Le déménagement

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À 5 heures, le réveil sonna, Sébastien ouvrit un œil et soupira. Il caressa la joue de Valentine et lui dit,

— Allez, il faut se lever… Nous devons partir dans une demi-heure.

— Mmmh, nooon, pas envie, je suis bien là contre toi.

Il rigola en constatant qu’elle faisait le gros dos et tentait de se coller en boule contre lui.

— Mais il va falloir se lever quand même, je dois te conduire pour que tu nous prépares de bons sandwiches pour que nous puissions reprendre des forces.

— Oui, c’est vrai… Mais j’ai encore sommeil.

Il ricana,

— Ça, c’est quand on fait trop de sport tard le soir ma chérie.

Elle pouffa,

— Mmh, oui, c’est vrai… Bon, je vais assumer, viens, levons-nous.

Elle se leva, péniblement, mais en souriant, entrainant avec elle son époux. En 20 minutes, ils étaient prêts, Alice dormait encore, ils la déposèrent dans le siège enfant à l’arrière de la voiture et ils se mirent en route.

Après avoir embarqué Françoise et ses deux fils, Sébastien les conduisit jusqu’à la nouvelle demeure du jour.

Valentine constata que sa mère et son père étaient déjà présents devant la porte de la maison, sa mère faisait des signes vers la voiture, elle souriait. Valentine ferma les yeux, respira profondément puis sourit à son tour.

Agnès les aida à sortir les deux plus grands qui dormaient encore, Raphaël, bien éveillé, réclamait à manger ; Françoise indiqua qu’elle allait s’installer au calme pour l’allaiter. Valentine se retrouva seule à gérer le reste avec sa mère, son père ayant pris le même chemin que Sébastien afin d’aider au déménagement en mettant son véhicule à disposition aussi.

Une fois Alice et Nathan installés au calme, Valentine interpella sa mère,

— C’est chouette ce que tu as préparé pour les enfants, maman.

Agnès la regarda, avec un sourire aux lèvres,

— Merci Valentine, cela m’a semblé important de prévoir ça, je n’avais pas envie de devoir courir après eux en zigzagant entre les amis qui circuleront avec toutes les caisses du déménagement.

— Tu as bien fait.

Face à sa fille, elle sourit discrètement puis lui proposa,

— Dis, on ne s’y mettrait pas pour les sandwiches ?

— Oui, effectivement, nous devrions nous y mettre !

Valentine jeta un œil vers Alice qui dormait paisiblement, Nathan aussi. Elle avala sa salive et proposa à sa mère,

— Que dirais-tu d’aller avec moi chercher les petits pains et les baguettes à la boulangerie ? Nous les avons commandés hier, Françoise et moi.

Étonnée, sa mère lui répondit,

— Oh, oui, je prends des sacs ?

— Oui, il y en a trois prévus dans l’entrée.

Françoise arriva, Raphaël dans les bras, couché sur son épaule, regardant autour de lui.

— Ah, Françoise, tu es là ! Je vais aller chercher notre commande à la boulangerie avec ma mère, ça ira pour surveiller les deux autres ? Ils roupillent ferme, tous les deux.

Françoise tenta de ne pas montrer son étonnement et répondit,

— Pas de problème, Raphaël est repu, il va gazouiller. Tant que les deux autres dorment encore, il n’y a aucun souci, allez-y sans crainte, je gère !

Valentine lui sourit puis se tourna vers sa mère et lui dit,

— Je prends mon sac à main et on y va !

Sur le chemin, elles parlèrent du contenu de la commande, petits pains au chocolat, croissants pour le petit-déjeuner et baguettes pour les sandwiches du midi… Pour la dizaine de personnes qui allait défiler toute la journée.

Une fois chargées toutes les deux, elles reprirent le chemin de la maison. Durant le trajet, malgré la petite boule de stress qu’elle sentait dans son ventre, Valentine se jeta à l’eau ; d’une traite, elle dit à sa mère,

— Maman, j’en ai rediscuté avec Sébastien et, si vous êtes toujours disposés à nous donner la même somme qu’à Greg et Françoise, nous sommes preneurs.

Agnès s’arrêta de marcher, Valentine s’arrêta aussi, avec un peu d’appréhension. Sa mère lui répondit, en souriant,

— Mais bien sûr que nous y sommes toujours disposés Valentine !

