Avez-vous déjà compté le nombre de ponts qu'il existe dans une ville ?

Fanny l'avait fait.

Il y avait les ponts au-dessus de la rivière : trois.

Il y avait les ponts au-dessus de l'autoroute : cinq.

Il y avait les ponts au-dessus de la voie ferrée : quatre.

Il y avait les ponts pour le passage du métro...il y avait les ponts pour les piétons passant au-dessus des quartiers résidentiels...

Des ponts, des ponts, des ponts...

Il vint le temps où Fanny s'arrêta de marcher et s'accouda au parapet des ponts.

A regarder la vie qui continuait.

La rivière, les voitures, les trains, les métros, les piétons...

A se dire que la sienne était figée.

Tout le monde avançait sauf elle-même.

Fanny Guidez, éternellement figée dans le temps.

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Les jours passaient.

Enfin, il semblait.

Fanny regardait la vie et n'y trouvait plus d'intérêt.

Il y avait longtemps qu'elle en était en-dehors.

Il vint le temps où Fanny se demanda honnêtement combien de temps cela mettait.

Mourir.

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Les jours passaient, ou les heures.

De toute façon, pour Fanny, c'était la même chose.

Un jour, une heure.

Il vint le temps où Fanny fit un choix.

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Et ce jour-là, Lucie apparut comme par magie au bout de ce putain de pont.

" Tiens ? Fanny ? Qu'est-ce que tu fais ?"

Fanny eut le bon goût de s'étonner.

" Je me promène. Et toi ?"

Lucie sourit et lança en regardant autour d'elle, la nuit et le silence.

" Je me promène. Tu viens avec moi ? J'allais rentrer me faire un thé."

Un instant d'hésitation.

Et Fanny abandonna son pont et ses idées.

Pour ce soir.

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" Comment as-tu su pour le pont ?, souffla Fanny, dans l'obscurité.

- On m'a téléphoné.

- Qui ?

- Aucune idée."