Chapitre 5

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Esmée

Le tour de la ville de Westerham dans le Kent a été plus ou moins rapide. C'est une petite bourgade avec ses quelques pubs, supérettes et restaurants, dont un français. Il me tarde d'y découvrir leurs plats surtout qu'il propose à emporter, ce qui j'avoue me ravive les papilles, puis c'est impeccable pour rester dans l'ombre. Cependant, nous avons aussi découvert quelques sentiers où avec mes pouvoirs, j'ai soigné plusieurs arbres qui m'a enlevé une bonne partie de mon énergie, mais après tout ne suis je pas la déesse de la nature ?

De retour à notre demeure, nous faisons un point plus ou moins mitigé avec Andrew. Nous n'avons aucune piste nous menant à Halgamet et ses deux amis les sorciers. Nous allons devoir redoubler d'efforts pour trouver le moindre petit indice. Je sais que je pourrais demander de l'aide aux animaux terrestres, tel que les renards pour chercher sur terre, pour ça, il faudrait qu'ils puissent sentir l'odeur de Halgamet ou de ses comparses. Chose qui s'avère compliquée, nous n'avons aucuns objets ou vêtements lui appartenant. Je n'ai donc plus qu'une option qui est de passer par les airs, par mes amis les faucons et les aigles.

— Esmée, tu m'écoutes ?

— Non désolée, je réfléchissais à des solutions et la seule possible par mes pouvoirs est via le ciel.

Andrew lâche un soupir de désolation en secouant sa tête vers le bas.

— C'est pas ce que je te demandais.

— Ah ?

— Écoute, nous verrons ça ensemble demain matin dès l'aube. Là, je voulais savoir ce que tu voulais manger ? Ton karma étant vraiment au plus bas.

Ça veut dire quoi ? Il me prend pour une déesse fragile ou quoi ?

— Putain ! Cesse de te rabaisser et réponds moi à la place.

À cet instant, je me mettrai des tartes pour avoir oublié son don de télépathe. Bordel, il me tape sur les nerfs, alors on va jouer un peu.

— Tu devrais le savoir non ? minaudé je.

— Je le sais en effet, or, tu viens juste de changer d'avis.

— Et bien choisis toi même dans ce cas, m'offusqué-je.

— Bien, alors j'opte pour de la nourriture française. Est-ce que cela vous convient chère divinité ?

Je vais t'en foutre des chères divinités, dans ta tronche de beau gosse moi. Non, mais il a peut-être oublié qu'il en était une lui aussi ?

— Merci pour le compliment et non pour répondre à ta question.

— Arrête de lire dans ma tête, m'énervé-je en sentant le bout de mes doigts crépiter.

Andrew ne prend même pas en considération ma répartie, j'en suis d'ailleurs vexée. Je commençais à savourer ma petite victoire malgré le ton de nos voix qui montait. À la place, il tourne sur lui-même avec des yeux ébahis. Qu'est-ce qu'il lui prend ? Halgamet serait-il dans le salon ? Impossible il n'a pas de pouvoir d'invisibilité, quoique avec ses amis les sorciers ça pourrait être le cas.

— Esmée ...m'interpelle Andrew en pointant le canapé qui vole.

Attendez, quoi le sofa navigue dans les airs, comment c'est possible ? Et bein merde alors.

— C'est toi qui a provoqué ça ? demandé-je suspicieuse.

Mon colocataire me fixe d'un regard noir, avant de baisser ses prunelles en direction de mes mains.

— Tes doigts, ils sont bleus et scintillent.

— Quoi ?

— Vérifie par toi-même, dit-il en me souriant.

Je relève mes poignets et pousse un cri de surprise, avant de sautiller de joie. J'ai réussi sans même m'en rendre compte à développer un nouveau don. Je peux faire voler les objets de petits et gros volumes sans le moindre effort physique.

— Rhô c'est démentiel, prononcé je.

Andrew ne répond pas, cependant la fierté que j'arrive à voir sur son visage me réjouis pour une courte durée seulement. Je ne sais toujours pas ce qui m'a permis de le développer.

A notre dispute, entends-je Andrew dire dans ma tête.

— Tu peux communiquer avec moi aussi ?

— Oui, tout comme toi apriori. Tes pouvoirs se révèlent enfin, ma déesse.

— Tu peux me parler normalement, car la c'est flippant.

La connexion se coupe entre nous, mais nos yeux sont toujours soudés entre eux. Aucun de nous deux n'ose reprendre la parole. C'est le bruit des meubles qui s'explosent au sol, qui nous fait revenir à nous. J'observe la pièce et les débris, lorsqu'un voile noir apparaît dans la salle, me cachant les dégâts que je viens de causer. En quelques minutes l'obscurité laisse place à la lumière, Andrew à débarrasser tout ce qui jonchait le sol.

Il frotte ses vêtements, élimine la poussière et me sort de ma léthargie en me demandant de lui ramener un balai et une pelle pour nettoyer.

C'est dans le silence que je quitte le salon pour rejoindre le placard de l'entrée. J'attrape les accessoires ménagers demandés par mon coloc, quand les mots "ma déesse " me reviennent en mémoire. J'ai du mal à saisir pourquoi il m'a surnommé ainsi. Je ferme les yeux pour remettre mes idées en place lorsqu'une vision de ma jeunesse surgit dans mon crâne.