Agnès se remit à marcher, Valentine aussi, elle avait l’impression d’avoir enlevé un sac à dos rempli de cailloux de ses épaules, elle prit une grande respiration. Agnès reprit,

— Sache que je suis heureuse que vous ayez enfin accepté, vous pourrez faire les travaux que vous aviez prévus. Vous en êtes où pour votre nouvelle maison ?

— Nous allons conclure l’achat dans deux semaines. Dis, est-ce que tu pourrais le dire à papa ?

— Quoi, pour l’achat de votre maison ?

— Non, pour la somme…

Agnès acquiesça,

— Ne t’inquiète pas Valentine, je le lui dirai.

— Merci.

— Mais de rien ma fille, et… Rassure-toi, aucune contrepartie n’avait été élaborée par rapport à cette somme.

— Je l’espère, maman…

— Je ne te demanderai rien de plus que ce que nous avons déjà maintenant, Valentine.

Valentine acquiesça et esquissa un sourire auquel sa mère répondit.

Elles arrivèrent au seuil de la maison, sa mère lui proposa,

— Valentine, si tu veux, je peux demander à ton père de gérer l’aspect « technique » avec Sébastien, tu en penses quoi ?

Valentine réfléchit quelques secondes puis lui répondit,

— D’accord, je préfère même, merci d’y penser.

— Ok, on fait comme ça alors.

Elles entrèrent et déposèrent leurs achats, Françoise arriva avec Raphaël dans ses bras et Alice qui lui tenait la main. En voyant Agnès, Alice cria,

— Nanny !

Elle courut vers sa grand-mère qui lui ouvrit les bras en lui souriant et en l’accueillant.

— Viens ici ma chérie !

Valentine sourit, sa fille était vraiment bien à l’aise avec sa mère. Elle eut un pincement au cœur, mais se concentra sur le moment présent et regarda sa fille épanouie face à une grand-mère gâteau qui lui faisait goûter un petit morceau de croissant.

Valentine réagit lorsque sa fille l’interpella et demanda à être dans ses bras.

— Viens ma fille, ça va ? Tu as bien dormi ?

Alice hocha la tête puis se lova contre sa mère. Agnès lui dit,

— Je vais préparer du thé et du café, je pense que les premiers convois vont arriver sous peu.

Françoise renchérit,

— Oui, Greg m’a envoyé un message, ils seront là d’ici vingt minutes, merci pour le café Agnès, je comptais m’y mettre lorsqu’Alice a décidé de se réveiller !

— C’est pour cela que je suis là, je gère !

Nathan se réveilla aussi, réclamant sa mère. Les deux amies furent alors fort occupées avec les enfants et leurs panades. Agnès, de son côté, géra effectivement bien les choses ; les premiers arrivants du convoi furent bien accueillis et firent une pause petit déjeuner après avoir déposé les cartons ramenés dans les pièces ad hoc.

Raoul, un ami de Sébastien, indiqua aux trois autres amis présents,

— Prenez des forces, ils arrivent avec la camionnette, il faudra décharger les meubles !

— Ils ont commencé en chargeant quoi ?

— La chambre. Seb et Greg ont dit que comme ça, il y en a deux qui restent ici et qui remontent la chambre pour que vous puissiez bien dormir cette nuit.

Françoise sourit,

— Ah, chouette, ils ont bien organisé les choses, je vois, mais ça ira s’il y en a deux de vous quatre qui restent ici ?

— Oui, t’inquiète, on a pris le plus lourd dans le premier convoi ; ton gros buffet est déjà dedans, on le déchargera aussi, à quatre ! Au fait, c’est où qu’on devra le placer ? Que je visualise ce que nous aurons à faire.

Raoul la suivit aux deux endroits susceptibles d’accueillir ce buffet. Au vu des possibles difficultés techniques, elle choisit une pièce proche de la porte d’entrée ; pas moyen de le placer dans l’autre pièce proposée ; l’embrasure de la porte était trop étroite, impossible de faire passer le meuble, même en se contorsionnant.

Le reste du convoi arriva, les caisses et les meubles furent placés aux endroits prévus et tous se retrouvèrent autour d’un bon petit déjeuner avant de repartir pour le prochain convoi.

Valentine avait observé sa mère qui s’était rapprochée de son père et qui lui avait parlé, son père sourit en la cherchant du regard, elle lui avait probablement passé le message.

