Chapitre 1

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Vingt cinq ans que je savoure la douceur des premiers rayons du soleil sur ma peau. La saison hivernale est enfin terminée. Il est temps pour moi de mettre en place le printemps . De ressentir de nouveau l'odeur des fleurs puis de l'herbe fraîchement coupée. De voir mes amis les arbres s'épanouir pour produire leurs fruits aux différents goûts et couleurs si succulents en bouche. Je ne me passe jamais de cette saison, tout simplement car je suis l'héritière des pouvoirs de mon arrière-grand-mère Gaïa.

Je suis celle qui donne vie aux quatre saisons.

Ma chérie, sors de ta rêverie et exerce ton pouvoir ! m'ordonne ma mère, Artémis, par la pensée.

D'un clignement de paupières j'exécute son ordre et la nature prend vie sous mes yeux. Les arbres se déploient et les bourgeons naissent, ce spectacle est divinement somptueux.

Je suis fière de toi ma petite déesse, s'interpose dans ma tête mon père.

— Merci papa.

Je n'ai pas le temps de poursuivre et de prendre de ses nouvelles que notre connexion se coupe. Je soupire de tristesse, je suis persuadée qu'il a été appelé par Hadès, pour l'aider à maintenir l'ordre dans le Tartare.

Je suis une nouvelle fois déçue, mais depuis mes cinq ans on m'a appris à ne plus dépendre de mes parents. Je devrais y être habituée, or, cela m'est impossible en particulier pour mon cœur. Je sais que chaque dieu a une tâche à accomplir et des pouvoirs bien spécifiques. Mon père par exemple est un combattant, épée en main il peut pourfendre n'importe quel être vivant sur terre. Je l'ai aperçu une fois et j'en garde encore un très mauvais souvenir. Ici sur cette planète, il est appelé le dieu de la guerre dans les livres antiques. Je le confirme à cent pour cent.

Quant à ma mère, Artémis la déesse de la chasse. Elle est redoutable avec son arc en main. Dès qu'elle encoche une flèche, il est très rare qu'elle loupe sa proie, tout comme mon père. Finalement, ces deux là se sont bien trouvés. La preuve en est, je suis née une trentaine d'années plus tard malgré la réticence de Zeus. Je peux remercier Gaïa mon arrière grand-mère d'être intervenue pour calmer l'esprit vengeur de son petit-fils.

C'est elle qui m'a éduquée, aimée pour finir par me céder ses pouvoirs. Gaïa est morte quelques jours après la cérémonie de transmission des dons. Cette femme, que j'ai toujours considérée comme ma deuxième maman, me manque toujours autant. J'ai beau avoir cent vingt ans en âge des dieux et vingt cinq en terrestre, elle restera à tout jamais gravée dans ma mémoire.

Sortie de mes pensées mélancoliques, je décide de me reprendre en main. Je dois découvrir de plus prêt mon œuvre avant que les rues s'animent. Je ferme ma maison puis me téléporte en un claquement de doigts sur chacun des continents que comporte la planète. Je commence par l'Europe car le jour vient de se lever. J'y reste trois heures environ, parcourant ainsi les plus grandes capitales, afin de vérifier que tout est en place. Qu'aucun de mes amis les arbres, plantes ou animaux ne soient blessés. Si tel est le cas d'une main posée sur le tronc, ou le corps, je prodigue les soins nécessaires à chaque être en me concentrant sur la blessure, leur transmettant la guérison par un scintillement doré.

C'est ainsi que chaque jour, je reproduis les mêmes gestes, les mêmes trajets afin de découvrir l'émerveillement dans les yeux de chaque hommes, femmes et enfants existants sur terre. Bien évidemment personne ne peut m'apercevoir, du moins pas en tant que déesse, car mon apparence humaine est bien différente. Je suis châtain foncé, aux yeux verts, de taille moyenne, alors que je suis née les cheveux noirs avec des mèches émeraudes, les yeux couleur des champs de blé et je mesure un bon mètre quatre-vingt. J'avoue tout de même préférer ma morphologie de femme humaine.

Une fois ma mission accomplie, je retourne en Écosse, au plus prêt de mes amis les farfadets. Ce sont des petits hommes et femmes rusés, fouineurs, mais très amusant et surtout au grand cœur, malgré ce qu'en pense certains. J'aime être en leurs présences, ils m'apportent beaucoup. Leur aide m'est précieuse quand je suis en train de me ressourcer au creux la forêt, méditant et communiquant avec chaque être-vivant.

De retour chez moi, à Saint Andrew, j'ôte ma robe blanche brodée d'or pour me vêtir d'une tenue plus adéquate. Le temps que mon infusion à base de menthe cueilli fraîchement s'infuse, je saisis ma tasse, une boîte de gâteaux et m'installe sur mon sofa situé en face de la baie vitrée. Elle me donne une vue imprenable sur l'horizon. Les paupières fermées, je savoure le nectar qui s'écoule dans ma gorge, lorsque la voix de mon père retentit dans mes pensées.

Ma déesse, tu dois te rendre immédiatement au palais de Zeus, m'informe mon père par la pensée.

En quel honneur le grand chef souhaite me rencontrer ? demandé-je, surprise.

Zeus n'a jamais toléré ma présence sur le Mont Olympe, duquel il m'a chassée comme une malpropre après le décès de Gaïa.

