Les craintes sont toujours là.

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Décidément, Françoise n’avait vraiment pas de chance pour ses grossesses ; sa seconde grossesse se déroula parfaitement bien jusqu’au début du sixième mois où elle eut des saignements après une relation sexuelle. Le gynécologue se montra inquiet et investigua pour trouver d’où pouvait provenir le problème.

Le médecin lui avait exprimé ses craintes d’un placenta accreta, un placenta qui s’implante trop profondément dans la paroi de l’utérus… Si fort qu’il risque de ne pas se détacher après la naissance du bébé et d’entraîner une nouvelle hémorragie. C’était un risque avec les cicatrices laissées par ce qu’ils avaient dû pratiquer pour garder son utérus fonctionnel.

Il dit au couple, durant l’auscultation,

— En fait, ce n’est pas un accreta

Françoise souffla,

— Ouf, c’est déjà ça docteur, moins de risques d’hémorragie.

Grégory s’enquit,

— Mais c’est quoi alors, docteur ? Pourquoi est-ce que Françoise a saigné ?

Après avoir froncé les sourcils, le médecin répondit, soucieux,

— En fait, il s’agit actuellement d’un placenta prævia marginal et un début d’ouverture du col. C’est ça qui entraîne les saignements.

Devant les mines interrogatives du couple, il expliqua,

— En fait, normalement, le placenta s'implante dans la partie supérieure de l'utérus. Dans votre cas, le placenta s'est implanté dans la partie inférieure de l'utérus, nous l’avions déjà repéré assez tôt, souvenez-vous, mais là je constate qu’il est très, trop, proche du col.

Françoise acquiesça, le médecin poursuivit,

— Placé comme il est, il pourrait bloquer en partie le col de l'utérus. Enfin, si le col n’est que partiellement bloqué, il est possible que l’utérus, en grossissant durant le dernier trimestre de grossesse, repousse le bord du placenta loin du col, ce qui permettrait un l’accouchement par voie basse.

Le médecin se tut, Grégory lui demanda, un peu anxieux.

— Et si le placenta n’est pas repoussé, que va-t-il arriver ?

— Dans ce cas-là, une césarienne est recommandée.

Le couple respira, Grégory prit la main de sa femme et dit,

— Je pense que, si c’est nécessaire, nous préférons ça au risque d’hémorragie, docteur.

Françoise hocha positivement la tête et serra la main de son époux.

Le médecin reprit,

— Cependant, pour éviter les saignements, vu où le placenta se trouve actuellement, il faudra que Françoise reste alitée pour le reste de la grossesse ; cela évitera les contractions qui ne feraient que stimuler les saignements.

Françoise devint livide, Grégory ouvrit la bouche pour parler, mais aucun son ne sortit. Il serra la main de Françoise, le médecin poursuivit en leur expliquant,

— Si le placenta saigne ou se décolle, cela met en péril l’alimentation du fœtus et donc il y a un risque de carence pour lui… Et, je suis désolé, mais il faudra aussi arrêter les relations sexuelles avec pénétration, ainsi que tout ce qui pourrait faire bouger le col ou entraîner des contractions, même minimes, comme les orgasmes.

Timidement, Françoise demanda,

— Jusqu’à la fin de la grossesse ?

— Oui… Il faut éviter tout saignement ; sinon, c’est l’enfant qui en pâtit ; vous n’êtes qu’à 24 semaines.

Il fit une pause puis reprit,

— Voyons déjà ce mois-ci ; d’ici quatre semaines, nous évaluerons comment le placenta remonte en fonction de l’utérus qui va encore grandir ; s’il remonte bien, tout reviendra dans l’ordre, s’il se maintient là où il est, cela sera probablement jusqu’au bout. Mais dès à présent, je vous demande d’arrêter le travail et de rester couchée chez vous, j’espère que cela aidera à faire remonter le bout de placenta qui est actuellement mal logé.

Le couple sortit du cabinet de consultation un peu hébété… Les questions fusèrent dans leurs têtes ;

Françoise n’avait pas prévu d’arrêter de travailler si tôt et puis rester couchée, cela lui sembla tellement strict, elle n’allait plus avoir de vie sociale, elle allait s’ennuyer…

Dès leur retour chez eux, Françoise prit contact avec son travail, elle s’inquiéta de la perte de salaire qui leur pendait au nez avec ce certificat médical qui la clouait dans son lit. Elle se montra totalement déconfite et eut du mal à envisager les prochaines quatre semaines.

Alors qu’ils élaborèrent plusieurs calculs pour savoir comment ils allaient faire pour s’en sortir avec deux salaires rabotés - Grégory ne travaillait toujours qu’à temps partiel - et avec bientôt deux enfants à charge, ils furent, tous les deux, quelque peu dépités.

Au bout d’un moment, Grégory, couché à côté d’elle, lui caressa la main en lui disant,

— On y arrivera Fran, je suis sûr qu’on y arrivera…

Elle prit sa main dans la sienne et lui dit, en soupirant,

— Et en plus, on ne peut même plus se faire plaisir… Enfin, moi, je ne peux plus avoir de plaisir.

Il s’approcha d’elle et la prit dans ses bras puis lui glissa au creux de l’oreille,

— Pas d’orgasme, mais du plaisir quand même Fran, je pourrais te caresser, te masser, t’embrasser… Plein de choses de ce type-là.

Elle sourit, mais soupira en posant sa tête contre son torse,

— Oui, c’est vrai…

Il l’enlaça en lui caressant le dos, ils restèrent un long moment à se réassurer face à la tournure qu’allait prendre leur vie pour les prochaines semaines.

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