Introduction

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Je suis terrorisé par la violence.

Quand une araignée m'effrayait: ma mère me disait: "Elle a plus peur de toi que tu n’as peur d’elle. Et puis, il suffit de l’écrabouiller. Regarde: hop! Un coup de savate et c’est réglé!"

C’est une leçon de vie importante: la réaction reptilienne devant l'inquiétude est l’agression, la destruction de la menace sans chercher à la comprendre.

Mais il y a un malaise: si cette créature me craint plus que moi, la seule chose qui l’empêche de m’écraser avec sa grosse patte velue, c’est sa faiblesse. La loi du plus fort donc...

Depuis, j’ai toujours aussi peur des araignées...

Plus tard, je me suis renseigné sur elles, j’ai appris que la plupart ne mordaient jamais les humains même lorsqu’elles étaient acculées. Que peu avaient la capacité de perforer la peau. Qu’elles étaient utiles pour nous débarrasser des insectes nuisibles. Elles veillent sur nous dans l’ombre, et nous les tuons injustement. Combien de bienfaiteurs de l'humanité ont été assassinés, car ils étaient incompris et donc effrayants ?

Maintenant, lorsque l’une d’entre elles galope chez moi, je prends mon courage d'une main et un bocal dans l'autre, je l'attrape et la libère à l'extérieur. La solution non violente nécessite de se mettre en danger et de maitriser sa peur. Chose qui est impossible puisque la phobie est irrationnelle et incontrôlable par nature. Il est donc héroïque d’être pacifiste devant la terreur.

La violence est dans toutes les discussions désagréables: elle mutile mes proches et tue mes compatriotes. Je la vois à la télévision, je l’écoute à la radio, parfois je l’entends par les fenêtres. Certains en font leur métier, d'autres leur passe-temps. Elle faisait le tour du collège sous la forme de vidéos dégueulasses sur nos téléphones portables. Quand je l’ai aperçue, je n’ai pu détourner les yeux alors qu’ils auraient dus.

Les traumatismes physiques se voient, se plaignent et se soignent. Mais quand la violence vous perfore le cerveau et s’insinue en vous, vous devenez un cas désespéré: un blessé psychologique. Oui, nous parlons bien là du Syndrome post-traumatique: le PTSD.

Nous qui sommes des animaux doués pour la destruction, et ce, de façon innée. Comment se fait-il qu’une rencontre en tête à tête avec elle nous ruine au point de ne plus pouvoir sortir dans la rue sans pleurer ? De ne plus pouvoir entendre des pétards éclater sans crier ? Sommes-nous des êtres terriblement forts pour être en mesure d'annihiler l’autre ? Ou horriblement faibles pour ne pas pouvoir supporter ce que l’on est capable d’infliger ?

Lors de mes années de boxe, j’ai cru pouvoir mieux comprendre la violence en la pratiquant. Mais ce n’est pas un sport d’agression, mais un art de mouvement des corps entre deux adversaires respectables. Les coups d'un compétiteur amical de cent kilos font moins mal que les insultes et les menaces d'un vieillard en colère parce qu'elles ne sont pas infligées avec la même intention.

Ce ne sont pas seulement les gestes qui caractérisent ce fléau, mais la volonté de contraindre et de détruire l'autre en abusant de la force. Je n’ai jamais eu cette intention, et elle ne m'a jamais été enseignée en entrainement, bien au contraire.

Nous apprenons tant de choses à l’école, on nous montre les guerres et les génocides, mais on ne nous aide pas à comprendre et gérer la violence dans nos vies, quelle erreur.

Moi qui pensais tout savoir. Moi qui possède un doctorat. Moi qui ai étudié la chimie, la pharmacologie, le corps humain, la psychologie. Moi qui ai exercé en tant qu’externe dans un hôpital psychiatrique comprenant les pires unités pour malades difficiles. Moi qui travaille non loin d'une cité sensible, je ne sais vraiment rien.

Dans ce cas, il ne me reste plus qu’à faire comme pour l’araignée qui me terrorisait petit: lire, analyser, réfléchir.

Voici donc ce que j’ai appris...

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