Découverte et craintes

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Alors que Valentine expliquait à Françoise les dernières surprises qu’ils avaient eu lors des visites de potentielles maisons, elle remarqua que cette dernière semblait un peu ailleurs. Elle l’interpella,

— Dis… Fran, t’es où là ?

— Hein ?

Françoise fit attention à son amie puis son regard se perdit à nouveau. Valentine l’interrogea, inquiète.

— Mais qu’est-ce que tu as, Fran ?

— Val…

Elle soupira en regardant le plafond du salon de thé où elles dégustaient un morceau de tarte, puis lâcha,

— J’ai peur, Val… Peur d’être enceinte à nouveau.

Voyant son air perdu, Valentine tenta,

— Euh … Quoi ? Vous envisager d’en faire un autre, c’est ça ? Mais ça te fait peur au vu ce que tu as vécu. Je comprends, Fran.

Elle prit la main de son amie dans la sienne puis lui demanda,

— Tu vois encore le thérapeute ?

Françoise souffla et dit sur un ton relativement bas,

— Oui je le vois encore, ça me fait du bien, mais ce n’est pas un projet Val… C’est un fait.

— Oh… Euh… Qu’est-ce que tu veux dire, Fran ?

— Je suis enceinte, Val.

Valentine resta sans voix, effectivement, elle voyait défiler dans sa tête les risques potentiels d’une nouvelle grossesse après l’hémorragie que son amie avait subie huit mois plus tôt ; son utérus serait-il prêt pour cette nouvelle grossesse, Françoise était-elle prête pour cette nouvelle grossesse… Et son frère, était-il prêt, lui aussi ? Elle se souvenait bien de la culpabilité qu’il avait ressenti à la naissance de Nathan. Elle finit par demander à son amie,

— Tu n’avais pas de contraception après l’accouchement ? Et Greg, il sait ?

Françoise haussa les épaules et tenta de lui expliquer,

— Non, je ne pensais pas avoir besoin de me protéger vu tout ce que nous avons dû faire pour les deux premières tentatives, je pensais vraiment n’avoir aucun risque de tomber enceinte par la voie « classique ». Quant à ton frère, il sent quelque chose, il sent que je suis tracassée par quelque chose, mais je n’ai pas l’impression qu’il a fait le lien ; il ne suit plus aussi intensément le rythme de mes menstruations, contrairement à la période où nous avons conçu Nathan.

Un sourire se déposa sur le visage de Françoise. Elle reprit la parole, un rien plus enjouée, et déclara,

— Je pense que nous l’avons conçu dans la villa.

Un peu perdue face aux certitudes de son amie, elle tenta,

— Mais, Fran, tu dis que tu es enceinte… Tu as fait des tests ?

Françoise confirma,

— Oui, ce matin, j’ai utilisé le test de grossesse que j’avais acheté la veille à la pharmacie et il est positif. Au boulot, j’ai pris rendez-vous chez le gynéco, je le vois dans deux jours, c’est rapide, mais vu mon cas, il voulait me voir assez vite pour évaluer la situation.

Soucieuse, Valentine s’enquit,

— Il pense qu’il y a des risques ?

— Non, il est confiant, je le suis aussi.

Après un silence qui lui permit de digérer l’annonce, Valentine compta sur ses doigts et reprit,

— Si vous l’avez conçu dans la villa, tu dois en être à huit semaines, un truc comme ça, non ?

— Oui, un truc comme ça, mais je veux être sûre, pour ne pas revivre la même chose qu’avec la première grossesse.

— Oui, je comprends, mais, et Greg, tu comptes le lui dire quand ?

Françoise eut un petit rire nerveux et lui dit,

— J’ai laissé le résultat du test, nettoyé hein ! Dans un emballage, sur la table de la cuisine, avec un petit mot lui indiquant qu’il devait m’attendre pour l’ouvrir.

— Ah… Oui, il va être secoué je crois.

— Je crois aussi Val, j’ai un peu peur tu sais, il était tellement mal après l’hémorragie, il se sentait « coupable » de m’avoir fait un enfant.

Elle soupira puis dit à son amie,

— Je suis sûre que, si ce n’est pas une fausse alerte et que la grossesse est viable… Je suis vraiment sûre que tout se passera bien ; tu sais, j’en avais déjà parlé avec mon gynéco, au vu de ce qui s’est passé, si je suis effectivement bien enceinte, je serai d’autant plus suivie.

— Oh, Fran, je suis à la fois heureuse et anxieuse tu sais… On a tous eu peur à la naissance de Nathan.

Rien que d’y penser, Valentine sentit des larmes monter dans ses yeux. D’un ton moqueur, Françoise lui dit,

— Hé ! Ne commence pas à pleurer, soutiens-moi plutôt… Je vais te laisser pour retrouver Grégory et lui annoncer l’affaire !

— Ok, je te transmets plein d’énergie positive !

Elles s’embrassèrent puis Françoise lui indiqua,

— Dis, au fait, il y a d’autres maisons qui viennent d’être mises en vente à l’étude notariale, je vais m’arranger pour que vous soyez dans les premiers à visiter, il y a des endroits qui ont l’air sympa.