Nous sommes dans une des serres du Mont, lorsque mon arrière grand-père fait son intrusion en un coup de vent pour embrasser tendrement sa femme. Je les observe des étoiles plein les yeux. J'espère trouver le dieu qui sera capable de me faire rougir en déposant un doux baiser sur mes lèvres. Une fois Ouranos parti, je décide de poser la question qui me traverse l'esprit depuis quelques années.

— Dis moi Gaïa comment tu arrives à communiquer avec Ouranos ?

— Par l'esprit, ma puce.

— C'est pareil pour tous ou uniquement les plus puissants ?

— Pour tous, lorsque tu trouves ton âme sœur une connexion se crée avec lui ou elle par télépathie. C'est ainsi que fonctionnent tous les dieux et déesses amoureux.

Je me rappelle avoir hoché la tête, avant de reprendre ma concentration et soigner les plantes souffrantes, en sentant son regard rempli de gentillesse posé sur moi.

J'ouvre mes paupières et ramène ce que m'a demandé Andrew. La vision que je viens de revivre m'a légèrement troublée. Mon binôme a dû le ressentir car il s'immobilise dans sa tâche. De ses prunelles noires, il cherche à m'analyser, mais je ne lui en laisse pas l'occasion, préférant me téléporter dans la forêt la plus proche de la maison. J'ai besoin de me ressourcer et d'être seule et quoi de mieux que de me plonger au cœur de la végétation, mon univers.

Assise sur une souche d'arbre, je contemple tout ce qui m'entoure. Les chênes qui étaient malades me remercient de leur avoir sauvé la vie, tandis que les cerfs, lapins, renards viennent se poser à côté de moi pour une caresse ou m'apporter leur soutien. Les oiseaux quant à eux volent en cercle surveillant les alentours. Aucun homme et femme doit découvrir qui je suis. Je remercie du fond de mon cœur, mes amis les bêtes d'être aux petits soins pour leur déesse, trop troublée par la vision qu'elle a eu quelques heures auparavant. Après avoir retrouvé un brin de sérénité, je m'apprête à me relever pour rentrer, quand un bruit de brindilles qu'on casse résonne à mes oreilles.

Une buse quitte le cercle, fonçant tête la première dans ma direction, les cris qu'elle pousse me prépare au pire. Je ferme les yeux et commence à faire appel à mes pouvoirs. Par la terre, je perçois l'écho des pas qui se rapprochent. Immédiatement, je demande de l'aide aux arbres qui par leurs racines pourront stopper net l'intrus, lorsqu'il se retrouvera qu'à quelques centimètres de moi.

Je laisse venir la personne et quand j'estime le moment venu, je m'accroupis, ouvre les yeux puis pose mes mains au sol. La nature prend vie sous mes doigts, les racines de trois chênes s'échappent de sous terre, pour propulser mon assaillant contre un églantier qui l'enferme de ses branches. Une fumée noir se dégage soudain de l'arbre, je comprends immédiatement qui est la personne prise au piège. Andrew.

Je m'approche de ce voile obscure, touche l'arbre qui maintient fermement mon binôme et par la pensée lui demande de relâcher sa prise.

— Non, mais ça va pas ! Pourquoi tu as fait ça, hurle t-il son épée en à la main.

— Ne me parle pas de la sorte sinon je te fais repartir dans ta prison de verdure, rétorqué-je sur le même ton.

Andrew pousse un soupir avant de ranger son arme et reprendre son calme.

— Désolé, je m'inquiétais c'est tout. Tu avais l'air effrayée quand tu as quitté la maison, sans que j'en connaisse la raison.

Comment lui expliquer ma vision, sans qu'il ne me prenne pour une déesse dérangée du bulbe ? Je dois réfléchir à tout ça. Cependant, j'ai peur de ce que lui pourrait m'annoncer. Gaïa m'avait-elle dit la vérité au sujet des âmes sœurs ?

— Alors c'est ça qui te tracasse? Esmée je ne suis pas ton âme sœur, tu as juste le pouvoir de communiquer par télépathie avec moi comme tu le fais avec la nature.

Sympa, de me rassurer par cette attitude hautaine. Je comprends mieux pourquoi il est appelé le dieu des ombres. Andrew a un sacré charme, mais niveau caractère c'est complètement l'opposé. Pourtant quelque chose m'interpelle dans son regard, je dirais éventuellement du regret.

Bref, je suis dans un sens soulagée par ses mots, mais une partie de mon esprit est déçu.

— Maintenant que tu as eu ta réponse, peut-on rentrer ? Me coupe t-il dans mes réflexions.

— Oui, je te suis.

Un claquement de doigts plus tard, nous voici dans le salon où tout a été nettoyé. Je suis surprise de voir une table en plastique, sur laquelle une nappe est disposée ainsi que deux assiettes avec les couverts.

— Je t'attendais pour manger, installe toi je vais faire réchauffer les plats.

— Merci, dis-je gênée.

— C'est normal on va devoir apprendre à vivre ensemble et à nous connaître, mais surtout à parler des différentes possibilités pour trouver Halgamet.

— Je suis d'accord et désolée pour tout à l'heure.

Andrew hausse les épaules avant de rejoindre la cuisine comme si rien n'était. Le temps de son absence une question me vient tout de même à l'esprit. Comment a-t-il fait pour me retrouver ?

Fin de ce chapitre.

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