complètement dérangés. Le pub de Harry Potter n'est pas dans ce quartier. Vous faites erreur jeune dame, vous auriez dû emprunter la deuxième ruelle sur votre gauche en sortant d'ici.

— Excusez-moi monsieur, mais je n'ai fait aucune erreur. Un ami m'a communiqué votre adresse.

Le patron du pub cesse de sourire, puis me lance un regard glacial qui ne m'atteint pas. Je lui ai menti, mais si ça peut permettre de mettre la main sur les deux acolytes de Halgamet ou d'avoir des informations, je prends tout ce que l'on peut m'apporter.

— Bien dans ce cas, veuillez me suivre.

Cette réponse, je ne l'attendais pas. C'est d'un pas décidé que j'accompagne cet homme dont je me méfie. Il nous emmène vers le fond du pub, s'accroupit devant un tapis Perse qu'il lève avant qu'une trappe cadenassé apparaisse sous mes yeux. A cet instant, je décide qu'il est tant de contacter Andrew. Je ne sais pas pourquoi, mais cet endroit me fait froid dans le dos. J'ai cette sensation d'être tombée dans un piège.

— Esmée, tout va bien?

— Andrew rejoins moi au plus vite au Pub le Grenadier, je ne sais pas pourquoi, mais j'ai un mauvais pressentiment.

— J'arrive, ne fais rien qui te mette en danger.

— Je pense que c'est trop tard.

— Putain ! prononce Andrew avant que notre connexion soit interrompue.

La porte ouverte, le tavernier me fait signe de passer devant lui. Je me penche par-dessus l'ouverture où je découvre un escalier éclairé par des lampes torches.

— Avant de descendre, veuillez laisser votre arc, chère déesse de la nature.

Hein ? Comment sait-il qui je suis ? Il a l'air de lire mon étonnement sur mon visage, car il me répond être au courant de ma visite. Impossible ! Personne n'est au courant de cette mission hormis ceux présents lors de notre réunion. Se pourrait-il qu'il y ait une taupe sur le Mont ? En attendant pour le moment je suis dans de beaux draps, sous terre mes dons ne fonctionnent pas.

Merde ! Esmée tu te fourres toujours dans des situations à la con.

— Si mademoiselle la déesse, veut bien se bouger son beau petit cul, vous pourriez rencontrer la personne que vous recherchez avant l'arrivée de votre ami.

— Vous êtes l'un des sorciers ?

— Non, un homme aux services d'un très puissant guerrier.

— Halgamet…

— Exactement, maintenant bougez-vous, il vous attend.

Le disciple d'Halgamet me confie une lampe à huile, qui me permet de le suivre jusqu'à une galerie où se trouve une porte en chêne entrouverte. L'homme frappe trois coups sur celle-ci et une voix rocailleuse nous invite à entrer. Le garde du second de mon père me pousse dans le dos et je me retiens in-extremis au canapé bleu roi face à moi. Je détaille la pièce dans laquelle on vient de me faire pénétrer. Je découvre une cheminée faite de marbre ainsi que des étagères remplies de livres à ma gauche. Au centre un tapis oriental, une table basse en érable où sont disposés deux verres et une bouteille de vin. Sur ma droite, un bureau d'architecte où un homme brun, bâti comme un dieu semble étudier une carte.

— Bonjour, Esmée. Ta beauté est telle que le raconte la légende, fille d'Arès et d'Artémis, me salue Halgamet en s'avançant vers moi.

— Halgamet, second de mon père, grand guerrier déchu pour avoir comploté contre Zeus, rétorqué-je.

— C'est exact. Enchanté déesse de la nature, dit-il en venant vers moi, un rictus au bord des lèvres.

Je détaille ce dieu déchu, il est plus jeune que mon père et ses yeux gris argentés sont hypnotisants, les cicatrices sur son visage marquent les stigmates des ses combats, malgré cela, il a un charme de dingue. Mais rien de comparable à Andrew, le beau brun aux yeux charbonneux et si mystérieux.