Elles se quittèrent et repartirent chacune de leur côté. Françoise lui promit de lui envoyer un message sur son téléphone pour savoir ce qu’il en serait, de l’annonce à son frère et du rendez-vous chez le gynécologue. Valentine fut d’accord pour ne rien dire à personne avant le feu vert de son amie.

Françoise arriva un peu guillerette à son domicile, le fait d’avoir pu parler de son secret à sa meilleure amie la mit en confiance. Elle ouvrit la porte et fila directement vers la cuisine. Elle vit que Grégory y était présent, Nathan dans les bras, enfin, debout sur les jambes de son père ; à huit mois, il tentait de se tenir debout, son père rigolait de ses essais.

Grégory vit sa femme et dit à son fils,

— Regarde, ta maman est arrivée, on va découvrir ce que cache son petit colis.

— Oui, tu vas pouvoir le découvrir, tu me passes Nathan ?

— Tiens, mais il a envie de bouger !

De fait, il ne voulut pas des bras de sa mère et préféra être par terre. Françoise se décida à le placer dans le parc pour qu’il puisse bouger à sa guise, dans un endroit sécurisé. Elle s’en retourna alors auprès de son époux.

— Alors, dis-moi, qu’y a-t-il donc dans ce paquet, Fran ?

Après avoir pris une grande respiration, elle lui dit,

— Je t’invite à l’ouvrir pour savoir, Greg.

Il la regarda en plissant les yeux, tout en secouant le paquet. Il déposa ce dernier sur la table, sans l’ouvrir et dit à Françoise, en s’installant devant elle et en lui prenant les mains.

— J’ai une hypothèse Fran… Tu veux la connaître ?

Un peu interdite, elle lui dit,

— Oui, dis-moi.

Il prit une grande respiration puis lui dit,

— Je pense qu’il y a une possibilité que tu sois enceinte… Est-ce que je me trompe ?

Bouche bée, Françoise finit par lui demander,

— Mais… Comment as-tu su ?

— Je commence à te connaitre, ma poulette, ça fait un mois que tu es un peu comme lors de la première grossesse. Et puis, j’ai fait un peu de calcul mental aussi, tu n’as plus eu tes règles depuis les vacances si mes calculs sont bons.

— Ah…

Elle ne sut que dire… Il restait attentif à elle, jusqu’à repérer ses règles et ses changements d’humeur. Elle fondit en larmes. Un peu paniqué, Grégory réagit de façon anxieuse en lui demandant,

— Hé, Fran, qu’est-ce qu’il y a ? Ce n’est pas ça ? Excuse-moi… Je t’ai blessée ? Dis-moi Fran.

Entre deux sanglots, elle parvint à lui dire,

— Non, tu as raison, c’est bien ça…

Elle ouvrit la boîte en reniflant et lui tendit le test. Il s’inquiéta,

— Mais tu pleures… Tu n’en veux pas, c’est ça ? C’est trop risqué pour ta santé ? Fran, voyons ça ensemble, on fera ce qu’il faut pour que tu sois bien, toi, mon amour, d’abord et avant tout.

Françoise fit « non » de la tête et lui avoua, en s’essuyant les yeux,

— Non, je le veux Greg, mais toi ? Est-ce que tu le veux aussi ?

Il avala sa salive et lui dit, le plus posément possible malgré son cœur qui battait à grande vitesse dans sa cage thoracique,

— Je le veux aussi Fran, mais je ne peux pas te cacher que j’ai peur pour la suite… Que ce soit par rapport à notre première expérience ou par rapport aux suites de la naissance de Nathan.

— Je comprends Greg, mais je serai suivie, j’ai rendez-vous dans deux jours pour voir si tout va bien, nous en saurons bientôt un peu plus.

Il ferma les yeux et se mordit la lèvre inférieure tout en mimant un « non » de la tête.

— Deux jours, je suis désolé Fran, je travaille ce jour-là, c’est à quelle heure ?

— À 9h30, tu es au travail, je le sais bien… Greg, ne te tracasse pas, ne te mets pas en défaut côté boulot, si je suis à huit semaines, on ne verra pas grand-chose, de toute façon. Si cette grossesse est viable, je préfère que tu sois présent pour l’échographie des douze semaines, mon cœur.

Il croisa le regard de sa femme et lui dit,

— Viens dans mes bras, ma chère et tendre épouse…

Elle s’assit sur ses genoux et se lova contre lui. Il l’enlaça et lui dit dans un soupir,

— J’espère que les nouvelles seront bonnes… Et que tout se passera bien. Je t’aime ma poulette.

— Moi aussi mon petit coq en pâte…

Il tenta de mimer un coq, elle gloussa de rire et le couple fut alors pris d’un fou rire qui permit de lever un peu le stress de cette annonce qui, au fond, leur faisait peur à tous les deux.

***

Deux jours plus tard, Valentine reçut un message de Françoise. Elle sauta sur son téléphone et lut,

C’est bien ça, je suis à huit semaines, pour le moment, tout va bien. Il est implanté bas dans mon utérus, mais c’est mieux, parce qu’il n’est pas sur l’une des cicatrices qu’a pu laisser l’intervention après la naissance de Nathan

Valentine sourit, puis reçu un second message,

Et, oui, tu peux le dire à Sébastien, Greg est d’accord, mais à personne d’autre, on attend les douze semaines.

Le sourire de Valentine s’agrandit. Elle allait pouvoir partager le secret.

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