Chapitre 4

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Esmée

Quarante huit heures, c'est le temps qu'on m'a laissé pour développer mes dons. Et j'ai lamentablement échoué. Impossible d'invoquer les Titans, le pouvoir du vent et de l'eau. Seuls les animaux et les arbres ont répondu à mon appel. Je me maudis de ne pas pouvoir maîtriser la totalité des pouvoirs que m'a cédé Gaïa. J'ai déçu ma mère et ma tante, Eris. Je vois encore la peine et la déception peintes sur leurs visages angéliques. Cependant, mon père a su m'apporter tout son amour, en me rassurant chaque soir, à son retour de l'antre de Hadès.

Aujourd'hui, c'est le jour du grand départ. Je dois rejoindre Andrew, ce beau brun aux yeux charbonneux, au Mont Olympe. J'appréhende cette deuxième rencontre, ce dieu déchu n'a pas l'air commode, je le ressens à son aura. Rien que de penser à lui ma peau frissonne et la peur s'insinue dans chacun de mes pores. Je comprends pourquoi il règne sur le Tartare en l'absence de Hadès. Je suis persuadée qu'il n'a aucun scrupules avec les âmes envoyées ici bas. Je suis interrompue dans mon raisonnement par la voix de ma très chère maman.

Esmée nous t'attendons, dépêche-toi !

— J'arrive, laisse moi juste mettre la barrière de protection.

Une fois mon chalet sécurisé, je me téléporte et arrive avec mes deux sacs en plein milieu de la salle du trône. Zeus me regarde comme s'il était prêt à me foudroyer pour mon retard de quelques secondes, tandis que mon père s'approche de moi pour me serrer dans ses bras.

— Puisque tout le monde est enfin présent, Arès, peux-tu expliquer plus en détail la mission à ta fille et à Andrew ? annonce le grand chef.

Après un hochement de tête, mon paternel nous fixe un instant puis s'exclame en nous expliquant notre tâche.

— Comme vous le savez déjà, Halgamet a disparu du Tartare, avec l'aide de deux sorciers puissants Sébastien et Lirédus. Nous ne connaissons pas encore l'étendue de leurs pouvoirs, mais nous sommes sûrs d'une chose, c'est qu'en mêlant vos dons vous êtes capable de les retrouver et les anéantir à tout jamais. Vous avez trois mois pour achever votre quête. Au-delà de ce temps…

Mon père laisse sa phrase en suspens et lâche un soupir de désolation, avant que Zeus reprenne la parole.

— Si vous échouez, vous perdrez définitivement vos pouvoirs et deviendrez de simples mortels, stipule-t-il un rictus mauvais accroché sur ses lèvres.

À cet instant je n'ai qu'une seule envie, c'est de me jeter sur lui, pour lui ôter son sourire narquois. Quel vieux con sans déconner, s'il croit que je vais le laisser faire, il se met le doigt bien profond où je pense. Et à en juger par le comportement d'Andrew, à mes côtés silencieux depuis mon arrivée, je ne dois pas être la seule à désirer la même chose. Sa mâchoire est crispée et ses poings sont tellement serrés que ses jointures en deviennent blanches. Je suis quasiment sûre qu'il déteste Zeus autant que moi, au moins sur ce sujet nous allons bien nous entendre.

— Bon les enfants ce n'est pas tout, mais j'ai une autre réunion de grande importance. Il est temps pour vous de vous transporter à Westerham dans le Kent, proclame Zeus de son air impérieux.

Ah parce que nous on n'est pas de grande importance, peut-être ?

Il m'agace putain ! Je lui ferai bien sa fête immédiatement à sa majesté. D'ailleurs j'imagine parfaitement la scène. Moi au centre de la pièce, une main en l'air faisant des mouvements circulaires pour le faire tournoyer dans les airs, avant de le propulser contre l'un des piliers en marbre, de la salle du trône. Je le vois même grimacer de douleur et cette vision me réjouit d'avance. A priori je ne suis pas la seule, car Andrew sourit tout en me dévisageant.

Putain il est bizarre ce mec. Ah bein non, c'est moi qui ait zappé qu'il a la faculté de lire dans les pensées, tout comme son cousin Hadès.

Merde ! Je vais devoir faire attention à lui, tout ceci pourrait se retourner contre moi.

— Arès, Artémis si vous souhaitez dire au revoir à votre fille c'est maintenant ! ordonne le vieux schnock en se levant de son siège.

Et voilà il m'a interrompu dans mon délire, punaise qu'il est chiant quand il s'y met.

— Ma puce cesse de froncer les sourcils de la sorte, Zeus n'apprécie pas du tout le regard que tu lui lances, murmure mon père en me prenant dans ses bras.

J'ai envie de répondre, et alors ? Mais je me tais évitant ainsi un carnage au royaume des dieux.

— Pardon père.

— Je sais ma puce, mais évite tout manque de respect à notre souverain, s'il te plaît. Je n'ai pas envie de perdre un de mes enfants, d'accord ?

J'opine du chef, embrasse mon père sur la joue, avant que ma mère vienne à son tour me serrer contre elle.

— Fais attention à toi et reste bien sur tes gardes, ma puce, dit-elle en déposant un bisou sur le front avant de rejoindre son siège.