— Les présentations faites, j'aimerais savoir pour quelles raisons Zeus a pris le risque d'envoyer la future déesse qu'il convoite en secret.

— Pardon ?

— Oh, excuse moi, tu n'es pas au courant ? Rhô par moment je ferais bien de me taire. Mais comme je ne fais plus partie de l'armée royale de notre cher Altesse. Je vais pouvoir te révéler un secret bien gardé, assis toi je t'en prie.

Qu'est-ce qu'il me raconte je ne comprends rien? Quel rapport avec Zeus ? Et je ne veux pas m'installer sur le fauteuil qu'il me désigne avec sa main.

— Esmée, Esmée... par où commencer ? Voyons voir... Ah oui ! L'histoire débute ainsi. Il était une fois, une grande déesse qui ne ratait aucune de ses cibles avec son arc. La déesse de la chasse et oui, ta chère mère, Artémis. Elle était l'une des déesses les plus désirées pour sa virginité et sa beauté. Zeus n'avait d'yeux que pour elle, ce qui bien évidemment mettait en colère sa tendre épouse, Héra. Hors le dieu du ciel se moquer royalement des reproches de sa femme.

Halgamet, fustige et sourit en repensant à ce moment de l'histoire, tandis que moi je suis impatiente de découvrir la suite de son récit. Il reprend son souffle puis accroche son regard au mien en reprenant.

— Ce que Zeus ne savait pas c'est qu'un autre dieu, veuf depuis quelques années, souhaitait conquérir le cœur de ta mère. Je te laisse deviner qui est cet homme. Oui, Esmée, ton cher papa, Arès. Un combat sans merci eut lieu entre eux. Ton père gagna le cœur de ta mère. La colère de Zeus fut telle, qu'il envoya ton père au combat plus de cinquante ans, pensant ainsi obtenir les faveurs de ta mère. Ce que le roi du Mont Olympe ne savait pas, c'était que Artémis portait en elle déjà la vie. La future héritière des pouvoirs de Gaïa. C'est ainsi qu'en l'absence d'Arès, je pris le commandement de l'armée restée sur le Mont. La suite de l'histoire tu la connais, tu as vécu cinq années auprès de tes parents avant d'être élevée par Gaïa. Zeus t'a envoyée sur terre afin qu'aucun dieu puisse acquérir ton cœur, pourtant, mon petit doigt m' informe que le roi du ciel va encore échouer en beauté.

— Attendez, si ce que vous dites est vrai, pourquoi dans ce cas m'envoyer vous retrouver pour vous exterminer ?

Je n'ai le temps de rien percevoir, que je me retrouve propulsée contre l'un des murs en pierre de la pièce, la main d'Halgamet sur ma gorge, prête à me broyer.

— Pauvre sotte, il en faudra plus pour m'anéantir, éructe t-il le visage rougit par la colère avant de me relâcher, puis il ordonne à l'attention du tenancier : Roger fait la sortir d'ici, son ami arrive.

A peine ai-je le temps de comprendre ce qu'il se passe qu'il disparaît par un passage secret.

Je me laisse escorter sans broncher par le sbire de Halgamet, cette matinée m'a épuisée et trop de questions se bousculent dans ma tête pour que je puisse réagir. Je n'ai pas assez d'énergie pour contacter Andrew et le rassurer. Lorsque l'air frais percute mon visage de plein fouet, je m'écroule au sol.

Je sens deux bras musclés entourer mon corps, à l'odeur je reconnais immédiatement mon partenaire de chasse. Andrew me soulève du sol, avant de nous téléporter dans un nuage obscur loin d'ici, au cœur d'une forêt. Il me dépose délicatement au pied d'un chêne, immédiatement la connexion avec la nature se créée, mes forces se décuplent. Je reprends le pouvoir de tout mon être.

— Merci.

— De rien ma déesse, mais explique-moi ce qui s'est passé ? m'interroge Andrew accroupi face à moi.

Fin du chapitre.

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