Elle soupira, mais elle se sentait plus légère, avec un poids en moins sur ses épaules. Elle sourit pour elle-même, finalement, cela ne lui avait pas été si difficile que ça d’accepter la proposition de ses parents.

Françoise la prit par les épaules et lui glissa à l’oreille,

— Et alors toi, ça va ? Tu m’as soufflée là tantôt en allant faire les courses avec ta mère ! Vous étiez, toutes les deux, souriantes en rentrant, ça s’est bien passé, j’imagine.

— Oui, tout s’est bien passé Fran et j’en ai profité pour dire que j’étais d’accord pour l’avance.

Françoise resta quelques secondes bouche bée puis lui dit,

— Ah oui ! Carrément ! T’as fait fort là ! Et ça va ?

— Oui… En fait, ça a été beaucoup plus facile que je ne le pensais, tu vois… Là, c’est fait, elle a même proposé que mon père voie avec Seb les arrangements pour le transfert de l’argent. C’est bien, c’est mieux, je n’aurais pas voulu m’en occuper personnellement. Et puis, elle a bien spécifié qu’elle ne demanderait rien de plus par rapport à Alice.

Valentine respira profondément,

— Je suis contente de l’avoir fait Fran, ça va débloquer des choses, je crois, je vais être bien dans ma maison et puis… Je vois bien qu’Alice est toujours super contente de la voir et elle est bien avec elle.

Valentine se tut puis reprit,

— Tu sais, j’aurais tant voulu, petite, qu’elle me fasse goûter des choses comme elle le fait avec Alice. Tu vois, ça, ça me donne des pincements au cœur, ce constat de tout ce que je n’ai pas eu avec elle. Mais je ne veux pas en priver Alice. J’en viens au constat que ma mère a dû attendre d’être grand-mère pour devenir maternelle.

Valentine écrasa les larmes qui ourlèrent ses yeux, et réagit,

— Mais maintenant, c’est bon, j’en prends mon parti, enfin, j’essaie.

Françoise lui donna une bise sur la joue et lui dit,

— Tu m’épateras toujours, Val, c’est chouette que tu arrives à penser comme cela, tu vas pouvoir construire ta vie de famille autrement maintenant.

Valentine ricana, Françoise lui demanda pourquoi, elle lui répondit,

— Oui, mais bon, je ne suis pas encore prête à aller en vacances avec eux non plus hein !

— Euh… Non, moi non plus !

Les amies éclatèrent de rire.

Sébastien rejoignit Valentine, tout guilleret,

— Salut ma chérie, ça va ici ? Je crois que ce ne sera plus très long ; encore un convoi comme celui-ci et tout sera déménagé. On a une voiture de plus grâce à ton père, ça aide !

— Ah oui ? Déjà ?

— Oui, prochaine étape, on mange les sandwiches !

— T’es vraiment un estomac sur pattes ! Tu viens de t’enfiler trois pains au chocolat !

Il éclata de rire puis la prit dans ses bras, lui embrassa le front et lui demanda,

— Et toi, ça va avec ta mère, c’est gérable ?

Elle l’enlaça aussi et lui répondit,

— Oui, je gère, pas de souci. Et qui plus est, je lui ai expliqué pour l’avance, elle va envoyer mon père vers toi pour finaliser la chose, ne sois donc pas surpris s’il t’en parle entre deux caisses à caser dans l’une des voitures.

Sébastien caressa les cheveux de Valentine et lui dit,

— J’imagine que cela s’est bien passé alors, tu n’es ni énervée ni anxieuse.

— De fait Seb, je m’améliore…

— Je vois, je vois…

Il la serra dans ses bras et lui dit, après lui avoir déposé quelques baisers dans le cou,

— Je t’adore ma chérie, tu verras, les choses finiront par s’arranger avec tes parents.

Valentine ferma les yeux et se reposa sur l’épaule de son époux jusqu’au moment où ce dernier fut rappelé à l’ordre par ses amis et son beau-frère ; ils devaient repartir pour terminer le déménagement.

Le reste de la journée se déroula comme prévu, le déménagement fut rapide et tous les amis qui avaient prêté mains fortes purent rentrer chez eux avant le début de la soirée, après avoir pris le temps de monter quelques meubles pour les situations les plus urgentes, comme les lits ou le coin à langer pour les enfants.

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