Je ne peux rien te dévoiler, tu le découvriras à ton arrivée.

— Très bien, laisse moi me changer et je te rejoins, soupiré-je exaspérée par cette requête soudaine.

— Esmée, tu as quinze minutes pour te présenter devant lui.

— J'y serais. À de suite.

Je coupe la liaison avec Arès. Je m'empresse de revêtir ma tenue de déesse de la nature, une robe verte cintrée à la taille, je détache mes cheveux et les pare de ma couronne de lierre.

Dix minutes plus tard, me voici propulsée au palais, dans la salle des trônes devant le seigneur des lieux, installé sur son trône en compagnie de sa tendre épouse Héra. Mes parents rentrent à ma suite en compagnie de Poséidon et Hadès puis partent s'installer à leur tour. Je suis donc seule debout complètement perdue, devant les trois plus grands dieux connus et deux déesses. Le silence est pesant dans cette salle et au vue de leurs têtes je sens que ce que je vais découvrir ne va pas me plaire.

— Ma puce, détends toi et incline toi, m'ordonne ma mère.

Ma révérence effectuée, je me redresse, puis me mets à frissonner sans en savoir la raison. Lorsqu'un voile obscure emplit la pièce et qu'une silhouette d'homme apparaît peu de temps après avoir chassé par son souffle cette brume. Il s'avance vers moi avec sa carrure digne d'un combattant, avant de s'immobiliser à mes côtés. Du coin de l'œil, je le scrute. Ce guerrier a des yeux charbonneux et une chevelure ébène. Il m'est même difficile de supporter sa présence. Cet homme dégage une aura malveillante et effrayante, malgré sa beauté.

— Andrew, bienvenue à toi, intervient Hadès un rictus satisfait aux lèvres.

Je ne comprends plus rien. J'aimerai bien connaître les motifs de ma présence dans ces lieux en compagnie de cinq divinités et un démon.

Zeus se lève, touche sa barbe, nous fixe chacun notre tour, puis prend la parole d'une voix glaciale.

— Je vous ai convoqué tous les deux car un grand danger se propage sur Terre. Halgamet a réussi, grâce à l'aide de deux grands sorciers, à se réveiller.

— Halgamet était le remplaçant de ton père pendant cinquante ans, Esmée. Il a été instructeur auprès de chacun de nos combattants. Lorsque Arès a voulu reprendre sa place, Halgamet n'a jamais accepté d'être rétrogradé au rang de second. Son comportement a changé du jour au lendemain menaçant chaque dieu ici présent. Je l'ai chassé du mont grâce à Hadès et ton père. Depuis il ne désire qu'une chose, sa vendetta .

— D'accord, cependant je ne comprends toujours pas ce que je viens faire dans cette histoire, rétorqué-je stupéfaite par son annonce.

Zeus se tourne vers mon cher papa et d'un mouvement de tête l'incite à tout m'expliquer.

Halgamet a été chassé du royaume avant qu'un sort ne lui fasse perdre tous ses pouvoirs. Soudain tout s'explique mais je vois toujours pas en quoi ma présence est requise.

— Cependant, grâce à deux grands sorciers,il est en train de reprendre ses forces menaçant la Terre et l'Olympe, m'informe père.

Ma mère le coupe dans son histoire pour maintenant m'expliquer ma mission, je vais devoir affronter avec un démon les deux sorciers.

— Attendez mère, cela signifie que je vais devoir m'allier avec Andrew ici présent ? Le prince des ombres afin de les anéantir ! Mais c'est impossible, je n'ai pas les pouvoirs pour ça !

— Oui, c'est exact. Cependant, détrompe toi, tu as les pouvoirs nécessaires grâce à ceux de Gaïa, puis n'oublie pas que dans tes veines coule le sang de ton père et le mien.

Je reste dubitative face à ses paroles, je n'ai jamais été élevée pour combattre. J'ancre mon regard aux yeux bleus de Zeus et pose la question qui me trotte dans la tête depuis cet aveux.

— Et qui va se charger de la nature en mon absence ? questionné-je le dieu des dieux.

— Perséphone et ta mère vont prendre ton relais, annonce Hadès. Ma femme adore tellement la nature, dit-il pensif souriant comme jamais.

À ces mots j'avale ma salive de travers m'étouffant presque avec. Perséphone d'accord, mais ma très chère maman, j'y crois un peu moins.

— Puisque tout est réglé, intervient Zeus. Esmée tu peux rentrer. Quant à toi Andrew, je te veux aux enfers en compagnie de Hadès et d'Arès pour continuer ton apprentissage. Tu rejoindras Esmée dans quarante huit heures en Angleterre. N'oubliez pas que nous ne pouvons que très peu intervenir, nous explique Zeus.

Génial ! En gros, c'est démerdez vous tandis que moi je vais batifoler. Je hais réellement cet homme.

Le grand manitou quitte son trône dans un coup de tonnerre, suivi de ses frères. Il ne reste que mes parents et moi-même, Andrew s'étant évaporé aux enfers. Je me volatilise dans les airs quelques minutes plus tard à mon tour après avoir embrassée mes géniteurs.

Je dois préparer un plan d'action, me ressourcer car aucune erreur ne sera tolérée. Bientôt une nouvelle ère débutera.

J'espère seulement pouvoir mener à bien cette guerre qui risque de bouleverser l'univers en entier.

Fin de ce tout premier chapitre.

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