Mon père nous donne les dernières directives, nous remet nos armes. Andrew, une épée rangée dans son fourreau et moi un arc.

Zeus nous rappelle à l'ordre après ce dernier échange. Je fixe une dernière fois ma famille, souris afin de les rassurer, puis me propulse dans les airs pour rejoindre les terres anglaises.

********************

Devant la porte bleue marine de la demeure, dans laquelle je dois résider avec Andrew, mon cœur s'emballe et mon cerveau me plonge dans un état second. Il me fait visualiser les pires scénarios pouvant nous arriver. Je sens la panique s'emparer de mon être, mais une main posée sur mon épaule me fait revenir à la réalité.

— Esmée tout va bien ?

— Ouais.

— A voir ton visage livide, j'en doute fortement.

Andrew me fait pivoter face à lui. De ses yeux charbonneux, il m'analyse et fronce les sourcils. Il lâche un soupir de mécontentement et secoue sa tête de gauche à droite.

Zut, je suis stupide, il fait chier avec son don de télépathie. Je suis sûre qu'il a lu en moi.

Andrew se retourne, avance pour ouvrir la porte, me laissant légèrement décontenancée en murmurant que personne ne touchera à son âme sœur. Je ne comprends pas pourquoi il prononce ces mots et ne cherche pas à en savoir d'avantage.

Je me penche légèrement pour saisir mes sacs et pénètre à l'intérieur. Je contemple mon nouveau chez moi, qui est tout à fait banal. Mon chalet en Ecosse me manque soudain. Cette maison est froide tout comme mon colocataire.Toujours dans le couloir, je distingue sur ma gauche un grand salon qui fait également office de salle à manger. Face à moi une cuisine et sur ma droite un escalier qui mène à l'étage où je suppose se trouve les chambres et la salle d'eau.

Je déteste déjà cet endroit, rien n'est accueillant. Cette baraque donne envie de la fuir, génial ! Allez, Esmée, se n'est pas tout mais on se motive. Tu dois éclaircir certains points avec Andrew.

Je commence à franchir la première marche, que celui-ci déboule à la vitesse de l'éclair, me faisant basculer en arrière. Heureusement, j'évite la chute in-extremis car Andrew me retient fermement à l'aide d'un de ses bras placé au niveau de mes reins.

— Merde, désolé, je t'ai vu qu'à la dernière seconde, m'annonce t-il d'un air inquiet.

— C'est pas grave, par contre ça ne te dérange pas de me lâcher, demandé-je gênée par cette proximité.

—Euh.. non bien sûr, répond-il en retirant son bras.

Et bien j'aurais mieux fait de fermer ma bouche, car lorsqu'il défait son étreinte, je me vautre en beauté sur les fesses, les quatre fers en l'air. Bordel ! Ça la fout mal pour une déesse.

— Rhô putain, ça va Esmée ?

— Ouais ça va, réponds-je en me relevant honteuse.

— Tu en es sûre ?

Non, oui, mais bon, je ne vais pas lui demander de me malaxer les fesses car je souffre légèrement.

Un grognement léger sort de sa bouche, ses yeux s'obscurcissent quelques secondes avant de retrouver leur éclat normal.

Hé merde, il fait peur et en prime j'ai encore oublié son pouvoir. Chiotte, je dois réellement me réveiller ça éviterait mes gaffes.

— Tu voulais me demander quelque chose ? demandé-je en me ressaisissant.

— Je voulais voir avec toi quelle chambre tu souhaites prendre, avant qu'on fasse les dernières mises au point. Et si tu es d'accord on pourrait visiter la ville ?

— Personnellement je m'en fiche pour la chambre, prends celle qui te convient le mieux et ok pour la balade en ville.

— Bien, dans ce cas, je te laisse la deuxième, c'est celle qui donne sur le jardin. Tu n'as qu'à déposer tes affaires puis te rafraîchir, avant qu'on ne parte à l'aventure dans une heure, c'est bon pour toi ?

— Parfait.

Andrew me détaille de la tête aux pieds quelques secondes me mettant légèrement mal à l'aise. Je n'ai pas le temps de rétorquer le moindre mot, qu'un voile obscure apparaît sous mes yeux emportant mon binôme je ne sais où. Je profite de son absence pour rejoindre mon antre. Une fois sortie de la douche et après avoir enfilé une tenue adéquate, un tregging noir, un pull vert et mes tennis, je le rejoins comme prévu dans le salon. Je retrouve mon compagnon de chasse allongé sur le sofa, une carte de la ville en main. Je l'observe quelques secondes et mon cœur se met à battre la chamade. Je ne sais vraiment pas pourquoi en sa présence mon corps et mon palpitant réagissent de la sorte. Ma contemplation terminée, je me racle légèrement la gorge pour signifier ma présence. Andrew se redresse, me détaille avec satisfaction, avant de me frôler pour rejoindre la porte d'entrée, son blouson en cuir déjà sur le dos. Son comportement est vraiment étrange, cet homme souffle le chaud comme le froid en un claquement de doigts. Enfin bref, nous avons mieux à faire que de s'analyser. Nous devons retrouver les traces de Halgamet et ça commence maintenant.

Fin de ce chapitre.

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